Passer au cloud : oui, mais quel cloud ?
Si la migration vers le cloud se justifie par de multiples raisons (pour ses fonctionnalités, sa flexibilité, sa simplicité ou son prix), la responsabilité environnementale en est une majeure. Migrer dans le cloud une petite installation privée vers un centre de données de grande ampleur géré avec une approche industrielle va naturellement dans le sens d’une réduction de la consommation énergétique. Dans la majorité des cas, la taille non critique des petits datacenters On-Premises ne justifie pas un investissement massif afin de mettre en œuvre une politique d’efficience énergétique comme le fait OVHcloud.
Si l’intérêt écologique du passage au cloud ne fait donc pas de doute, reste à savoir vers quel modèle se diriger. De prime abord, on a tendance à penser que le cloud public – de par la mutualisation des ressources – est plus vertueux que le cloud privé. Le passage de serveurs bare metal vers le cloud public peut certes diminuer l’impact environnemental mais « attention à la manière dont les applicatifs ont été développés » met en garde Germain Masse. « La primeur accordée au cloud public en matière d’efficience énergétique ne se justifie réellement que si les applications ont été développées de manière à être scalables ». Une approche que beaucoup de DSI souhaitent initier mais qui n’est pas encore généralisée du fait des coûts importants engendrés par le re-développement des couches applicatives.
« La primeur accordée au cloud public en matière d’efficience énergétique ne se justifie réellement que si les applications ont été développées de manière à être scalables »
Par ailleurs, « il ne faut pas perdre de vue que pour de nombreux cas d’usage, le bare metal reste pertinent et vertueux d’un point de vue environnemental » rappelle le spécialiste. « Dès lors qu’il est utilisé au maximum de ses ressources et 100% du temps, le bare metal est un bon choix. Par exemple pour des projets impliquant du calcul scientifique ou des rendus graphiques, dès lors qu’on ne recherche pas un résultat en temps réel. »
Equipements informatiques et applications
Une strate au dessus du datacenter se trouvent les actifs qui ont aujourd’hui le plus d’impact environnemental, à savoir les équipements informatiques. « Tout l’enjeu est d’augmenter leur durée de vie », résume Germain Masse. Ce qui nécessite de mieux exploiter les ressources et notamment de faire appel à la virtualisation, un élément clé pour contrôler les dépenses énergétiques en limitant le nombre de terminaux et en augmentant le taux d’occupation des serveurs allumés… Garder des serveurs dormants dans son datacenter est le pire des scénarios puisque l’impact lié à sa fabrication n’est pas du tout compensé.
« L’allongement de la durée de vie des équipement informatiques est un enjeu crucial dans la quête d’un SI écoresponsable »
Optimiser la gestion des logiciels dans l’entreprise
Les besoins des logiciels – en termes de mémoire, puissance processeur, espace disque –conditionnent la durée d’utilisation du matériel informatique. En recherchant des outils alternatifs plus légers et répondants aux besoins réels des utilisateurs, la DSI va dans le sens d’un allongement de la durée de vie du matériel. Une réalité qui amène aussi à s’interroger sur les choix en matière de gouvernance des applications et données. Dans le contexte actuel, leur multiplication entraine mécaniquement une augmentation des équipements matériels qui assurent les performances et la disponiblité. S’interroger sur la pertinence de hauts niveaux de disponibilité pour certaines applications ou du nombre de copies de données maintenues en ligne est donc un bon début.
L’impact du code sur la consommation énergétique
« Il va de soi qu’un code performant s’exécute plus rapidement pour des ressources identiques » explique Germain Masse. « En tant qu’algorithmicien, le développeur a un rôle important à jouer dans la qualité du code qu’il délivre. Mais il a une autre casquette d’architecte et d’assembleur de briques. » Très souvent, le développeur gagne à s’appuyer sur des briques applicatives ou des services SaaS ou PaaS. « Mais le choix de ces briques applicatives nous semble parfois peu éclairé en termes environnemental mais aussi en termes de performances » regrette le spécialiste. Du fait d’une plus grande disponibilité des ressources « à la demande », les développeurs qui se retrouvent confrontés à des choix de frameworks ou de langage ont tendance à se laisser porter par les impératifs de go to market et perdent l’habitude de mesurer les performances. « Mais ne noircissons pas le tableau » conclut Germain Masse. « Dans cette quête de recherche environnementale, la finance n’est jamais bien loin… et un code peu performant est aussi coûteux ».
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