Les premiers jours du SDDC

Pour Duncan Epping (@DuncanYB), technologue en chef, Stockage et Disponibilité chez VMware, de nombreuses entreprises vivent les tout débuts de leur transformation. « On peut dire à juste titre que seul un petit nombre d’entreprises ont achevé, ou sont en passe d’achever, leur évolution totale vers un SDDC. Néanmoins, en introduisant une infrastructure de calcul virtualisée, un grand nombre d’entre elles ont déjà fait un premier pas dans la bonne direction. »

 « La première étape consiste à transformer son infrastructure de stockage ou son infrastructure réseau et à regarder comment le mode de fonctionnement de l’IT peut s’ajuster avec celui d’un SDDC du point de vue des personnes et des processus », a-t-il déclaré.

 Selon Duncan Epping, voici les questions que les entreprises doivent se poser : « L’IT de votre entreprise fonctionne-t-il toujours en silo ? Les administrateurs de stockage, de réseau et de virtualisation partagent-ils des buts et objectifs communs ? Le fonctionnement de votre informatique est-il en phase avec l’activité et les applications de l’entreprise, et vos buts et objectifs sont-ils bien accordés avec ces processus ?

 Si elles veulent profiter pleinement de la flexibilité et de l’agilité du SDDC, les entreprises doivent répondre à ces questions.

Une infrastructure « définie par logiciel » par défaut

Tony Lock (@FreeformCentral), analyste distingué de Freeform Dynamics, affirme que, d’après les études réalisées par son cabinet, peu d’entreprises investissent de manière proactive pour construire une infrastructure informatique entièrement définie par logiciel.

 « Un nombre beaucoup plus élevé d’entreprises déclarent que leurs infrastructures informatiques sont par défaut de plus en plus définies par logiciel, car les solutions qu’elles ont acquises déplacent le contrôle de gestion plus haut dans la pile logicielle et l’éloignent du hardware sous-jacent. »

 Selon Tony Lock, un grand nombre d’entreprises ne sont pas pleinement convaincues par les avantages d’une infrastructure définie par logiciel entièrement intégrée. « Les professionnels de l’IT apprécient de pouvoir construire des systèmes très flexibles sur lesquels ils pourront appliquer des niveaux d’automatisation toujours plus élevés, mais beaucoup estiment encore que les technologies impliquées sont assez nouvelles. Beaucoup ne sont pas encore convaincus que les solutions disponibles sont suffisamment matures pour être utilisées à grande échelle. »

 Néanmoins, pour Tony Lock, il est évident que la quantité de charges de travail tournant dans les environnements SDDC augmentera au fil du temps.

 Les marchés verticaux

Cette tendance est déjà visible aujourd’hui. Ainsi, comme l’affirme Arpit Joshipura (@linuxfoundation), directeur général, Réseau et Orchestration, de la Fondation Linux, les premiers bénéfices commencent à se faire sentir dans de nombreux marchés verticaux différents.

 C’est notamment le cas des fournisseurs de services réseau (cloud, opérateurs, hébergement web/internet, opérateurs télécom), qui offrent des briques open source pour le réseau et l’orchestration dans un environnement prêt pour la production.

 « Les entreprises technologiques et les FinTech ont également été très actives pour pousser cette évolution vers un monde ouvert et défini par logiciel. Et plusieurs autres marchés verticaux ont joué un rôle moteur dans cette transformation, en particulier les secteurs du commerce de détail, de la santé, de l’hôtellerie. »

 Arpit Joshipura ajoute : « Nous pensons que les entreprises IT vont comprendre les avantages de cette transformation (en particulier pour ce qui est de l’agilité et du coût global de possession - TCO). Elles devront également faire évoluer leurs pratiques en introduisant plus de méthodes DevOps et en acquérant plus de compétences en développement logiciel. »

 Une transformation non sans risques

« Ce processus de transformation présente des avantages, mais aussi des risques », prévient pour sa part Aldo Ceccarelli (@aldoceccarelli), le réputé CIO de la multinationale italienne Sedamyl.

 « Parce que le datacenter se trouve au cœur de l’économie applicative, il doit être automatisé, défini par des applications et guidé par des politiques. Les nouveaux services numériques exigent des infrastructures informatiques plus flexibles, évolutives, programmables et configurables », a ainsi déclaré Aldo Ceccarelli.

