En juin dernier, le Conseil constitutionnel semblait prendre la mesure de ces anomalies et encourageait les pouvoirs publics à faire en sorte que « ces défaillances, même minimes, ne contribuent pas à altérer la confiance des citoyens envers la sincérité du vote ». Une sortie inutile, selon Chantal Enguehard : « Pour que le Conseil constitutionnel intervienne réellement, il faudrait qu'il existe un risque de basculement de l'élection ». Or, si les erreurs surviennent plus souvent avec les machines à voter, leur nombre est heureusement insuffisant pour fausser totalement l'issue d'un scrutin. « Le problème du vote électronique, c'est qu'on demande aux gens d'avoir une confiance aveugle dans quelque chose qu'on ne peut contrôler. » Mais, sans aller jusqu'à proclamer un perdant vainqueur, les ordinateurs de vote et les erreurs qu'ils induisent contribuent à altérer la sincérité du scrutin. « Il faut que les citoyens aient confiance dans le système électoral, martèle la maître de conférence. La perte de confiance du peuple se règle dans rue, comme on le voit aujourd'hui à Oulan-Bator (les élections législatives contestées ont dégénéré en de violents affrontements). Le problème du vote électronique, c'est qu'on demande aux gens d'avoir une confiance aveugle dans quelque chose qu'on ne peut contrôler. » En effet, les ordinateurs de vote sont protégés par le secret industriel et ne sont donc pas susceptibles de faire l'objet de contrôles indépendants. De plus, il n'existe à l'heure actuelle aucun moyen de vérifier que le choix réalisé par un électeur dans l'isoloir est conforme au vote enregistré par la machine : la conjonction de l'anonymat et de la dématérialisation proscrit toute traçabilité des résultats et remet donc en question leur sincérité. Le vote électronique : un marché avant tout Pour autant, l'étude présentée cette semaine ne sous-entend nullement que des tentatives de fraudes aient été entreprises ni que certains chercheraient à profiter des incertitudes inhérentes au vote électronique. Sauf, évidemment, les fabricants des machines. « Le vote électronique est avant tout un marché dont les acteurs communiquent beaucoup et bien, constate Chantal Enguehard. Ils insistent sur le côté moderne, écolo, propice à la participation, de leur matériel. Et profitent de la naïveté de certaines municipalités, qui reprennent ces arguments à leur compte pour justifier leur décision de s'équiper en ordinateurs de vote. » Si l'on décrypte ces allégations, peu s'avèrent solides. Par exemple, le taux d'abstention ne faiblit pas avec l'apparition d'ordinateurs de vote. Pire, il aurait même tendance à augmenter, comme dans les cantons suisses utilisant le vote électronique.
Les machines à voter continuent de faire couac
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