Dépenses € et émissions CO2eq, même combat !

Chaque € dépensé par une DSI correspond à quelques centaines de grammes d’émission CO2eq.

Maîtriser ses dépenses IT contribue ainsi mécaniquement à une limitation des émissions CO2eq. En revanche, au même titre qu’une connaissance des coûts IT par nature (personnel, prestations, logiciels, matériels, télécom, cloud, …) n’est pas suffisante pour les piloter et les maîtriser, un Bilan Carbone de la DSI ne donne pas non plus les outils suffisants pour agir sur les émissions CO2eq.

Le Bilan Carbone IT permet à la DSI d’identifier les ressources les plus émettrices et donc d’engager des actions visant à chercher des ressources équivalentes moins polluantes. Par exemple, suivant sa localisation géographique et le mix énergétique associé, l’empreinte CO2eq d’une VM en IaaS pourra varier fortement. Une DSI pourra ainsi intégrer ce critère dans le choix de ses fournisseurs Cloud.

Ce type d’actions s’inscrit dans une approche « achats » vertueuse qui vise à optimiser le sourcing IT à la fois en termes « économiques » et « écologiques ».

Les leviers d’optimisation accessibles via ces approches restent cependant insuffisants au regard des enjeux de réduction présentés en introduction. Pour aller plus loin, il ne suffit pas d’optimiser les coûts ou les émissions des ressources utilisées par l’IT, il faut se préoccuper du niveau de consommation des ressources IT par la DSI.

Piloter par l’usage pour une sobriété numérique efficace

Le principe de sobriété numérique, qui vise à réduire l'impact environnemental du numérique en limitant ses usages, est aujourd’hui admis comme une bonne pratique à appliquer par la plupart des entreprises.

L’application de ce principe se révèle cependant délicat dès lors qu’on dépasse les règles de « bon sens » (éteindre les écrans la nuit, …).

Il faut, en effet, être en mesure d’identifier les usages de services IT qui sont à l’origine des émissions CO2eq les plus importantes de façon à :

  • Réduire le niveau d’usage autant que possible
  • Réduire les émissions de ces services en analysant leur composition et en recherchant des alternatives plus sobres.

A nouveau, cette approche pour une « sobriété numérique efficace » reprend les principes du pilotage économique :

  • Identifier les services les plus coûteux
  • Rationaliser le niveau d’usage de ces services
  • Optimiser le coût unitaire de ces services en analysant leur structure et en recherchant des alternatives plus économiques

Il apparaît donc que la réduction de l’empreinte CO2eq de l’IT passe par une connaissance des émissions par services dont il s’agit d’optimiser l’usage.

Un modèle de pilotage commun aux plans « écologique » et « économique »

La mesure des émissions CO2eq déclinées en fonction des services rendus par une DSI suppose la mise en place d’un modèle analytique permettant d’allouer les émissions carbone des ressources IT en fonction de la consommation de ces dernières par les services.

Le parallèle établi entre pilotage des coûts et pilotage des émissions CO2eq se prolonge en termes de modèle d’allocation analytique : un modèle permettant de calculer les coûts complets des services d’une DSI permet, moyennant des ajustements à la marge, de calculer aussi les émissions CO2eq de ces services.

C’est précisément le rôle du « modèle de pilotage économique et écologique IT » du Cigref, publié le 26 octobre 2022 (https://www.cigref.fr/modele-de-pilotage-economique-et-ecologique-de-l-it-4eme-edition), qui permet à la fois de mesurer les coûts et les émissions CO2eq des activités et services d’une DSI.

Pour une valorisation des émissions CO2eq des services, il convient d’alimenter le modèle à partir des données du Bilan Carbone IT de l’entreprise et aussi des analyses cycle de vie (ACV) disponibles pour les différentes ressources IT utilisées. Ces ACV devront être retraitées pour en « étaler » la valeur sur la durée de vie réelle des ressources afin de fournir un niveau d’émissions annuel comme on « étale » la valeur € d’un investissement via le mécanisme d’amortissement.

Le déploiement opérationnel de ce modèle sur des DSI montre la pertinence de disposer d’une mesure des émissions CO2eq par services et par activités qui concourent à la mise à disposition de ces services. Les services qui sont à l’origine des émissions les plus importantes doivent faire l’objet d’une double action d’optimisation :

  • Rationalisation de l’usage : limiter / réduire l’usage de ces services dans une optique de sobriété numérique. Une telle action doit nécessairement impliquer les utilisateurs des services. La relation entre la DSI et les métiers joue alors un rôle clé dans l’activation de cette action.
  • Optimisation de la composition : identifier, via l’analyse des activités consommées par les services, les pistes d’amélioration permettant de réduire les émissions.

La performance économique et la performance écologique partagent les mêmes enjeux et les mêmes outils. Le pilotage de la performance économique doit être porté par une équipe combinant des profils finance / contrôle de gestion et opérationnels IT. De la même façon, le pilotage de la performance écologique doit combiner des profils RSE et opérationnels IT.

La constitution d’une équipe mixte RSE / Finance / Opérationnels IT permet un pilotage de la performance unifié traitant conjointement des aspects « écologique » et « économique » en s’appuyant sur un modèle commun.