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(28/03/2011 17:03:23)
Faux certificats SSL : de la cyber attaque interne au hacker iranien solitaire
Le groupe Comodo, qui vend des certificats numériques et des solutions sécurisés pour Internet, a fait savoir qu'un de ses partenaires - celui-ci a souhaité rester anonyme - avait subi une attaque informatique le 15 mars dernier dans la soirée. L'attaque était préoccupante parce que les certificats Digital Secure Sockets Layer (SSL) vendus par Comodo sont un composant important de l'infrastructure utilisée par l'entreprise pour sécuriser l'Internet. En effets, les certificats, des fichiers cryptés, servent à sécuriser le navigateur et lui permettent de savoir s'il est bien connecté à un vrai site Gmail.com, par exemple, et non pas à un site imposteur. Les SSL aident aussi à prévenir les attaques par phishing et dans un pays comme l'Iran, ils peuvent être d'une importance capitale pour les dissidents, puisqu'ils contribuent à préserver les communications privées et à les tenir à l'abri des regards indiscrets.
L'attaque en question a été bien planifiée et exécutée avec soin, mais selon Comodo, cela n'a pas empêché de la détecter rapidement. Ainsi, Massimo Penco, vice-président de Comodo Italie, dit avoir reçu une alerte l'informant d'un évènement inhabituel le 15 mars vers 19 heures. « Quelqu'un a émis un certificat pour Google, mais nous n'avions reçu aucune requête de ce genre de la part de l'entreprise californienne, » raconte-t-il. « Dans les 15 minutes qui ont suivi, j'appelai mes collègues du New Jersey pour leur demander de verrouiller le système, » a t-il ajouté. Le certificat de Google a été révoqué en une ou deux heures, ainsi que 8 autres certificats, qui avaient été émis dans l'intervalle. Comodo ne savait pas qui était à l'origine de l'attaque. Dans le monde de piratage, passer d'un ordinateur à un autre pour brouiller les pistes est une pratique courante. Quant à obtenir des informations d'un pays qui pratique le secret, comme l'Iran, les probabilités sont minces...
Or l'Iran a tout à fait les moyens, les motifs et la possibilité de mener une attaque de ce type pour espionner des communications sensées être sécurisés entre les Iraniens et les serveurs utilisés par des sociétés comme Google, Skype et Microsoft, celles-là même dont les certificats ont été usurpés, » a déclaré Melih Abdulhayoglu, fondateur et PDG de Comodo. « Un certain nombre de faits désignent le gouvernement iranien et son nouveau ministère chargé de la guerre informatique, » a t-il ajouté. Interrogés à ce sujet, les représentants de la Mission permanente de l'Iran auprès de l'Organisation des Nations Unies n'ont pas fait de commentaire.
La piste de l'Etat Iranien privilégiée
« Cela fait bien une dizaine d'années que le gouvernement iranien s'emploie à espionner et à contrôler l'utilisation de l'Internet par ses citoyens, » a déclaré Mehdi Yahyanejad, fondateur du forum iranien de discussion Balatarin, qui a un succès certain auprès de la population. Mais après la création d'une cyber police fin 2008, l'Iran a commencé à mener quelques actions plus musclées. Ainsi, le fondateur de Balatarin pense que le gouvernement de son pays était à l'origine d'une attaque complexe qui, en février 2009, a vidé son site et l'a maintenu hors ligne pendant trois semaines. Il soupçonne l'État d'avoir été complice de cette attaque : la nouvelle avait été publiée sur le site de l'agence de presse gouvernementale Fars News Agency quelques heures après - avant même qu'il ait le temps de comprendre ce qui s'était passé. Les pirates avaient utilisé des techniques d'ingénierie sociale pour tromper le fournisseur de services Internet utilisé par Balatarin et avoir accès à son compte. Comme dans le cas de Comodo, l'offensive avait été planifiée et exécutée de manière très précise. Depuis 2009, Balatarin a subi de nombreuses attaques par déni de service (DDoS). Et la plus récente, menée en janvier de cette année, avait atteint un degré sans précédent.
