Et le développement et l'innovation impliquent d'imiter, de s'inspirer, de s'approprier l'existant. L'innovation est le plus souvent incrémentale. Elle peut être ascendante, c'est à dire se baser sur les retours terrains. La SNCF a mené ainsi un vaste programme d'innovation participative. Elle doit souvent être ouverte, c'est à dire incorporant des sources externes à l'organisation. Les utilisateurs peuvent aussi être créateurs d'innovation. C'est une pratique très fréquente et assumée culturellement en Chine.
S'approprier pour innover
L'écrivain et philosophe spécialiste de la Chine, Christine Cayol, est alors intervenue, justement, sur l'innovation vue dans la culture chinoise. « Ce n'est pas parce que la Chine accueille des McDonald's, que ces restaurants aient du succès, qu'elle est américanisée : les Chinois s'approprient et conservent leur identité » a-t-elle expliqué.
L'oeuvre majeure de l'art chinois de la calligraphie, la « Préface du Pavillon des Orchidées », n'existe plus en original. Il n'existe que des copies de copies de copies. Christine Cayol interroge : « imaginez ce qui se passerait si on disait qu'on avait perdu la Joconde mais qu'il existe de très bonnes copies. Et les propriétaires successifs d'une copie apposent leurs sceaux sur le parchemin. Un peu comme si François 1er et chaque conservateur du Louvre avaient signé La Joconde. En Chine, ce n'est pas un problème. » L'oeuvre n'est pas sacrée, la création ne l'est pas parce qu'il n'y a pas un Créateur.
L'essentiel, en Chine, est de s'approprier, de copier, de se couler dans l'inspiration de l'oeuvre. Le copieur co-participe à l'oeuvre. Et surtout cette appropriation suppose du temps, de la progressivité. L'innovateur chinois est également un pêcheur qui lance ses filets et attend l'opportunité d'attraper le poisson.
Saisir les opportunités plutôt que chercher la rupture
On est bien loin du droit d'un auteur qui s'érige en quelque sorte en successeur ou continuateur du Dieu Créateur. On est bien loin de la précipitation et des ruptures d'innovation. On est bien loin des programmes de recherche avec des comptes-rendus d'étapes d'avancement. Le terme même d'innovation est très récent en chinois : il s'agissait jadis plutôt de parler du changement ou de la permanence. En art, des motifs permanents peuvent ainsi être déclinés avec d'infinies variations tenant compte d'améliorations techniques.
En Chine, l'avenir se construit sur le passé. Il n'y a pas de révolution au sens occidental : Confucius annonce Mao Zédong qui reste d'actualité à l'heure du capitalisme triomphant. Tout est transformation progressive sans reniement, toute inspiration se bâtit sur l'inspiration antérieure des autres.
Convention USF 2013 : pleins feux sur l'innovation
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