Dans le rapport de l’ADEME intitulé « Le guide d’un numérique plus responsable », il est mentionné que le secteur du numérique consomme environ 10 % de l’électricité mondiale, soit 1 500 à 2 000 TWh (milliards de kWh). Et cette industrie génère entre 2 et 3 % des gaz à effet de serre en France. Si rien n’est fait, le Sénat avance même, dans une autre étude réalisée sur l’empreinte environnementale du numérique, un chiffre à près de 7 % en 2040, soit plus que le secteur aérien positionné à 4,7 % aujourd’hui. Sensibilisation, allongement de la durée de vie des terminaux, limitation des usages, promotion de la sobriété numérique, récupération de chaleur des centres de données, etc., voici les quelques axes de réflexion annoncés par le Sénat qui a voté pour la loi sur l'impact du numérique sur l'environnement le 2 novembre dernier. Qu’en est-il sur le terrain ? Si certains DSI et responsables métiers dont les services achats - qui ont tous un rôle important à jouer dans cette bataille - n’ont pas forcément attendu les propositions du Sénat pour s’engager à réduire les émissions de gaz à effet de serre de leur entreprise, de gros efforts restent néanmoins à faire. Preuve en est par les chiffres du baromètre 2020 de l’AGIT (l’Alliance Green IT). Ainsi, seulement 14 % des entreprises ont mis en place une politique d’économie d’énergie du système d’exploitation, moins d’une entreprise sur deux mesure les impacts environnementaux des services numériques qu’elle développe, moins de 30 % des entreprises achètent du matériel écolabellisé et seulement 20 % des entreprises mettent en œuvre les bonnes pratiques de l’European Code of Conduct dans les datacenters.
S’entourer d’un écosystème engagé
Dans les faits, ce n’est pas si simple, car il n’existe pas vraiment de référentiels, les DSI peuvent toutefois se faire accompagner dans cette voie de la décarbonation, en s’appuyant sur des associations comme l’Alliance Green IT (AGIT). Cette dernière organise souvent des réunions de travail et publie du contenu sur des thèmes variés du Green IT (obsolescence programmée, écoconception des services numériques, impacts du cloud, performance énergétique des datacenters, etc.). À cela, les DSI peuvent exploiter une multitude d’outils disponibles sur le marché pour mesurer l’empreinte du numérique dans leurs entreprises. Ils doivent aussi s’appuyer sur leurs fournisseurs et prestataires, et parfois même leur imposer plus de transparence dans le choix des solutions et des plateformes. Cela dit, certains fournisseurs et prestataires prennent à bras le corps ce sujet, c’est le cas d’Atos par exemple, présent à la COP26 à Glasgow, qui a créé cet été l’offre « A to Zero » garantie « zéro émission nette. » Cette offre composée d’outils et de services a pour objectif d’accompagner les entreprises dans leur stratégie de décarbonation. Autre exemple, celui de Lenovo qui teste actuellement en Europe son offre CO2 Offset Services sur les PC et peut-être bientôt sur les serveurs dont le but consiste à compenser les émissions de CO2 provenant de la fabrication, de l'expédition et de l'utilisation de certains produits Lenovo pendant une période pouvant aller jusqu'à cinq ans par le paiement d’une redevance à son partenaire associatif Clim’Eco. Ce dernier va, par la suite, financer de la reforestation ou bien des projets d’énergies renouvelables. En contrepartie, les entreprises clientes reçoivent une certification de compensation carbone éditée par la société Clim’Eco. De nombreuses autres initiatives existent. Plus de 10 ans après la vague du Green IT, une nouvelle étape est engagée, c’est bien celle de la décarbonation du secteur du numérique.
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