Autant dire que les dissidents iraniens ont du souci à se faire aujourd'hui en matière d'usage de l'Internet. « Les emails et les logiciels malveillants, les attaques DDoS, sont devenues monnaie courante en Iran, » a déclaré Mehdi Yahyanejad. Les attaques par déni de service inondent les sites de requêtes inutiles, jusqu'à les mettre hors ligne. Elles sont déclenchées quand il y a des manifestations ou pendant des périodes de troubles, et servent souvent à étouffer la protestation sur Internet. « Pendant les manifestations, le gouvernement veut éviter la circulation rapide des vidéos, afin de réduire leur impact médiatique, » a t-il expliqué. Ces dernières années, un groupe se faisant appeler Armée Cyber iranienne a fait surface. Il s'en est pris à des sites appartenant à Twitter, au moteur de recherche chinois Baidu, et à la Voix de l'Amérique. Personne ne sait vraiment qui fait partie de cette « armée », mais selon Mehdi Yahyanejad, il y a de fortes chances pour que ses membres soient aussi soutenus par l'État.
Un hacker revendique l'attaque
Un début de réponse est intervenu ce week-end avec la revendication de ces attaques par un pirate répondant au nom de ComodoHacker. Celui-ci indique dans un couriel « je ne suis pas un groupe de hacker, mais un pirate avec l'expérience de 1000 hackers ». Il explique ensuite la méthode utilisée pour créer de faux certificats SSL. Il affirme avoir été en mesure de compromettre deux partenaires de Comodo, GlobalTrust.it et InstantSSL.it. A l'origine, ComodoHacker indique qu'il voulait casser un algorithme de la société de sécurité RSA avant de trouver des failles sur les deux sites mentionnés. Parmi ses motifs, le pirate de 21 ans, qui ne se revendique pas de l'Armée Cyber Iranienne, cite le vers Stuxnet créé par les Etats-Unis et Israël et des millions de dollars dépensés pour le mettre au point, affirme qu'un Internet sécurisé n'existe pas et qu'il recommencera, se pose en égal de la CIA et menace ceux qui s'immiscent dans les affaires de son pays et veulent faire du mal au peuple iranien.
Obama veut favoriser le cloud dans l'administration
Depuis décembre 2010, la General services administration (GSA, agence qui fournit les ministères en équipements en tout genre et les aide à réduire leurs dépenses) a passé sa messagerie sur Gmail. La GSA explique que ses serveurs ayant au moins six ans d'âge, il devenait difficile de les prolonger. Le passage au cloud devenait donc une solution appropriée. 17 000 comptes mails vont migrer. C'est un budget de 6,7 millions de dollars, attribué à Unisys, qui collaborera avec Google et Tempus.
Diminuer les dépenses et la consommation énergétique
Cette politique en faveur du cloud computing a été annoncée en septembre 2009, par le DSI fédéral Vivek Kundra. Elle a mis un an à commencer à entrer dans les faits. L'Administration Obama estime que le cloud computing permet de partager des infrastructures, des technologies (applications et services basés sur le web) et de diminuer les dépenses et la consommation énergétique.
Selon Vivek Kundra, le gouvernement fédéral a un budget informatique de 76 milliards de dollars (chiffre 2009), dont plus de 19 milliards consacrés aux seules infrastructures. Il construisait data center après datacenter (il en dénombre 2 100 !), mais veut réduire ces dépenses d'infrastructure. Il se donne dix ans pour cela. Vivek Kundra et ses équipes incitent également les ministères à passer au cloud, cette fois côté services au public
La Taxe « Telecom » recalée par la Commission européenne
Viviane Redding, à l'époque commissaire en chargé de la société de l'information et des médias, avait prévenu la France : l'instauration d'une taxe sur les opérateurs télécoms compensant l'arrêt progressif de la publicité sur les chaînes publiques lui apparaissait contraire au droit européen. Aujourd'hui, la Commission européenne confirme cette infraction et enclenche une procédure pour manquement. Pour l'exécutif bruxellois, les taxes imposées aux opérateurs de télécommunications ne peuvent couvrir que certains coûts administratifs et réglementaires (essentiellement liés aux régimes d'autorisation et aux travaux de réglementation) et doivent être objectives, transparentes et proportionnées.
