Les nouveaux métiers du numérique
Cloud, mobilité, big data, méthodes agiles de développement… les nouvelles technologies nécessitent de nouvelles compétences, et parfois de nouveaux métiers, avec des fonctions spécifiques. Tour d'horizon de cinq d'entre eux.
La place de plus en plus importante de l'informatique et des technologies dans les entreprises oblige les responsables métier à se former, mais aussi à s'entourer de collaborateurs exerçant de nouveaux métiers.
Contrairement aux idées reçues, les nouveaux métiers du numérique ne sont pas forcément techniques, même s'ils restent très liés aux technologies. Certaines nouvelles fonctions visent à intégrer l'innovation technologique au plus haut sommet des entreprises et d'autres à renforcer les compétences de la DSI. On note également l'émergence de métiers assurant le lien entre métiers et informatique, des profils de plus en plus rattachés à la DSI et disposant d'une bonne connaissance de l'un des métiers de l'organisation.
Data Scientist : bête rare ou chef d'orchestre ?
Avec l'explosion du big data, les projets liés aux données se multiplient. Toutefois, pour obtenir des résultats efficaces dans l'analyse de l'information et les algorithmes prédictifs, il convient de conjuguer des connaissances en mathématiques et statistiques, en bases de données et analyse de l'information, en développement et en infrastructures logicielles et matérielles. Et surtout connaître les métiers de l'entreprise concernés. Ce mouton à cinq pattes omniscient a été baptisé le Data Scientist.
À son sujet, deux approches coexistent : soit il s'agit s'un chef d'orchestre disposant de connaissances sur tous ces sujets sans en être forcément un expert, soit il s'agit d'une équipe pluridisciplinaire dont le chef d'orchestre reste à déterminer selon les projets.
Chief Digital Officer : l'innovation instillée au sommet
Considéré comme l'agent de la transformation numérique de l'entreprise, le Chief Digital Officer (directeur du numérique) siège souvent au comité exécutif. Sa mission : intégrer l'innovation numérique dans les divers processus de l'organisation afin de réaliser ou accélérer le déploiement opérationnel de la stratégie. Selon une enquête réalisée par Accenture en février 2015 auprès de 175 entreprises françaises, les contours de la fonction restent flous, mais quatre axes se dégagent :
- Digital Strategist, pour sensibiliser les dirigeants
- Digital Marketing Leader, pour dénicher de nouveaux canaux de recrutement de clients
- Digitalisation Leader, pour améliorer la chaine de valeur grâce à l'innovation
- Digital Transformation Leader, pour insérer l'innovation afin d'améliorer les processus et le support des divers métiers de l'entreprise pour de meilleures performances.
Chief Data Officer : gestionnaire du capital immatériel
Ce "directeur des données" concrétise la préoccupation majeure des entreprises, enfin conscientes de posséder un patrimoine informatique stratégique. Les valeurs des données de l'organisation sont désormais considérées comme un capital immatériel vital.
Née avec le Big Data, cette fonction va bien au-delà de ses attributions initiales. Au départ, il s'agissait de répertorier les données et les documents dans le système d'information, de les classifier, de les cartographier… et de lister les données externes (gratuites ou payantes) utiles aux métiers. Désormais, son rôle s'étend au-delà du big data, pour fiabiliser l'ensemble des informations produites ou utilisées par les divers applications et référentiels de l'entreprise dans un souci de cohérence globale. Bien entendu, l'une de ses missions touche aussi à la valorisation de la donnée pour les métiers, les clients, les services, etc.
Pour mener à bien sa mission, le CDO doit connaître les bases de données (SGDB, NoSQL, datawarehouse, ETL, Hadoop et Big Data, etc.) et plus généralement les divers types d'information d'un système d'information, le développement, les applications/progiciels et les processus.
Des talents de management et de négociateurs sont indispensables, ainsi qu'une bonne connaissance des rouages de l'entreprise
Chief Marketing Technologist : en charge du marketing 2.0
Le marketing profite pleinement de l'avènement d'internet et du Big Data. Toutefois, naviguer en eaux aussi technologiques n'est pas forcément l'apanage du responsable marketing. Par ailleurs, le marketing n'est pas non plus la tasse de thé du spécialiste des données et des algorithmes. D'où la naissance de la fonction de Chief Marketing Technologist.
À la croisée du marketing et des données, le "directeur technologique marketing" traduit la stratégie de l'entreprise en technologie marketing afin de réaliser les objectifs attendus. Et donc assurer le lien incontournable entre marketing et informatique. Ses tâches : contribuer à l'élaboration du business model marketing, choisir les fournisseurs informatiques adéquats, évaluer les nouvelles technologies très dynamiques sur ce secteur.
Principales connaissances requises : les métiers du marketing, logiciels, gestion des données et outils d'analyses (datawarehouse, datamarts, Big Data, Hadoop…), réseaux sociaux, mobilité, cloud, publicité digitale, collaboration, design web et conception de contenus. Actuellement, cette fonction est diversement positionnée : employé du service marketing, remplaçant du directeur marketing, employé rattaché à la DSI, etc. Un curseur plus ou moins proche du marketing ou de l'informatique.
Scrum Master : le facilitateur pour huiler les engrenages
Traditionnellement le développement d'applications se comptait en années. Résultat : le produit livré ne correspondait plus totalement à la réalité des utilisateurs. Alors, on rebouclait pour plusieurs semaines, etc. Impensable à l'heure du cloud computing.
D'où le succès des méthodes agiles avec lesquelles l'application finale, née du prototype devient beaucoup plus vite opérationnelle et peut être modifiée en continu, en quelques minutes, heures ou journées. Pour réussir ce tour de force, les méthodes agiles, comme Scrum, s'appuient sur une équipe de projet réunissant un représentant des utilisateurs ou clients, l'équipe de développement et le Scrum Master (ce qui représente souvent bien plus de 3 personnes). Le développement itératif est régulièrement soumis à l'approbation de l'utilisateur qui émet des critiques et demandes pour que les développeurs reprennent le projet, et ainsi de suite.
Ni supérieur hiérarchique, ni spécialiste technologique, le Scrum Master assure l'adhésion au projet et la bonne compréhension de tous les intervenants. Au cœur des interactions, il facilite l'avancée du travail et est responsable de l'élimination continue des obstacles. Ni chef du projet ni développeur, il doit limiter son rôle à celui de facilitateur.
Spécialiste du management et de la conduite de projet, le Scrum master doit faire preuve de diplomatie et de psychologie pour assurer le bon développement du projet. Des notions en développement personnel sont un atout indéniable. D'autres sur les métiers de l'entreprise et sur l'informatique sont néanmoins souhaitables. Ambassadeur de l'entreprise dans l'équipe du projet, il a pour mission de s'assurer que tout fonctionne au mieux dans le respect des délais et de chacun.