Repenser, refondre ou moderniser ses infrastructures en négligeant la durabilité est un mauvais choix pour l’avenir. Déjà parce qu’il faut lutter dès maintenant contre les changements climatiques et d’autre part, la pression réglementaire va s’accentuer au fil des années, donc mieux vaut anticiper. Cela dit, sur le terrain, ce virage de la durabilité est déjà engagé, la preuve en est : de plus en plus d’entreprises, dans tous leurs appels d’offres, exigent désormais des critères de durabilité auprès de leurs fournisseurs. « N’oublions pas que de nombreuses entreprises ont déjà nommé des responsables RSE et sont donc parfaitement informées sur tous ces aspects », précise aussi Emilie Gaudu, directrice commerciale Entreprises chez Lenovo ISG France. Dans ce contexte, les éditeurs et les fabricants s’activent à proposer des solutions et services dédiés plus durables. C’est par exemple le cas de Lenovo avec son offre ARS (Asset Recovery Services) qui prend aussi en charge le cycle de vie des serveurs. A l’instar de Dell Lifecycle Hub, Lenovo devrait lancer un nouveau service permettant de prolonger le cycle de vie des machines, pour les PC dans un premier temps. HPE travaille aussi sur le cycle de vie de ses serveurs et de ses postes de travail, 93 % des serveurs et 95 % des ordinateurs portables seraient d’ailleurs recyclés selon Philippe Rullaud, directeur commercial Infrastructures et directeur BU Serveurs chez HPE. De plus, HPE va bientôt embarquer dans ses serveurs des puces ARM plus économes en énergie. Lenovo le prévoit aussi d’ici à 2025. Car l’économie de l’énergie se joue aussi sur la conception des puces, IBM travaille par exemple avec le MIT sur une mémoire à changement de phase (PCM) qui pourrait servir d'alternative à la DRAM dans les centres de données des entreprise. « Nous sommes encore loin d’une mise sur le marché mais les tests que nous avons menés nous indiquent déjà que ce type de mémoire consomme 14 fois moins d’énergie », indique Laurent Vanel, leader strategic accounts technical leader chez IBM. En outre, pour répondre aux besoins de durabilité de leurs entreprises clientes, les fournisseurs/partenaires multiplient les actions. De quelle manière ? En les aidant à mesurer en temps réel leur empreinte carbone par des applications et des tableaux de bord dédiés, en déployant des solutions logicielles pour mieux utiliser les ressources et rationaliser les usages, ou encore en déployant des technologies inédites de refroidissement des salles serveurs comme le proposent Intel, Lenovo, l’entreprise innovante française Hyperion ou encore l’hébergeur Datacampus situé à Poitiers avec le refroidissement des machines dans des bains d’huile. Emilie Gaudu insiste d’ailleurs sur l’efficacité prouvée des différentes technologies de refroidissement pour réduire la facture énergétique. De plus, la porte-parole de Lenovo met aussi en avant sa plateforme TruScale basée sur un modèle de paiement à la consommation valable aussi pour les environnements Edge et IA.
Vers du code plus optimisé
En outre, il faut aussi inciter les utilisateurs à surveiller l'influence de leurs logiciels sur la consommation d’énergie pour rendre, in fine, le datacenter plus durable, bref de porter aussi le développement durable dans le développement des logiciels. « C’est ce que nous opérons chez IBM dans le middleware avec Meta sur PyTorch pour optimiser au mieux les ressources GPU », assure Laurent Vanel. C’est quelque part aussi l’objectif du projet Kepler qui sera intégré à OpenShift dès la fin de l’année sans surcoût d’après David Szegedi, CTO de Red Hat France. Rappelons que Kepler a pour objectif de relever des indicateurs de mesure de consommation électrique sur un large éventail de plateformes, en se concentrant sur la création de rapports, la réduction et la régression afin d'aider les entreprises à mieux comprendre la consommation d'énergie. Kepler utilise pour cela des méthodes et technologies cloud native éprouvées, telles que l'eBPF (extended Berkeley Packet Filter), les compteurs de performance du processeur et les modèles d'apprentissage automatique, qui permettent d'estimer la consommation électrique des charges de travail et d'exporter les résultats sous forme d'indicateurs de mesure, lesquels sont, par la suite, exploités par les décideurs. Enfin, David Szegedi précise que Red Hat travaille aussi avec des partenaires sur un autre projet à grande échelle dont le but serait, grâce aux données, de transformer le watt en carbone.
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