Pour rappel, la Commission indique que cette taxe « se monte à 0,9 % des revenus totaux des opérateurs dont les encaissements sont supérieurs à 5 millions d'euros. Cette nouvelle taxe, devrait rapporter environ 400 millions d'euros par an. Les opérateurs assujettis à cette taxe la paient mensuellement depuis son introduction. » La balle est maintenant dans le camp de la juridiction européenne, qui peut in fine prononcer une amende si l'Etat Français est condamné et n'en tire pas les conséquences.
Le cloud générera 90 000 emplois dans le secteur public britannique
L'adoption de services cloud dans le secteur public devrait conduire à la création de 90 000 emplois au Royaume-Uni, selon les dernières statistiques publiées par le Centre for Economics and Business Research (CEBR).
Cela pourrait être une bonne nouvelle pour les employés de l'administration britannique. Ces derniers sont en effet sous la menace de suppressions de postes, en raison de la mise en application de la Comprehensive Spending Review, le plan de réévalution budgétaire présenté par le gouvernement. En outre, ils pourraient ne pas être réemployés par le secteur privé. Dans la seconde partie de son rapport, qui examine les avantages économiques du cloud computing pour les entreprises et l'économie européenne, le CEBR a révélé que le plus grand nombre de nouveaux emplois serait créé dans la fonction publique en raison du faible niveau des salaires moyens qui restent inférieurs à ceux des autres secteurs. Selon nos confrères d'IDG News Service, ce document aurait été commandé par le spécialiste des solutions de stockage EMC. Focalisé sur le Royaume-Uni, le rapport donne une vision du potentiel du cloud sur l'emploi public.
16,6 Md£ de contributions économiques
Le rapport fait suite à aux récentes prévisions du cabinet Ovum, qui indiquait que l'informatique gouvernementale serait plus ouverte aux technologies cloud et à l'externalisation en 2011, alors que les ministères cherchent à accroître leur efficacité
La première partie indique ainsi que 289 000 postes devraient être créés entre 2010 à 2015 au Royaume-Uni, ce qui signifie que les emplois du secteur public représenteront 31% du total des fonctions liées au cloud. Ces calculs tiennent compte des réductions de dépenses du gouvernement britannique. Cependant, malgré la création de cette forte proportion d'emplois, le gouvernement, et notamment les secteurs de l'éducation et de la santé, ne devraient en retirer qu'un avantage économique estimé à 16,6 Md£, ce qui les classe au troisième rang derrière la distribution, le commerce de détail et l'hôtellerie (soit 34,3 Md£ de contributions économiques), et également la finance et les services aux entreprises (25,8 Md£ d'avantages économiques). Les secteurs du retail et de la banque devraient quant à eux, autoriser la création de 39 000 à 55 000 métiers relatifs au cloud.
65 000 emplois créés dans l'agriculture, l'énergie et les transports
En attendant, le CEBR prévoit que l'adoption du cloud au Royaume-Uni conduira à créer 65 000 emplois (ce qui représente une contribution économique de14,3 Md£) dans d'autres secteurs, à savoir l'agriculture, l'énergie et les transports, et également 40 000 postes (soit 9,7 Md£ de contributions) dans l'industrie.
En dehors de l'Allemagne, où le secteur des services financiers est le plus important, les dernières tendances adoptées par le Royaume-Uni sont en ligne avec celles pratiquées dans l'ensemble de la zone EMEA (en France, en Italie et en Espagne), où l'on prévoit que les secteurs de la distribution, du retail et de l'hôtellerie tireront l'économie européenne, avec entre 233,4 à 196,8 Md£ générés d'ici à 2015.
