A la fois agence de conseil en technologie numérique et éditeur de solutions marketing, Ysance a capitalisé sur son expérience pour lancer il y a un an et demi son offre SaaS Digital Data Factory. Cette plateforme de gestion de données collecte et organise les informations sur les clients provenant de toutes sources. « Elle fait la réconciliation entre le monde digital et le monde réel, réalisant ainsi le mix du parcours client », explique Romain Chaumais, directeur du développement d’Ysance. Pour développer cette plateforme de gestion de données (DMP pour Data Management Platform), la société créée en 2005 par Laurent Letourmy et Romain Chaumais vient de lever 5 millions d’euros auprès de Creadev. L’actionnaire qui entre ainsi, de façon minoritaire, au capital d’Ysance n’est autre que la société d’investissement entrepreneuriale de la famille Mulliez (groupe Auchan, Saint Maclou, Boulanger, Decathlon, etc.). Dans le secteur du « digital », Creadev a déjà investi dans Sculpteo (impression 3D) et dans le groupe Acticall (relation client externalisée).
Avec cet apport financier, Ysance va renforcer les équipes de sa Digital Data Factory dans les 6 à 8 mois qui viennent. Sur les 50 recrutements prévus, la société en a déjà concrétisé une quinzaine en un mois. Elle compte actuellement 110 salariés. « Nous serons sans doute 150 avant la fin de l’année prochaine », nous a indiqué Romain Chaumais, directeur du développement d’Ysance.
La « Magic Sauce » de la DMP : réconcilier online et offline
« Les clients interagissent beaucoup, comme ils ne l’ont jamais fait jusque-là. La DMP permet d’obtenir une vision fusionnée de leurs parcours sur tous les points de contact ». Une fois les données collectées, on dispose d’une information riche sur leur parcours online, leurs habitudes de consommation, la façon dont ils consultent leurs e-mails, etc. Ysance apporte en complément des connecteurs pour récupérer les données sur les systèmes d’information des entreprises. « Car la « Magic Sauce » de notre solution, c’est la capacité à réconcilier ce que le client fait online et offline », pointe Romain Chaumais. « Pour le faire, nous utilisons des techniques d’on-boarding qui consistent, par exemple, à coupler une carte de fidélité avec un e-mail, un ibeacon avec le mobile, un login, etc. »
Ces multiples techniques par lesquelles l’utilisateur révèle son identité permettront ensuite d’élaborer un graphe comportemental. « C’est la première phase, la deuxième phase étant la segmentation et le ciblage afin d’adresser le message marketing au bon moment à la bonne personne : un e-mail, un courrier papier, une notification, une personnalisation de l’app mobile, du retargeting publicitaire, etc. Il y a potentiellement des milliers d’options », souligne le directeur du développement d’Ysance en précisant : « Nous ne faisons pas tout. Nous réconcilions les données on line et offline, nous segmentons grâce à des algorithmes de machine learning, mais nous ne faisons pas l’activation, nous poussons vers les DSP (Demand Side Platform) de retargeting, les plateformes de gestion des campagnes marketing, les outils de recommandation, etc. ». Sa DMP échange et synchronise ses données avec ces différentes solutions. Dans son écosystème, on trouve déjà une cinquantaine de partenaires parmi lesquels Neolane, Smart Focus, Hybris, Salesforce, Prestashop, Magento, Experian, Rich Relevance ou Kameleoon, pour ne citer qu'eux.
Développeurs UI/UX, data scientist, spécialistes du cloud
La Digital Data Factory s’adresse à tous les secteurs d’activité mais intéresse particulièrement le monde de la distribution (retail) et du e-commerce, des médias, de l’assurance, de l’automobile et de l’industrie, du tourisme et du transport. Parmi les cas d’usage, Ysance cite l’augmentation du taux de conversion entre la recherche d’un article sur le web et son achat en boutique (Ropo, research online, purchase offline) , la monétisation d’une audience pour les groupes médias, la lutte contre l’attrition, la détection des intentions d’achats à partir des visites sur les sites web, la réactivation des clients - dans le tourisme et le transport - ou la stimulation du cross-selling dans le e-commerce. Cette plateforme DMP « First Party » (c’est-à-dire qui valorise les données des clients de l’entreprise par opposition aux données récupérées de tierces parties) compte notamment L’Express parmi ses premiers utilisateurs. Elle est tarifée sur la base d’un abonnement mensuel, en fonction de l’usage et peut être testée gratuitement pendant un mois (sans support utilisateurs, avec une profondeur historique des données collectées sur 3 mois, contre 24 ou 36 mois pour les versions Advanced et Enterprise).
Interrogé sur les compétences recherchées par Ysance pour développer cette solution, Romain Chaumais cite « des développeurs spécialisés dans les interfaces et l’expérience utilisateurs (UI/UX), des architectes dans le domaine du big data et des applications web massivement scalables », mais aussi « des spécialistes du cloud computing et des techniques de développement automatisé », sensibilisés à la démarche DevOps, ainsi bien sûr que des data scientists. « Nous allons développer de nouveaux algorithmes d’apprentissage de type machine learning », explique Romain Chaumais. A l’international, Ysance a l’ambition de commercialiser sa solution en Europe et aux Etats-Unis et de bâtir outre-Atlantique les partenariats nécessaires à la mise au point de nouveaux connecteurs. « La DMP a un rôle de hub », rappelle-t-il à ce sujet. Sur le salon Big data Paris en mars dernier, le jeune homme nous confiait qu’il rêvait d’une aventure à la Criteo.