Seulement près d’un salarié sur deux estime que leur organisation a bien géré la transition vers le travail à distance et/ou hybride selon l’étude menée par Capgemini Research Institute intitulée « Relearning leadership : creating the hybrid workplace leader ? » Ce chiffre va à contre-courant des dirigeants puisqu'eux-mêmes se félicitent (à près de 70 %) d’avoir réussi cette transition, toujours selon cette étude. « Nous constatons clairement que le management et les employés ne sont pas forcément alignés sur les actions mises en place par rapport à cette transformation », confirme d’ailleurs Charlotte Noël, directrice associée digital workplace chez Capgemini Invent. Pour la porte-parole de Capgemini, le mode de travail hybride nécessite de mettre davantage l’accent sur des compétences de leadership telles que l’authenticité, l’intelligence émotionnelle, l’ouverture au changement et la capacité de créer une culture de confiance où les collaborateurs se sentent responsabilisés.
Un avis que partage Bruno Buffenoir, directeur général chez Nutanix France : « Il existe une vraie problématique d’engagement managériale pour des populations choisissant de travailler à distance. L’entreprise doit trouver un juste équilibre selon les modalités et les implications que tout cela engage. » Le dirigeant, également présent lors de la table ronde sur le digital workplace organisée par le Club de la presse informatique B2B, est d’autant plus concerné qu’il met en exergue sa propre expérience. Et pour cause, les locaux de Nutanix ont longtemps été inaccessibles aux employés pour cause de pandémie. Les locaux ont rouvert le 14 février dernier, mais sans la possibilité d’accueillir des visiteurs dans les étages à Neuilly-sur-Seine. Dans ce contexte particulier de crise sanitaire et de télétravail, les dirigeants se doivent donc d’être très à l’écoute de leurs salariés et de trouver la bonne combinaison. Leur responsabilité est d’autant plus importante que selon le dernier rapport de Santé publique France publié fin 2021, la santé mentale des Français s’est nettement dégradée avec la crise sanitaire et la généralisation du télétravail. Ainsi, 18 % des Français montrent des signes d’un état dépressif (+ 8 points par rapport au niveau hors épidémie) et 23 % d’entre eux montrent des signes d’un état anxieux (+ 9 points par rapport au niveau hors épidémie). Si tout le monde n’est pas apte au télétravail, il faut toutefois laisser cette liberté de choix aux collaborateurs. Des entreprises sont d’ailleurs très avancées sur ce sujet comme Zoom (voir témoignage ci-dessous) ou encore l’éditeur français d’une plateforme de communication interne Jamespot. « Nos 40 collaborateurs sont situés dans toute la France, ils viennent dans nos locaux quand ils le souhaitent. Je pense que ce modèle va prendre une plus grande amplitude à l’avenir et quand une alternative fonctionne et obtient des résultats, elle devient mainstream », indique confiant Alain Garnier, CEO de Jamespot.
Apprendre à travailler autrement en présentiel
« Pour être tout à fait juste, je ne sais pas s’il existe une méthode idéale de management dans cette approche de travail hybride. Quelle que soit la situation, le retour forcé au bureau sera contre-productif si le salarié s’y oppose et s’enferme dans une salle. Son retour doit peut-être s’accompagner d’une valeur ajoutée autour de la collaboration avec ses collègues », indique, de son côté, Frédéric Archimbaud, directeur commercial chez Mitel France. Cette idée de valeur ajoutée germe dans beaucoup d’entreprises à l’image de Zoom France (voir témoignage client ci-dessous) qui s’engage à mener une vraie refonte de l’environnement de travail de ses collaborateurs. Ni 100 % en distanciel, ni 100 % en présentiel pour Milos Brkovic, directeur général France chez CommVault : « Un retour au bureau à 100 %, je n’y crois pas et je ne souhaite pas non plus un 100 % en distanciel. Nous apprenons aussi à travailler avec nos collègues et collaborateurs. Il faut cet esprit d’échange et de collaboration, la solution est bien de conjuguer la souplesse du travail à distance à l’échange et au partage d’informations dans l’entreprise. » Pour Boris Lecoeur, dirigeant de Cloudflare France, le retour au bureau s’accompagne effectivement d’un nouveau modèle social avec des outils dédiés par type d’activités (systèmes de visioconférence, espaces de workshops, cabines téléphoniques pour s’isoler, etc.). Comme le note Charlotte Noël, chez Capgemini les équipes ont même instauré une heure de discussion ouverte à tous les sujets sauf le travail, et cette heure dédiée rencontre un vif succès dans l’entreprise. Plus généralement, cette nouvelle façon de travailler impulsée par le management va, selon Stéphane Padique, responsable avant-vente des solutions digital workplace chez VMware France et Iberia, briser les barrières physiques des bureaux souvent organisés par équipe (commerciaux, designers, techniciens et ingénieurs, etc.) pour aller vers des équipes virtuelles ou tribus plus dynamiques et créatives.
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