La seconde partie du rapport sur les dividendes du cloud va plus loin que les conclusions du document initial, en indiquant que l'adoption du cloud pourrait apporter à l'Etat une part contributive de 100,7 Md£ entre 2010 et 2015 aux efforts de dépenses . Ceci inclut un cumul net total d'économies de 22,4 Md£ intégrant des réductions de coûts sur l IT et ses activités opérationnelles (travail, énergie et refroidissement). La part restante des contributions économiques étant réalisée par les possibilités de développement des entreprises (25,2 Md£), la création d'entreprises (17,1 Md£) et d'autres avantages indirects.
Illustration : L'University College de Londres. Crédit photo : D.R
(...)
L'Etat crée une DSI interministérielle
Le Journal Officiel du 22 février 2011 a publié un décret créant une direction interministérielle des systèmes d'information et de communication de l'Etat (DISIC). En tant qu'entité interministérielle, elle est rattachée au secrétariat général du gouvernement. Son objet est d'assurer la cohérence des travaux des différentes DSI des diverses administrations et établissements publics d'Etat ainsi que de mettre en oeuvre, le cas échéant, des mutualisations qui pourraient être ouvertes aux collectivités locales. La DISIC aura aussi un rôle de représentation de l'Etat dans les organisations internationales, notamment pour les travaux de normalisation. La création de réseaux ou de centres de calculs mutualisés (pour créer une « informatique en nuage » inter-administrative par exemple) relèvera de sa compétence. L'article 9 du décret créé un conseil des systèmes d'information et de communication où sont représentés les principaux ministères (dont le Budget et la Défense) ainsi que la DGME.
La DGME privée de son rôle informatique
La DGME avait été créée par fusion d'une série d'offices publics, notamment l'ADAE (Agence pour le Développement de l'Administration Electronique). Le décret créant la DISIC retire à la DGME toutes ses attributions informatiques. Mais la nouvelle DISIC aura un rôle bien plus important que l'ancienne ADAE puisqu'elle couvre l'ensemble des systèmes d'informations et pas seulement l'administration électronique. La DGME perd également son rôle d'appui à l'ANSSI (Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d'Information) en matière de certification des solutions de signature électronique.
On peut ainsi comparer le trio DGME-DISIC-ANSSI à ce qui serait, dans une entreprise, une direction de l'organisation et de la qualité, une direction des systèmes d'information et une direction de la sécurité, le tout au niveau « groupe ». Chaque administration et chaque collectivité restent malgré tout très autonomes.
Le portail unique des données publiques
La DISIC n'est cependant pas pour l'instant en charge de la création du portail unique interministériel des données publiques. Créée par un décret du même jour que celui instituant la DISIC, la mission Etalab en sera en charge. Elle est également rattachée au secrétaire général du Gouvernement. Le but de la mission Etalab est de faciliter la réutilisation la plus large possible des informations publiques des administrations et collectivités.
Notons cependant que l'indépendance de gestion des collectivités locales et territoriales est préservée par les décrets instituant aussi bien l'Etalab que la DISIC : leur participation à l'oeuvre commune se fait sur la base du volontariat.
Le pilotage du projet Chorus de nouveau épinglé par la Cour des Comptes
La Cour des Comptes vient de publier son rapport annuel 2011 qui se penche sur l'exercice comptable 2010 de l'Etat. Elle consacre un chapitre de trente pages au projet Chorus. Si son pilotage strictement informatique n'est pas évoqué par la Cour, celle-ci reproche à la maîtrise d'ouvrage -autrement dit au niveau des politiques et des directions des administrations- une grande légèreté dans leur gouvernance. La Cour relève les délais catastrophiques qui ont été imposés aux fournisseurs de l'Etat en 2010 à cause d'un démarrage de Chorus dans la douleur. L'objectif de payer le plus rapidement possible toutes les créances en retard a entraîné une multiplication des procédures d'exceptions, sources de difficultés pour établir une lisibilité et une transparence des comptes. Selon la Cour, les efforts consentis par les administrations ont été louables même si la pureté comptable en a été altérée. Une fois la phase de transition achevée, tout devrait rentrer dans l'ordre.
