Vous avez dit précédemment que l'ère de l'intelligence artificielle telle qu'on l'avait connu était arrivée à sa fin. Rick Rashid : En fait, on a par le passé beaucoup travaillé sur des systèmes à base de règles, qui était une approche très structurée. L'idée était qu'avec un jeu de règles suffisamment complet on pouvait obtenir de bons résultats. Aujourd'hui on utilise des approches beaucoup plus statistiques. Une des raisons pour lesquelles ces approches sont aujourd'hui possibles est liée à l'évolution exponentielle de la puissance des ordinateurs qui permet de traiter des jeux de données colossaux. De fameuses organisations de recherche, telles que le Parc de Xerox ou les Bell Labs, ont fait des découvertes qu'ils n'ont pas su exploiter, ou dont ils n'ont pas vu le potentiel, ratant parfois de vraies pépites d'or. Avez-vous des mécanismes en place pour ne pas rater une éventuelle pépite ? Rick Rashid : Nous avons un processus systématique d'analyse de nos recherches et un groupe de MS Research est spécifiquement chargé des transferts de technologies. L'objectif est d'identifier de façon systématique les technologies qui pourraient être utiles pour les groupes produits de Microsoft. Nous avons aussi des équipes au sein de Microsoft qui viennent régulièrement dans les laboratoires pour voir quelles recherches pourraient leur être utiles dans leurs développements. Certaines organisations de recherche comme les laboratoires d'IBM encouragent la mobilité régulière entre la recherche et les groupes produits et permettent à leurs chercheurs de bouger régulièrement entre recherche et développement. Avez-vous des règles similaires en place ? Andrew Herbert : Nous n'avons surtout pas de règle ! Et comme il n'y a pas de règle, c'est bien entendu possible. Par exemple, certains de nos chercheurs ont suivi leur idée dans le cadre d'un transfert de technologie afin de la transformer en produit. Dans le laboratoire de Cambridge nous avons des projets en cours qui peuvent permettre aux chercheurs concernés d'accompagner leur recherche lorsqu'elle s'incarnera en produit. Certains le font, d'autres préfèrent se consacrer uniquement à la recherche et c'est très bien ainsi.
Entretien : dix ans de recherche chez Microsoft
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