 Celui-ci estime également que les capteurs et la télémétrie amélioreront l’orchestration du datacenter défini par logiciel, en contribuant à surveiller, gérer, contrôler et sécuriser les systèmes informatiques et réduire leur TCO. Quoi qu’il en soit, le SDDC permet une reconfiguration d’infrastructure plus rapide et plus souple à partir d’une seule console, améliorant la performance des charges de travail et la gestion du trafic réseau. « Toutes ces raisons font que, selon nous, le SDDC représente une opportunité pour l’avenir. »

 « Cependant, à côté de ces avantages importants, il y a aussi de vrais risques », a encore déclaré Aldo Ceccarelli. « Notamment, il faut être capable de gérer la complexité du traitement des données internes et externes, savoir mettre en œuvre un ensemble complet de logiques et de règles à travers son infrastructure et faire face aux exigences de gouvernance et de sécurité dans le contexte d’un SDDC. »

 Un SDDC en voie de maturation

Alors que les entreprises se débattent avec le concept du SDDC, la technologie elle-même est en voie de maturation. « Le SDDC est en pleine transformation : l’approche DevOps et les conteneurs sont de plus en plus répandus, ce qui signifie que la définition d’un SDDC évolue », fait remarquer Chris Goettl (@ChrisGoettl), responsable des produits de sécurité chez Ivanti.

 Celui-ci ajoute : « Non seulement l’entreprise IT doit décider quels sont les processus à virtualiser et comment définir le réseau et le stockage des machines virtuelles, mais elle doit aussi choisir entre la virtualisation de serveur et la conteneurisation d’application. Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises envisagent, ou commencent à adopter une approche DevOps et à opter pour la conteneurisation d’applications, ce qui signifie que, consciemment ou non, elles sont en train de rendre leurs processus SDDC plus matures. Je pense que beaucoup d’entreprises sont plus avancées dans le processus de transformation qu’elles ne le réalisent. »

 Le SDN aux avant-postes

Un des domaines où la virtualisation de datacenter s’est bien développée ces dernières années est celui de la mise en réseau définie par logiciel (SDN), préparant le terrain du SDDC.

Paul Gainham (@PaulGainham), responsable du marketing chez Juniper Networks, estime que l’IT doit s’adapter à la vitesse à laquelle les entreprises modernes traitent leurs opérations.

 « Les entreprises engagées dans la transformation digitale ont besoin d’une infrastructure capable de tendre littéralement vers le temps réel. Pour y arriver, il faut que les piles essentielles du datacenter, à savoir le calcul, le stockage, le réseau et la sécurité, fonctionnent de manière automatisée sous le contrôle d’un système synchronisé. »

 Paul Gainham ajoute : « Quand le SDN est bien fait, il accélère les charges de travail et réduit les délais de quelques semaines à quelques minutes. La véritable gestion automatisée de la charge de travail devient une réalité. En outre, l’automatisation en général et le SDN en tant que sous-couche, permettent de déployer de nouveaux modèles opérationnels, et d’introduire notamment du cloud hybride, où la mobilité de la charge de travail n’a plus de frontière. »

 Une infrastructure invisible

« En réalité, la capacité des entreprises à aller vers le SDDC est très variable », a déclaré Simon Robinson (@simonrob451), vice-président de la recherche chez 451 Research.

 « Beaucoup d’entreprises ne sont pas prêtes pour le SDDC, uniquement parce qu’elles sont enfermées dans des modèles de renouvellement de hardware - ou dans un mode de pensée qui ne permet pas d’envisager une alternative. Ce qui limite leur capacité de changement. D’autres pensent que cette transformation est trop perturbatrice, ou estiment ne pas avoir les compétences techniques nécessaires pour s’engager dans cette direction. Ce qui signifie que l’évolution vers un SDDC dépend autant d’un changement stratégique et opérationnel que d’un changement technologique ou de produit. »

 Simon Robinson conclut : « Les entreprises prêtes pour le SDDC sont généralement celles qui ont compris que leur avenir à long terme, ou même leur survie, dépend de leur capacité à se différencier de leurs concurrents à travers leurs services digitaux. Cela implique une infrastructure sous-jacente à la fois agile et efficace capable de répondre aux besoins - quels qu’ils soient - de leurs clients. Chez 451 Research, nous appelons cette exigence : « l’infrastructure invisible. »