Si les modalités de la reprise des données issues des anciens applicatifs sont également critiquées, c'est, encore une fois, du point de vue de la sincérité des comptes. Les réalités juridiques ont en effet été tordues au passage pour accélérer les procédures, comme par exemple la transformation des réservations de crédits en engagements.
L'outil d'une refonte des procédures...
Basé sur le progiciel SAP, Chorus est amené à progressivement gérer la totalité de la gestion budgétaire et comptable de l'Etat. La dernière phase de déploiement est en cours pour un achèvement de la mise en place des nouveaux outils au 1er janvier 2012. La comptabilité de l'Etat sera donc entièrement réalisée sous Chorus à partir de l'exercice 2012. La LOLF (voir encadré) sera alors enfin appliquée en totalité, notamment du point de vue du contrôle et de la sincérité des comptes publics. La Cour intitule d'ailleurs un chapitre de son rapport « Les effets de la certification des comptes de l'Etat ». L'objectif de Chorus est donc d'une part de permettre une refonte des procédures métier mais aussi, ne l'oublions pas, de remplacer un très grand nombre d'applications comptables. Le coût du projet (de l'ordre du milliard d'euros en coût direct sur dix ans) est destiné à être amorti précisément par la disparition des multiples applications remplacées. Or la Cour relève de nombreux manquements dans la gouvernance du projet et qui mettent en péril le respect de ces objectifs. La Cour s'est déjà intéressée au projet Chorus dans le passé et le document de 2011 vient donc logiquement se placer dans la partie « Les suites données aux observations des juridictions financières ».
...qui ne sont en fait pas refondues [[page]]
L'intérêt majeur de Chorus reste qu'il est unifié pour l'ensemble des administrations d'Etat et doit donc d'une part s'articuler au mieux entre tous les outils (notamment la gestion fiscale Copernic et la gestion unifiée de la paye), d'autre part être plus simple et moins cher à entretenir et utiliser. Or la conservation des « particularités métiers » de chaque ministère a entraîné le maintien et la transformation de multiples outils locaux, en contradiction avec l'objectif initial d'unification. Pire, la saisie unique de chaque information comptable est aujourd'hui remise en cause, au moins dans un premier temps. L'économie attendue pourrait donc ne pas être au rendez-vous, ou du moins avoir été surévaluée. Surtout, la Cour fustige la très mauvaise organisation de la « chaîne de la dépense ». La distinction classique ordonnateur/comptable n'est pas remise en cause dans la LOLF mais la définition des rôles de chacun et les procédures métier auraient dû être remises à plat au travers d'une refonte du RGCP (règlement général sur la comptabilité publique). Cette refonte n'a pas eu lieu. En conséquence, les interventions des multiples acteurs sur la chaîne comptable ne sont pas optimisées.
