En 2019, les cryptomonnaies inspirées du pionnier Bitcoin occupent toujours le devant de la scène. Néanmoins, en coulisse, nombre d’entreprises explorent d’autres usages pour les technologies de registre distribué basées sur la blockchain. Et même si les analystes estiment que le marché manque encore de maturité, plusieurs projets commencent à passer le cap de l’expérimentation, pour être plus largement déployés. L’Etat français lui-même s’est emparé du sujet, à travers la création d’une « task force » sur la blockchain, qui a tenu sa première réunion le 25 juillet 2019.
Deux grandes implémentations reviennent fréquemment dans les initiatives du monde professionnel : d’un côté Hyperledger Fabric, projet Open Source hébergé par la Fondation Linux ; de l’autre Ethereum, créée par Vitalik Buterin, qui se présente comme une blockchain programmable et dispose d’une cryptomonnaie native. Sur Hyperledger s’appuient notamment les projets de la Chambre des Notaires de Paris ou la plateforme Connecting Food, destinée à l’industrie agro-alimentaire. De son côté, Ethereum sert de base à Quorum, une plateforme de blockchain Open Source, créée par la banque J.P. Morgan et ciblant notamment le secteur financier ; ou encore à Arianee, une solution de certification destinée au secteur du luxe, déployée par exemple par le fabricant de montres Vacheron Constantin. La diversité des projets montre que la technologie apporte des réponses à des problématiques variées, dans de nombreux secteurs : lutte contre la contrefaçon dans le luxe ou l’industrie pharmaceutique ; traçabilité dans l’agro-alimentaire, la santé ou encore la logistique ; preuves d’intégrité des données pour les professions réglementées et tiers de confiance, ou encore auto-gestion d’une ressource partagé entre plusieurs acteurs, comme avec la blockchain des fréquences, lancée par l’ANFR fin 2018.
Une notion est au cœur de tous ces usages : la transparence. Celle-ci repose sur la capacité de la blockchain à permettre le partage d’informations entre tous les acteurs (les nœuds) de la blockchain. Dès lors que ceux-ci possèdent la clef, ils peuvent voir les transactions déjà enregistrées dans une chaîne, mais aussi valider l’ajout de nouveaux blocs, à condition d’atteindre un consensus. Par ailleurs, une fois des données déposées dans une blockchain, celles-ci sont considérées comme immuables (le caractère distribué de la technologie rendant extrêmement difficile toute modification). Cela en fait donc une technologie de choix pour collecter des informations clefs à chaque étape du cycle de vie d’un produit ou d’un document, de façon pérenne et sécurisée.
Autre point commun de la plupart des projets évoqués : il s’agit de blockchains privées, gérées par un consortium d’acteurs. Dans ce contexte, en complément de la transparence apportée par la technologie, une vraie gouvernance est indispensable : il faut établir précisément quelles données peuvent être enregistrées dans une chaîne, dans quelles les conditions chaque membre y participe, notamment sur le plan technique et financier, sans oublier le choix des mécanismes de consensus.
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