Le centre de données traditionnel est-il presque mort ? Comme le précisait un rapport du cabinet Gartner publié en août dernier. A en croire ses prévisions, 80 % des entreprises mondiales fermeront leurs datacenters traditionnels d’ici à 2025, 10 % l’auraient déjà fait. La vague du numérique et des nouveaux usages n’est effectivement plus compatible avec les infrastructures d'hier ; Gartner, dans son étude, mentionnait que pour obtenir des nouveaux services, les métiers ne demandaient plus : Comment pouvons-nous les construire ? Mais où pouvons-nous les trouver ?
C’est dans ce contexte que les organisations entreprennent de moderniser leurs infrastructures en apporter de la souplesse, de l’agilité, de l’automatisation, du pilotage par logiciel, mais aussi cette ouverture indispensable vers le cloud que l’on qualifie souvent d’approche hybride. « 94 % des entreprises utilisent le cloud, c’est le constat aujourd’hui. Toutefois, nous observons aussi un certain nombre d’entreprises, notamment des startups, qui ont à l’origine massivement investi dans le cloud public et qui reviennent aujourd’hui en arrière en relocalisant leurs infrastructures en interne pour des raisons de coûts, de réglementations et d’applications critiques, tout n’est pas adressable dans le cloud », indique aussi Nicolas Mahé, responsable produits Lenovo Data Center Group. Les déçus du cloud public, il y en a et de plus en plus ! Selon une enquête réalisée par Vanson Bourne pour le compte de Nutanix publiée en 2019, 70 % des entreprises françaises sont déçues du cloud public, essentiellement pour des raisons de coûts (dépassement du budget). Dans cette étude, les entreprises privilégient donc l’approche hybride, 92 % des décideurs IT indiquent même que ce type d’infrastructure répond à leurs besoins. Cette approche hybride pourrait donc être la motivation première des décideurs dans la modernisation de leur datacenter. Mathias Robichon, directeur technique de NetApp France, perçoit, de son côté, trois types de demandes aujourd’hui dans cette modernisation : « Toutes les entreprises n’ont pas le même niveau de maturité dans la modernisation de leur datacenter, j’en vois essentiellement trois. Pour le premier, une question revient souvent : comment vais-je pouvoir tirer profit du cloud public et l’intégrer dans mon SI ? Le deuxième concerne les entreprises qui connaissent la pertinence du cloud (débordement, usages d’applications natives cloud, etc.), mais elles savent aussi que celui-ci ne répond pas à tous leurs besoins, les équipes souhaitant aussi conserver des assets et des applications critiques qui n’ont pas de velléités d’aller dans le cloud. Enfin, la création de clouds privés revient souvent dans les demandes avec l’objectif d’avoir du self-service, de disposer finalement de tous les bénéfices du cloud public pour le cloud privé, et pas seulement de virtualisation et d’automatisation. » Ce dernier point, Nicolas Mahé le partage aussi : « En optant pour un cloud privé, ces entreprises souhaitent conserver tous les avantages du cloud public en termes d’agilité et d’élasticité. »
Du kiosque à l’hyperconvergence
Bien évidemment, le datacenter moderne doit également servir aux besoins des métiers mais aussi des développeurs et, pour ce faire, la mise en œuvre d’un kiosque ou d’un catalogue de services est sûrement la solution idéale, les utilisateurs pouvant y trouver de nombreux services on demand comme la conteneurisation (CaaS), le PRA (PRAaaS) ou encore le database (DBaaS). C’est d’ailleurs dans ce but que Pierrick Delhaye, DSI du syndicat agricole FDSEA 51, a récemment modernisé et simplifié son SI via les solutions hyperconvergées de VMware tout en menant une démarche Devops en parallèle. « La refonte actuelle de notre infrastructure nous permettra aussi à terme de mieux porter nos projets d’orchestration, de conteneurisation pour gagner en flexibilité et également d’ouverture vers le cloud public, notamment pour un projet à venir avec Google autour de la messagerie », précise le DSI de la FDSEA 51. Le multicloud fait, à ce titre, partie aussi des éléments déclencheurs d’une modernisation des infrastructures dans l’entreprise. Selon IDC, 77 % des entreprises françaises s’engagent même dans cette approche multicloud mais, pour les sondés, les challenges restent nombreux dont, pour 55 % d’entre eux, l’intégration avec l’existant afin de bâtir une véritable approche hybride, sans oublier la difficulté de porter facilement des applications entres les différentes plateformes IaaS.
En outre, l’un des concepts qui symbolise actuellement le mieux la modernisation du datacenter est l’hyperconvergence ; la nature logicielle de l’hyperconvergence s’inscrit complètement dans le SDDC (Software Defined Datacenter) et assure ainsi la souplesse requise pour faire face aux besoins métiers présents et à venir sans avoir à effectuer un remplacement complet des composants d’infrastructure. Un critère essentiel pour Nutanix : « Etant agnostique, nous déployons nos solutions sur tout type d’infrastructure », a confirmé Yassine Malki, senior systems engineer chez Nutanix, devant les décideurs IT lors de l’étape de Reims de l’IT Tour (https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-it-tour-reims-2019-zoom-sur-les-temps-forts-77059.html). Pour Mathias Robichon, la solution d’hyperconvergence HCI de NetApp est même devenue le vaisseau amiral pour un cloud privé capable de s’ouvrir vers le multicloud.
La tendance est au pay as you use
L’avenir de ce datacenter hybride passe donc par le SDDC (Software Defined Datacenter) pour lequel tous les composants et les ressources (serveur, réseau, sécurité et stockage) sont virtualisés et gérés depuis une plate-forme logicielle, le SDDC faisant souvent référence à une abstraction du matériel. C’est par exemple le cas avec la brique de base VMware Cloud Foundation qui permet de poser une stack complète SDDC (pile qui intègre vSphere, vSAN et NSX pour le réseau) en quelques heures. Cela ne signifie pas pour autant que les entreprises n’investissent plus dans le matériel, elles le font différemment en le louant auprès de leur fournisseur (à l’instar du logiciel également). D’ailleurs, pour le Gartner, les entreprises préfèrent de plus en plus la location ou la colocation car elles offrent une disponibilité, une fiabilité, des niveaux de construction certifiés, une efficacité énergétique, une gestion des installations dédiées et une capacité d'évolution, c’est d’autant plus important aujourd’hui avec un pourcentage du budget informatique consacré aux centres de données qui a diminué au cours des dernières années et ne représente plus que 17 % du total. Un élément conforté par le cabinet concurrent IDC qui constate que 63 % des décideurs IT réclament des services flexibles de paiement à l’usage dans le choix de leurs fournisseurs d’infrastructures. HPE (avec GreenLake), Lenovo (avec TruScale), Cisco (Open Pay) ou Dell (avec Flex On Demand) se sont d’ailleurs lancés sur ce créneau en proposant diverses solutions de paiement as a service dont le paiement à la consommation électrique. Pour les fournisseurs comme les décideurs IT, l’avenir passera par cette approche « as a service » du datacenter.
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