Economies mal placées en licences
Le choix de SAP a entraîné des coûts de licence et de maintenance considérables. Pour les limiter, l'Etat a choisi de limiter l'usage de Chorus à 25 000 utilisateurs simultanés sans aucune étude préalable des besoins alors que 30 000 utilisateurs sont recensés et que leur nombre atteindra 50 000 à terme. Seul un utilisateur réel sur deux pourra donc se servir de l'outil à un instant. L'accès à Chorus au travers de formulaires simplifiés, en dehors du décompte des utilisateurs simultanés, fait l'objet d'une passe d'arme entre la Cour (très critique au nom de la qualité de l'information comptable) et le ministre des finances (qui les défend en les destinant à des utilisateurs non-comptables). La réorganisation des services, notamment avec la création des centres de services partagés inter-administrations, a pourtant multiplié les besoins en partages de l'information. Au final, l'outil qui est, sur le papier (dématérialisé), un formidable accélérateur de la qualité de gestion de l'Etat reste largement sous-utilisé selon le jugement de la Cour des Comptes. Assez ironiquement, la Cour a inséré un encadré « la théorie et la pratique dans Chorus » (page 273 du rapport complet) qui résume les différences entre le fonctionnement attendu par les auteurs de la LOLF et ce qui se constate de fait sur le terrain où les procédures d'exception s'ajoutent aux outils parasites d'une informatique grise qui aurait dû disparaître. Comme disait Albert Einstein : « la théorie et la pratique, en théorie c'est pareil, en pratique c'est différent ».
Un défaut de gouvernance et de stratégie politique
Les procédures d'une incroyable lourdeur pour passer outre les difficultés avaient été critiquées par la Cour dès 2006 qui y voyait une difficulté pour tracer les opérations et certifier les comptes. La Cour reproche surtout au niveau des décideurs politiques et des directeurs d'administration, pour résumer, d'avoir demandé à un outil informatique de faire leur travail, à savoir de définir les procédures métier et de trancher dans les choix stratégiques d'organisation. Aucun outil informatique ne l'a jamais fait, simplement parce que ce n'est pas son rôle. Il n'existe pas même un référentiel comptable unique, source de difficultés infinies dans la collaboration entre Chorus et les autres outils du SI de l'Etat, notamment Copernic et les outils métier. Le référentiel national du patrimoine immobilier n'est plus jugé comme fiable. Quant aux instances de gouvernance du projet, comme le Comité d'Orientation Stratégique, elles n'ont aucun pouvoir réel sur l'organisation et les procédures métier. Dans sa réponse, François Baroin, ministre des finances, admet certes les difficultés, invoquant une gestion du changement déficiente malgré les efforts, mais défend l'absence de gouvernance stratégique au nom de l'autorité de chaque administration et de la procédure d'arbitrage du Premier Ministre. Il annonce malgré tout la refonte du RGCP (règlement général sur la comptabilité publique) afin de -enfin- clarifier les rôles de chacun dans la chaîne de gestion de la dépense (alors que Chorus est déjà déployé). Il confirme également que le périmètre fonctionnel de Chorus va continuer de s'accroître pour atteindre -un jour- celui prévu en 2001 par les auteurs de la LOLF.
(...)
Les étudiants rendent l'e-administration plus attrayante
La DGME vient de livrer les résultats du challenge Administration 2020, son concours réservé aux étudiants des grandes écoles, d'universités et également d'établissements de la fonction publique. La 2ème édition de cette compétition a permis à 93 équipes de proposer une initiative portant sur la modernisation de l'État. A l'arrivée, six seulement ont été sélectionnées pour la finale qui a eu lieu la semaine dernière. Leurs projets ont été évalués par un jury placé sous le haut patronage de François Baroin, ministre du Budget, des Comptes publics, de la Fonction publique et de la Réforme de l'Etat et composé de François-Daniel Migeon, directeur général de la Modernisation de l'Etat, de Jean-François Verdier, directeur général de l'Administration et de la Fonction Publique, et de Nathalie Wright, directrice du secteur public de Microsoft France. Les projets ont été évalués par le jury en fonction de critères précis : leur pertinence, leur originalité, leur cohérence, leur viabilité et leur créativité. Après délibération, les lauréats ont été désignés. Le premier prix a été remporté par l'équipe « Double Je » des étudiants de l'Ecole nationale des finances publiques de Noisy-le-Grand (voir encadré) pour le développement d'un jeu vidéo destiné à former les agents au contact du public au référentiel Marianne d'amélioration de l'accueil de l'administration.
