Sabine Turkieltaub, directrice marketing printing and personal systems group de HP France tempère les diagnostics alarmistes. « Le PC reste malgré tout un pilier du marché, où l'on constate une faible décroissance. Je crois que tous les formats vont trouver leur place, on va aller vers du multi devices, mais le PC va rester le premier choix. Desktops et PC en général ne sont pas morts ».
Un sentiment voisin se retrouve chez Acer. Pour Michaël Azria, directeur de la division professionnelle : « J'attribue la baisse du marché en partie aux tablettes, mais beaucoup à la crise, c'est clair et net. Nos chiffres ne sont pas forcément ceux des grands cabinets d'études, ils montrent un marché plutôt flat. Un record dans la baisse a été atteint au premier trimestre 2013, il faut attendre un peu pour avoir les chiffres du deuxième trimestre et parler d'une éventuelle tendance alarmiste. Nous sommes plutôt des challengers chez Acer sur ce marché de l'entreprise, mais nous voyons beaucoup de projets de renouvellement de parcs et de nouveaux projets arriver. «
Pas d'alarmisme donc, mais plutôt des diagnostics de fond. C'est la ligne d'Alexis Oger, le directeur marketing de Dell : « Pour répondre à votre question, il faut regarder différents sujets, celui des usages et des nouvelles relations au travail, le cloud computing, la consumérisation qui entraînent de nouveaux enjeux. Je crois qu'il y a désormais deux catégories de personnes, celles qui consomment de l'information et celles qui la produisent, et les deux ont besoin d'un ou plusieurs terminaux. Donc, si on suit les chiffres, le PC décline, mais si on regarde les usages, la réponse est non. Fermement non. »
La tendance à l'hybride est forte
Constat unanime, les usages changent et les terminaux se multiplient : l'utilisateur en entreprise a son terminal PC, son terminal tablette, son terminal smartphone, appartenant ou pas à l'entreprise, pour des besoins pro et perso, avec de multiples variantes. La tendance à l'hybride est forte. Mais quel hybride ? Celui des usages où le collaborateur aura à la fois un PC de bureau et une tablette, celui du poste de travail où il est doté d'un notebook qui fait tablette ? « Le plus important, souligne Alexis Oger de Dell, c'est de s'adapter à l'évolution, l'informatique qui est en totale transformation, il faut comprendre et accompagner cette transformation. Nous sommes à un tournant en termes d'usages, il faut maintenant que les applications métier suivent ».
Chez Lenovo, Alain Raison Directeur exécutif des produits entreprise pour la zone EMEA se montre plus nuancé : « on ne remplacera pas un PC par une tablette, ce n'est pas pareil, ni la même puissance, ni les mêmes usages. Il est vrai qu'aujourd'hui, le marché est en baisse, mais deux éléments sont à prendre en compte : un aspect conjoncturel et un aspect de fond. »
Sur le premier point, simple et brutal, l'économie souffre, tous les budgets sont resserrés, l'informatique et les services sont facilement impactés. Il semble que l'Europe du Sud le soit plus fortement. Pour l'autre aspect, Alain Raison se montre très prudent : « est-ce que vraiment on assiste à une cannibalisation des PC par les tablettes ? Je pense qu'il faut regarder les évolutions du PC en général et vérifier de près quels sont les produits impactés : PC portables ou PC de bureau ? Le PC portable est touché, c'est une évidence. Mais on ne remplacera pas un PC de bureau par une tablette, il faut être très clair. Et on ne sait pas encore quelle "form factor" va émerger ».
La fin du support de Windows XP
Le PC n'est pas mort, c'est donc une évidence pour nos interlocuteurs. Même si les usages et surtout la crise bousculent les prévisions, ils restent convaincus de la pérennité du PC dans l'environnement pro. Et dans cet univers, un facteur leur semble porteur d'espoir : la fin du support de Windows XP.
Les constructeurs ne croient pas à la mort du PC
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Réactions
Trimestre après trimestre, les ventes de PC en entreprise semblent en forte baisse. Jusqu'où ira la chute ? Si Windows 8, ou l'invasion des nouveaux terminaux, ont fait figure de coupables, les constructeurs gardent leur sang-froid. Comme en témoignent les quatre que nous avons interrogés
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@Kilimandjaro : c'est un peu hors-sujet comme réponse...
Signaler un abusIl n'est pas question ici de la fin de Windows en dehors de la fin du support d'une des version qui commence à dater un peu. Là, il est question des types d'appareils utilisés. Windows est cité parce que c'est l'OS le plus utilisé, surtout en entreprise, mais même avec d'autres systèmes d'exploitation, la question du type d'appareil reste posée : PC ou tablette ?
La fin de windows n'est pas la fin du PC, bien au contraire.
Signaler un abusMais tant que la vente liée permettra de fausser la concurrence, on perdra beaucoup de temps et d'argent à s'en apercevoir.
Il est dommage que cette enquête n'ait pas été plus détaillée sur un aspect qui est quasiment absent de cet article : les catégories de postes concernés. En entreprise, il reste encore et il restera longtemps des gens qui ne pourront pas effectuer leur travail sur des tablettes.
Signaler un abusPar ailleurs, un autre aspect relevé par certains acteurs interrogés me semble plus important que ce qui transparait ici : l'aspect économique. Les entreprises n'ont pas forcément des budgets illimités. Remplacer du matériel coûte cher et ça ne s'inscrit pas toujours bien dans un budget serré en période de concurrence un peu rude. Même le fait que le support de Windows XP arrive à son terme n'empêchera pas bien des entreprises de continuer à l'utiliser longtemps. Quant à mettre à jour les systèmes d'exploitation, ça peut vouloir dire remplacer le matériel qui ne supporterait pas le nouvel OS, obligeant à attaquer des finances, ce qui ne sera pas toujours possible.
Enfin, dans la mesure où le matériel et les système existant en entreprise répondent correctement au besoin, on peut se demander quel serait l'intérêt réel de moderniser tout ça ? Quel gain significatif justifierait de remplacer du matériel qui est toujours fonctionnel ?
« Le mieux est l'ennemi du bien », mais il semble que bien des fabricants et d'autres éditeurs de logiciels s'échinent à nous faire admettre le contraire avec des arguments à mon sens fort discutables...