En toute logique, la forte mobilisation autour du dérèglement climatique et de ses conséquences de plus en plus visibles, n’ont pas épargné le numérique. Le secteur est ainsi de nouveau la cible d’études pointant sa lourde empreinte écologique. Ainsi, en juillet 2019, le think tank français militant The Shift Project publiait un rapport sur « L'insoutenable usage de la vidéo en ligne ». Le document qui compile études et avis d’experts sur le sujet, rappelle à ceux qui ne l’avaient pas compris que la vidéo en ligne n’est nullement un usage dématérialisé, mais exploite lourdement nombre des infrastructures réseau, et bien évidemment de nombreux datacenters (en mode cloud ou local). En 2018, le streaming aurait émis plus de 300 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de l’Espagne ou de 1% du total des émissions dans le monde (source : éditeur d’analytics réseau Sandvine). L'email a fait l’objet du même type d’analyse en vue d’inciter chacun à nettoyer sa messagerie pour consommer moins de stockage.

Pourtant, rien n’est plus complexe que de juger de l’impact environnemental du secteur. Pour commencer, les fournisseeurs d’équipements et les acteurs qui exploitent des datacenters travaillent sur ce sujet depuis plusieurs années. Ils consolident les serveurs, optimisent la consommation de leurs équipements, augmentent la température des locaux pour éviter l’usage intensif de climatisation, etc.

La 5G, symbole de la complexité du numérique vert

Par ailleurs, la plupart des technologies nécessitent une réflexion globale et poussée. Le cas de la 5G, qui a pointé le bout de ses antennes en 2019, et sera la star de 2020, est emblématique. La norme a par exemple été conçue pour économiser l’énergie autant que possible. Ses réseaux devraient consommer moins en cas de baisse du trafic, par exemple. Pour autant, elle est la première génération mobile développée pour les objets connectés autant que pour les personnes et les entreprises. Elle favorisera donc la multiplication de ces équipements consommateurs d’énergie et pas toujours faciles à recycler… et impliquera bien sûr un renouvellement massif des smartphones. Et quid de l’impact des ondes électromagnétiques associées au déploiement de la 5G ? Il reste difficile de connaître l’impact réel sur la santé des équipements associés au mobile (téléphones, stations de base, etc.). Le recul d’un peu plus de vingt ans sur leurs usages ne suffit pas.

Greta  

Sans numérique, le phénomène Greta Thunberg aurait-il eu le même impact aussi rapidement ?

Le secteur numérique n’est pas une industrie à part, qui pourrait échapper à une surveillance fine de son empreinte écologique. Devenu vital pour l’économie, il se doit de surveiller ses émissions de CO2, sa consommation d’énergie et d’eau, son exploitation de matières premières rares ou extraites en dépit du respect des droits humains, son recyclage des déchets électronique (DEEE), etc. Que ce soit par conviction, pour des questions d’économie, ou pour des questions d’image auprès de leurs clients et de leurs employés actuels et futurs, les fournisseurs et les entreprises utilisatrices vont devoir redevenir attentifs à leur empreinte numérique.

Ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain

Mais, attention à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Sans numérique, pas de crowd sourcing pour alimenter les chercheurs sur l’évolution des espèces menacées ou l’impact des catastrophes naturelles… Pas de modélisation du climat et de son dérèglement. Pas d’économie de la fonctionnalité, du partage… Et sans numérique, pas de buzz pour Greta Thunberg comme le décrypte l’agence numérique La Netscouade ! Le green IT est un sujet sérieux qui mérite une approche systémique plutôt qu’un regard simplement analytique.