Vers une mise en oeuvre des projets primés
L'équipe « Social Media Gouvernance » des jeunes de l'Université Paris I Panthéon Sorbonne et Paris II Panthéon Assas occupe la seconde marche du podium. Leur projet porte sur la création et la formation des agents de la Fonction publique au community management (animateurs de réseaux sociaux) et vise à faciliter leur communication et mieux faire connaître les services et grands projets de l'administration. Le bronze revient aux élèves de l'ENS - Polytechnique qui ont défendu un concept de forum collaboratif permettant aux agents de l'Etat, quelle que soit leur administration d'origine, de travailler et de s'entraider en ligne. Enfin, le 4ème prix a été décerné aux jeunes d'ADEV (Faculté libre de médecine de Lille, ESCP-Europe) pour avoir créé un site Internet, avec application smartphone et widget, sur le dépistage et les campagnes de vaccination individuelles. L'équipe « Double Je », lauréate du concours, a notamment remporté un voyage d'étude à l'étranger pour approfondir son projet. La DGME a décidé de mettre à l'étude la mise en oeuvre des projets primés et d'inclure les gagnants au sein du club Ensemble-Simplifions, un site collaboratif qui regroupe les citoyens désireux de contribuer à rendre l' administration plus simple et plus efficace.
Illustration : les lauréats du challenge Administration 2020. Crédit photo : DGME
(...)
Objectif 2011 : 80% des démarches administratives sur Internet
L'Etat entend faciliter la vie des Français avec vingt mesures censées simplifier les démarches administratives, notamment en matière de notifications de reprise d'emploi ou de vente de véhicule. Des projets qui s'ajoutent à la possibilité récente d'alerter les différents services d'administration d'un changement d'adresse, par exemple, via le site Mon-service-public.com.
Une campagne de communication sera prochainement lancée autour du 3939, numéro permettant de joindre des conseillers en matière de démarches administratives. L'entrée de l'administration dans l'ère numérique passera aussi par une suppression de plusieurs centaines de sites afin de se concentrer sur environ 60 sites. Le référencement de ceux-ci sera aussi développé à l'aide de partenariats conclus avec Google et Microsoft. François Barouin a par ailleurs annoncé le passage de la barre de 10 millions de télé-déclarants concernant l'impôt sur le revenu.
Crédit photo : D.R.
Syntec Numérique se dote d'un lobbyiste en la personne de Damien Louvet
Fidèle à son programme, la nouvelle direction du Syntec Numérique renforce son approche des pouvoirs publics. Son Président et le conseil ont déjà sollicité ministres, parlementaires et responsables politiques. Avec des bonheurs divers. Le Syntec Numérique passe aujourd'hui à la vitesse supérieure en créant un poste de « délégué aux affaires publiques ». C'est Damien Louvet venu de Sage qui va développer cette fonction de « lobbying ». Le poste sera créé au 1er mars prochain. Damien Louvet était délégué général de l'Institut Sage depuis deux ans et demi, auparavant il avait passé le même temps, toujours chez Sage, comme responsable des relations institutionnelles.
L'Institut Sage, créé en septembre 2008 par Pascal Houillon (ancien PDG de Sage France promu patron de l'Amérique du nord au mois de décembre dernier), a pour mission de créer un réseau communautaire de chefs d'entreprises (PME , mid market) autour de thématiques qui leur sont propres (la succession des dirigeants par exemple) et à l'aide d'observatoires.
