Depuis la crise sanitaire il y a deux ans, le digital workplace a fait sa mue vers un mode de travail hybride des utilisateurs alternants le télétravail et une présence moindre au bureau. Et comme le mentionne Charlotte Noël, directrice associée digital workplace chez Capgemini Invent, lors de la table ronde sur le digital workplace organisée par le Club de la presse informatique B2B en janvier dernier, c’est parti pour durer même après la pandémie. Le travail à distance a vraiment changé la donne et corrige ce que nous avons pu écrire sur le digital workplace, il y a quelques années, lorsque le discours sur cette thématique était surtout orienté vers la consumérisation de l’IT au bureau. Bref, des usages personnels (Byod, Apps, réseaux sociaux, Web, etc.) qui s’invitaient alors dans le monde professionnel. Aujourd’hui, le digital workplace doit désormais prendre en compte ces modes de travail hybrides avec son lot d’innovations technologiques, à savoir les outils d’accès, de partage, collaboratifs et bien plus encore. « Chez Capgemini, nous nous aidons des grands écrans interactifs et collaboratifs, les Surface Hub de Microsoft, nous déployons même des capteurs IoT pour contrôler les présences. En outre, les traditionnels téléphones fixes ont disparu, Teams est devenu un hub de collaboration en interne, nous l’appliquons aussi chez nos clients », donne en exemple Charlotte Noël, et d’ajouter : « Nos interlocuteurs dans les entreprises ne sont plus seulement les DSI, mais aussi des acheteurs de produits mobiliers. Comment équiper une salle, un bureau et toute l’expérience qui va autour des réunions. » Dans cette nouvelle transformation qui s’opère, de nombreuses entreprises interrogées dans ce dossier nous donnent ainsi leur vision du bureau de demain en mettant en avant leurs propres expériences de travail hybride.
Du fantasme à la réalité
Mais attention, l’imagination autour du futur du bureau fait parfois beaucoup fantasmer. Sur le terrain, dans la majorité des entreprises, l’environnement de travail physique de l’utilisateur a finalement peu évolué ces dix dernières années hormis la prise en compte, souvent par obligation, du télétravail. Ce dernier a certes entraîné l’adoption massive d’applications de visioconférence, d’outils de collaboration et l’achat d’équipements (ordinateurs portables et périphériques associés), sans oublier les nombreux dispositifs de connexion et de sécurité qui vont avec. Mais de là à parler de disruption de l’environnement de travail, n’exagérons pas ! La révolution du digital workplace n’est pas encore à l’ordre du jour dans la majorité des organisations, mais elle viendra peut-être avec un vaste réaménagement des locaux étant donné que de nombreuses sociétés envisagent, en effet, de réduire la surface de leurs bureaux. Le Crédit agricole par exemple. Un immense marché autour de la restructuration des espaces se dessine.
En outre, d’autres raisons freinent aussi la transformation de l’environnement de travail. Déjà l’hétérogénéité générationnelle des équipes, il est parfois compliqué de tout bousculer, les millenials (les 25-30 ans d’aujourd’hui) n’ont pas forcément les mêmes façons de travailler que les générations X (années 70) ou Y (années 90). De plus, la refonte d’un environnement de travail coûte cher à l’entreprise, car, en plus des dépenses liées aux nouveaux outils numériques et à leurs dysfonctionnements (d’ailleurs très élevés lors du télétravail), se greffent des coûts mobiliers (casiers personnels et petites salles de réunion) et immobiliers (réaménagement des espaces avec déplacement des prises et des lumières). La mise en place du digital workplace reste un projet à part entière qui nécessite généralement du temps et un accompagnement soutenu du changement. Comme le mentionne Stéphane Padique, responsable avant-vente des solutions digital workplace chez VMware France et Iberia, un projet de digital workplace est souvent concomitant à d’autres projets autour des applications business et de collaboration, souvent en mode SaaS. Enfin, un dernier problème est à soulever, c’est la compréhension même du digital workplace qui n’existe pas sous la forme d’un produit ou d’un service packagé qu’apprécient tant les entreprises, notamment les PME et les ETI.
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