Le mot souveraineté est revenu très régulièrement dans cette campagne présidentielle, devenant le fil rouge de plusieurs candidats à l’élection présidentielle. Dans son programme, Nicolas Dupont-Aignan promeut ainsi les sciences, la souveraineté industrielle et le numérique. Souhaitant « retrouver une vision française de la recherche et franchir le seuil des 3% de ratio de dépenses en R&D/PIB dès 2024 (contre 2,2% à l’heure actuelle) » il annonce que s’il est élu, l’Etat investira 2 milliards d’euros supplémentaires par an pour relancer la recherche.
Par ailleurs, il propose de créer un fonds doté de 500 millions d’euros par an finançant « la création d’entreprises par des chercheurs universitaires » ainsi qu’une allocation « entrepreneur innovation technologique » pour pousser au développement de projets technologiques innovants, limitée pour une période non renouvelable de 2 ans. Le but est de bâtir un Etat stratège qui ciblera « les technologies les plus cruciales des 30 prochaines années », le candidat souhaite également favoriser l’activité des « business angels » en allégeant leur fiscalité et en les incitant à appuyer les entrepreneurs le plus tôt possible, notamment en déduisant 100% de l’impôt sur les très grandes fortunes pour des investissements dans des PME innovantes produisant en France.
Assurer sa propre souveraineté numérique
Pour redevenir un acteur compétitif, le candidat veut créer ou récupérer des acteurs et des outils numériques français. De fait, il propose de lancer un « google » francophone (sans évoquer Qwant) et de constituer des réseaux sociaux et des plateformes de streaming français prenant l’exemple de l’Asie. Il exige par ailleurs l’hébergement des données issues d’usagers français en France par des acteurs indépendants ou étatiques avec un vrai droit à l’oubli et une possibilité faible de traçage pour l’usager. En ce sens, il admet vouloir sortir du projet européen GAIA-X les initiatives franco-françaises et les placer sous l'égide de l'Inria.
Le candidat, dans sa bataille pour la souveraineté, veut rendre l’industrie française autonome sur la fourniture en composants ainsi que sur la robotique et les machines de production dont les imprimantes 3D. De même, il promeut la construction d’un cloud français souverain et d’un espace numérique du citoyen français (ENCF) en alternative aux Gafam. Il attache également une importance aux logiciels libres et à leur déploiement « pour garantir la sécurité des systèmes d’exploitation utilisés par l’Etat, dont notre armée, et des données de nos entreprises stratégiques ou adhérentes à cette nécessité ».
Adopter un « Buy french act »
À la manière des Etats-Unis, le candidat veut réserver une large proportion d’achats publics (75% minimum) aux entreprises produisant en France lors des marchés publics. Il souhaite créer un fonds d’investissement et de relocalisation dédié uniquement aux produits « Label Tricolore » doté de 5 milliards d’euros par an et « piloté par la Caisse des dépôts et consignations qui favoriserait l’investissement productif, l’emploi et la recherche dans les zones périphériques et rurales notamment ». Le rétablissement de règles commerciales est également au programme afin de « se donner les moyens d’intervenir, en cas de concurrence déloyale ».
Pour soutenir les TPE et PME, l’actuel député de l’Essonne veut nommer un dirigeant de PME au poste de ministre de l’Economie et annonce zéro taxe et zéro norme supplémentaire pour ces entreprises. L’une de ses premières mesures, s’il est élu président sera de « simplifier les réglementations juridiques existantes dans les 100 jours suivant l’élection ». Dans cette volonté de garder les entreprises sur le territoire, il souhaite faciliter la transmission des entreprises en les exonérant de droits de succession sur 90 % de leur valeur (75 % à l’heure actuelle).
Défendre un réseau unique nationalisé
Le candidat-parlementaire s’intéresse de près à la question du déploiement du très haut débit par la fibre sur l’ensemble du territoire national. Dans son département, la couverture réseau est de l’ordre de 99% et figure parmi les zones les mieux couvertes de France. Il précise vouloir favoriser un acteur unique, Orange, plutôt que de multiplier les installations par les différents opérateurs connus (Free, Bouygues, SFR). Pour cela, il entend renforcer les pouvoirs de l'Arcep.
Dans son plan, cette autorité déploiera et maintiendra ces équipements de très haut débit sur tout le territoire métropolitain et ultramarin. De fait, le candidat envisage « un montage financier pour avoir un réseau unique nationalisé que les opérateurs loueraient » basé sur un système de redevance. Dans le même temps, il souhaite créer un ministère de l’aménagement du territoire avec une composante numérique pour pallier les problèmes de déploiement de la fibre. Son objectif : « supprimer les zones blanches de téléphonie mobile et garantir la télévision numérique sur tout le territoire ».
Assurer une formation continue au numérique
Le candidat veut adopter une politique radicalement différente de l’actuelle en matière d’instruction publique, en donnant la priorité « aux savoirs fondamentaux et revaloriser les voies professionnelles et technologiques pour anticiper les besoins du Fabriqué en France ». En ce sens, il annonce la rénovation de « filières spécialisées pour former les futurs ouvriers, capables d’exploiter les outils du numérique en fabrication additive en particulier (impression 3D métallique, verre, béton …) ». Dès le collège et au lycée, il promeut « une haute exigence en programmation-codage, algorithmie, conception de systèmes et en manipulation des outils digitaux - conception 3D avancée pour les NFT et métavers, simulation, impression 3D, création d’une agrégation du numérique sur ces savoirs ».
Toutefois, ayant le souhait de protéger les plus jeunes des dangers du numérique, il annonce que l'usage des Technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement (TICE) sera limité au seul cours à l’école primaire. Par ailleurs, il souhaite intensifier les formations aux métiers du numérique au sein de Pôle emploi et dans la formation professionnelle continue, en proposant une formation à l’informatique et à l’entreprenariat aux demandeurs d’emploi et employés ainsi qu’aux indépendants désireux de créer leur entreprise dans le numérique ou de se reconvertir. « La révolution numérique ne doit pas être pour une France à deux vitesses, avec deux skis qui s’écartent. Elle doit profiter à tous, aux habitants mais aussi aux PME » s’est exprimé le candidat.
La santé et l’environnement soutenus par les technologies
La pandémie de Covid-19 a montré l’intérêt du déploiement de technologies dans la santé, notamment la télésurveillance de maladies ou les téléconsultations. Poursuivant sur cette voie, Nicolas Dupont-Aignan souhaite mettre en place un modèle de santé préventif qui s’appuie sur les dernières technologies et les outils de dépistage. « Grâce à des objets connectés, des données relatives à leur corps et à leurs activités, les patients auront un meilleur contrôle sur leur santé » précise-t-il. Il propose également de « constituer des bases de données médicales avec les données anonymisées des citoyens des pays européens et déployer des solutions sur le diagnostic automatique et la recherche médicale génomique ».
Le candidat veut également allier numérique et environnement. De fait, il propose de créer des plateformes numériques d’information sur la valorisation des déchets adressé aux citoyens et aux professionnels : « les premiers pourront améliorer leur connaissance des possibilités de réparation et de recyclage de leurs biens ; les seconds pourront créer un marché de l’offre et de la demande de déchets bruts ou recyclés ».
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