Concertation difficile sur les commandes publiques et les PME
La fronde initiée depuis un an par la FEB (Fédération de l'équipement du bureau et de la papeterie) contre la politique de massification des achats de l'État est loin de s'être calmée. Dans son combat qui vise à éviter que les PME soient évincées des marchés publics, le syndicat patronal a trouvé l'oreille attentive d'Yves Censi, député de l'Aveyron et spécialiste des questions économiques liées aux PME. Le 3 février, ce dernier présidait une rencontre parlementaire à l'Assemblée nationale sur le thème « les PME et la commande publique, bilan et perspectives ». Elle s'est achevée par un discours de Frédéric Lefebvre (voir la vidéo), le secrétaire d'État chargé des PME. Au-delà de son sujet, l'intérêt de cette réunion résidait également dans la participation à la même table ronde des différentes parties prenantes à la discorde : d'un côté, André Vidal et Silvano Trotta, les président de la FEB et de la FICOME (Fédération interprofessionnelle de la communication d'entreprise), de l'autre Jacques Barailler, le directeur du SAE (Service des Achats de l'État) et Gilles Denisty le directeur de l'UGAP (Union des Groupements d'Achat Publics). Sans compter la présence de Jean-Pierre Schosteck, député des Hauts-de-Seine et Président de l'Association des Maires de France qui sont, comme d'autres collectivités locales, à la fois soucieux de réaliser des économies sur leurs achats et de faire vivre les PME de leurs communes.
« Pour le grand public, la perception du gaspillage de l'État est intolérable. C'est pourquoi la fonction publique doit avoir un vrai rôle d'acheteur et non plus se cantonner à une gestion administrative des commandes de l'État, expliquait Jacques Barailler, le directeur du SAE. Mais nous souhaitons également faciliter l'accès des PME aux marchés publics en simplifiant les démarches » (Voir la vidéo). Sur le fond, c'est à peu près le même discours qu'a tenu Gilles Denisty, le DG Adjoint de l'UGAP : « On attend de l'UGAP une participation à l'efficacité économique des achats. Dans cette mission nous ne pratiquons pas le « hard selling » auprès des entités publiques. En outre, l'un de nos autres objectifs est également de favoriser l'accès des PME aux commandes publiques et l'emploi en région. »
« La FEB et la FICOME ne sont pas les seules menacées »
Silvano Trotta, le président de la FICOME n'a pas été convaincu par ces discours et s'en est pris directement à l'action de l'UGAP et du SAE. Selon lui, laisser faire ces deux structures revient à favoriser les gros fournisseurs au détriment des PME qui jouent leur survie. En outre indique-t-il, « il y a un problème de compétences dans les collectivités locales qui trouvent plus facile de se tourner vers l'UGAP pour éviter d'avoir à mettre en place des appels d'offres. D'autant que l'UGAP organise des réunions publiques où elle prend le soin d'expliquer l'intérêt de ses services ». Pour les deux dirigeants des syndicats des PME, le fait que l'UGAP démente faire du « hard selling » ne passe apparemment pas. « Les gens du SAE et de l'UGAP sont de bons communicants, a ironisé André Vidal. Mais ni l'un ni l'autre ne nous laisse réellement concourir. C'est pourquoi nous demandons aujourd'hui une concertation. Elle est d'autant plus importante que nous ne sommes pas les seuls PME à courir des risques. Dans la salle, il y a par exemple des représentants de la Fédération Nationale des Transports de Voyageurs » (voir la vidéo).
Avant l'arrivée de Frédéric Lefebvre dans la salle, Jean-Pierre Schosteck, le président des Maires de France, était le dernier à s'exprimer. Plus consensuel, ce dernier a estimé qu'il ne fallait pas opposer les deux systèmes. Selon lui, une centrale d'achats peut tout à fait rassembler les offres de petites PME. Et pour rendre moins compliquée la mise en place d'un appel d'offres, ce qui profite à l'UGAP, celui-ci précise que l'AMF a lancé un appel aux services de l'État pour que les procédures soient simplifiées.
Au final, on peut regretter que cette réunion parlementaire n'ait pas été l'occasion d'un vrai débat entre l'ensemble des acteurs. Ceux-ci se sont en effet cantonné à exposer leurs missions et points de vue sans véritables échanges. Elle a toutefois permis de mieux faire connaître la problématique de la massification des achats de l'état pour les PME auprès d'un large auditoire notamment composé de syndicats patronaux et de salariés (qui soutiennent le patronat dans ce cas précis), de parlementaires, de réseaux consulaires et de la presse.
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