Yahoo abandonne définitivement Microsoft pour Google
Quelques heures seulement après avoir annoncé qu'il mettait fin aux discussions avec Microsoft, Yahoo indique avoir conclu un accord avec Google. Un camouflet pour le géant de Redmond qui, non seulement aura totalement échoué dans sa tentative d'acquérir Yahoo, mais devra en outre assister à la collaboration de ses deux principaux concurrents sur le marché de la publicité en ligne.
L'accord signé entre Yahoo et Google prévoit l'affichage des publicités du second dans les pages de résultats du premier. Yahoo espère que ce partenariat, prévu pour durer 4 ans avec une possibilité d'extension à 10 ans, lui permettra d'accroître ses revenus de 250 M$ à 450 M$ après la première année, une somme qui pourrait par la suite atteindre 800 M$ annuels. « Nous croyons que cette association avec Google nous aidera à renforcer notre position concurrentielle et à dégager d'intéressants avantages financiers », a indiqué Jerry Yang, le co-fondateur et PDG du portail. Plus que de l'herbe coupée sous le pied de Microsoft, le patron de Yahoo s'est réjoui de la souplesse de l'accord passé avec Google. Yahoo pourra en effet choisir les mots clés qui, une fois tapés dans son moteur de recherche, feront apparaître les publicités de Google. Il aura également la possibilité de nouer des partenariats avec d'autres acteurs de l'e-réclame et de continuer à utiliser sa propre plateforme de publicité, Panama.
L'initiative devrait également s'avérer intéressante pour les actionnaires du groupe de Jerry Yang. « Bien qu'il ne puisse équivaloir à une acquisition de Yahoo par Microsoft, cet accord est probablement une démarche intelligente en ce qu'elle permet un investissement dans sa propre plateforme », explique ainsi Greg Sterling, analyste chez Sterling Market Intelligence.
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Un accord déjà expérimenté en avril
Les discussions entre Yahoo et Google avaient commencé il y a plusieurs mois. L'éventualité d'un accord passé entre les deux acteurs permettait au premier d'envisager de renforcer ses positions sur le marché de la publicité en ligne sans pour autant tomber dans l'escarcelle de Microsoft. Ce dernier avait souligné qu'un partenariat Google-Yahoo constituerait une mauvaise décision qui ne concourrait qu'à armer encore un peu plus Google, déjà largement en tête sur le créneau de la publicité.
Selon les deux nouveaux associés, l'accord des autorités de régulation n'est pas nécessaire. Ils attendront néanmoins trois mois et demi avant de mettre leur plan en application, le temps pour le DoJ (Department of Justice, équivalent américain du ministère de la Justice) d'examiner les termes de l'accord. Un examen déjà entrepris en avril, quand les deux acteurs du Web avaient annoncé, à titre expérimental, un partenariat exactement semblable à celui divulgué aujourd'hui.
Reste que ce partenariat ne constitue par un point final aux soubresauts qui ont rythmé la vie de Yahoo au cours des derniers mois. Son conseil d'administration, qui doit être renouvelé au mois d'août, est toujours sous la menace de la bataille de mandats initiée par le milliardaire Carl Icahn. Celui-ci a en effet Jerry Yang dans le collimateur et veut lui faire payer son refus de céder aux avances de Microsoft. L'investisseur a donc initié une bataille de mandats visant à réunir les votes des actionnaires mécontents afin de remplacer les membres du conseil d'administration par des personnes disposées à collaborer avec Redmond.