En visitant le datacenter Thésée implanté depuis près d’un an à Aubergenville dans les Yvelines, notre rédaction a pu se rendre compte des efforts fournis par les opérateurs pour réduire la consommation énergétique de leurs locaux. Free cooling, système adiabatique, haute densité électrique, etc., tout est fait pour afficher le meilleur indice PUE (Power Usage Effectiveness), ce fameux indicateur qui mesure l'efficacité énergétique d'un datacenter. Selon Régis Castagné, directeur général de Equinix France, le PUE moyen est de 1,45 pour l’ensemble des datacenters en France. À noter qu’il est bien plus élevé, PUE supérieur à 2, si l’on inclut tous les types de datacenters, même ceux des entreprises. Et pour les meilleurs d’entre eux, le PUE ne dépasse pas les 1,2. Et il sera difficile de faire mieux ; en s’approchant des 1, le bénéfice sera de plus en plus faible. Quels sont aujourd’hui les datacenters les plus économes ? Parmi ceux qui sont donnés avec un PUE de 1,2, citons Thésée Datacenter dont le refroidissement est assuré en free cooling avec des équipements électriques pilotés par l’IA. Autre exemple, le datacenter d’Interxion situé sur le port de Marseille. En effet, l’opérateur a réussi à réduire son PUE initial de 1,6 à 1,2 en migrant son système de free cooling vers une solution de river cooling en exploitant les eaux souterraines. Dernier exemple, le datacenter d’Equinix à Bordeaux, opérationnel depuis cet été, il affiche un PUE de 1,2, là aussi, en exploitant la technologie free cooling.
La promesse d’une énergie verte
La réduction de la consommation d’énergie n’est pas le seul levier d’une approche vertueuse d’un datacenter. Un autre argument des opérateurs de centres de données est de garantir l’usage d’une électricité verte. « Chez Equinix, tous nos datacenters en France exploitent des énergies renouvelables », précise, à ce titre, Régis Castagné. À en croire nos interlocuteurs, cette électricité verte fait aussi gage de responsabilité et d’acceptabilité auprès des entreprises clientes, lesquelles sont de plus en plus informées sur ces questions environnementales. « Les sociétés que nous rencontrons aujourd’hui viennent avec des objectifs vertueux, il y a une vraie prise de conscience sur ces questions », souligne Régis Castagné. Par technologies vertes, les énergies solaires, hydroélectriques et surtout éoliennes sont souvent mises en avant par les opérateurs, d’autres moyens sont également explorés comme la biomasse. À ce titre, l’opérateur télécoms Adista prévoit de construire un datacenter dans l’est de la France alimenté en biogaz en valorisant les déchets verts agricoles (méthanisation) ; pour ce faire, Adista a contractualisé avec la startup Datafarm Energy. Selon Patrice Bélie, président d’Adista, l’investissement serait de 3 M€ rien que pour le datacenter avec un fonctionnement en production fin 2022 si tout se passe bien. Enfin, la voie de l’hydrogène est également avancée pour fournir de l’énergie aux centres de données Il y a un an, Atos et HDF Energy qui développe des centrales électro-hydrogènes de grande capacité, se sont associés pour développer un système pour alimenter des datacenters avec de l’hydrogène généré par des énergies renouvelables.
Vers une construction éco-responsable
Tout comme ils le font avec leurs fournisseurs d’énergie, les opérateurs de datacenters sont de plus en plus exigeants avec les autres fournisseurs, notamment dans la fourniture des équipements électriques (générateurs, onduleurs, etc.) et même dans la construction des bâtiments. Réduire l’empreinte carbone liée à la construction fait aussi partie de leur cahier des charges. « En adoptant une approche modulaire (ndlr : montage en lego) pour édifier notre bâtiment à Bordeaux, nous avons diminué de 30 % notre empreinte carbone liée à la construction », donne en exemple Régis Castagné. Et d’ajouter : « L’image du datacenter a beaucoup changé, nous sommes sur des surfaces assez planes, de plus en plus végétalisées, c’est ce que Equinix a réalisé pour son datacenter situé à Francfort, des murs et un toit entièrement végétalisés. » Chez Interxion, prendre en considération toute la chaîne de valeur est aussi une priorité. « En 2020, Interxion France a formalisé son bilan carbone sur son scope de responsabilité directe (neutralité carbone atteinte pour les scopes 1 et 2) et s’est engagé dans la contribution à la neutralité carbone. En 2021, nous avons réalisé une démarche volontaire de quantification de l’empreinte carbone de notre chaîne de valeur, autrement appelée scope 3. Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur le cabinet de conseil Ekodev qui a utilisé la méthodologie Bilan Carbone ADEME. Cette démarche nous a permis de questionner nos fournisseurs d’équipements en leur demandant de nous communiquer leur Product Environnemental Profiles (PEP ou EPD). Nous avons également étudié l’empreinte carbone de la construction en travaillant avec Bouygues Energies et Services sur l’empreinte carbone de la construction de notre nouveau datacenter à Marseille MRS4 », explique Linda Lescuyer, directrice Energie d'Interxion.
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