Depuis la parution du rapport Sustainable IT par Capgemini il y a environ trois ans, les choses ont évolué sur la durabilité et plus généralement sur le numérique responsable dans les grandes entreprises. Si à l’époque le numérique responsable n’était pas encore une priorité pour la majorité des entreprises, ça l’est devenu surtout depuis la Covid-19 selon Laurence Jumeaux, experte Sustainability chez Capgemini Invent. « Tous nos clients en France ont nommé un responsable Sustainability, notre pays est d’ailleurs très avancé par rapport à d’autres en Europe et même par rapport aux États-Unis et aux pays asiatiques comme le Japon. De par ma fonction, j’ai présenté notre offre à 60 entreprises l’année dernière et cette année je suis déjà à 44 rendez-vous. » Si cette prise de conscience est réelle, aucune obligation n’est imposée aujourd’hui aux entreprises hormis d’établir un bilan carbone global dont l’IT reste assez illusoire. Selon l’Ademe, cette obligation semble même ignorée par les nombreuses entreprises concernées (près de 5000 entreprises), car seules 35 % d’entre elles ont réellement établi un bilan carbone de leur GES en 2021 ; les collectivités et les établissements publics étant d’ailleurs les mauvais élèves. Pour Laurence Jumeaux, il faut une réglementation plus ferme sur l’empreinte environnementale d’un SI en prenant en compte la DSI dans son ensemble et pas seulement les achats IT.
Un relâchement constaté dans une situation économique plus difficile
C’est d’autant plus important que l’experte constate un certain relâchement depuis le début de l’année. « Si j’étais encore optimiste en 2022, je note malgré tout un ralentissement dans leur engagement depuis le début de l’année, mes interlocuteurs ont tendance à repousser ce sujet à 2024 essentiellement pour des raisons économiques et budgétaires. » Rien n’est gratuit, notamment la durabilité qui nécessite des investissements en ressources humaines et autres formations. Cette mesure de l’empreinte environnementale du SI est pour Capgemini un solide socle à l’établissement de la feuille de route dans une démarche naissante de Sustainability. « Il faut d’abord des chiffres pour comparer et savoir si on progresse ou pas », indique Laurence Jumeaux. À ce titre, il existe sur le marché un certain nombre d’outils de mesure de performance énergétique, la porte-parole de Capgemini cite notamment quelques-uns de ses partenaires dont Avob pour le parc IT, Greenspector et Fruggr pour les applications, EasyVirt pour les serveurs ou encore APL pour les datacenters. En parallèle, un travail de sensibilisation auprès de toutes les équipes est nécessaire incluant les managers, les techniciens et ingénieurs, sans oublier les utilisateurs, car l’impact le plus important concerne, rappelons-le, le poste de travail. Enfin, pour Laurence Jumeaux, il faut aussi lancer un chantier sur le digital workplace en se focalisant sur les usages.
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