« Nous avons passé le cap des 10 000 clients dans le monde et 2 050 en Europe » énonce d’emblée Pierre Gousset, VP avant-ventes pour l'Europe du Sud chez Workday. L’éditeur spécialisé dans les RH et la planification budgétaire a récemment annoncé ses résultats financiers du quatrième trimestre et de l’exercice 2023, avec 6,22 milliards de dollars de revenus pour l’année. Les chiffres en hausse de 21 % d'une année sur l'autre ont même dépassé les attentes des analystes. En France, le temps est au beau fixe pour Workday. Le pays, qui fait partie des quatre zones prioritaires en matière d’investissement et de développement aux côtés de l’Allemagne, de l’Australie et du Royaume-Uni, a connu 30 % de croissance durant l’année écoulée. « Les perspectives continuent d’être très positives et bien réparties sur l’ensemble du portfolio » affirme Hubert Cotté, directeur général France. En ce qui concerne l’Hexagone, « 30 % du CAC 40 utilise les solutions Workday » ajoute le directeur général France. Les clients ciblés sont à la fois des grands comptes et des entreprises de taille intermédiaire (soit moins de 3 500 employés). Il note toutefois une accélération très forte sur le marché des ETI qui représente à présent 50 % de la base clients française de l’éditeur. « A terme on aura plus de clients dans le mid market que dans les grands comptes ».
Son portefeuille clients s’est élargi avec ADEO (maison-mère de Leroy Merlin), l’équipementier automobile Delfingen, le fournisseur de solutions gestion de stationnement Flowbird ou encore le spécialiste des services énergétiques Idex. Si Workday France opère sur l’ensemble des segments, il n’en reste pas moins qu’il se concentre sur les ressources humaines et la finance. Avec la pandémie, la transformation numérique a largement infusé dans ces métiers. « Les directeurs financiers s’intéressent de plus en plus à la gestion des capacités financières » poursuit Hubert Cotté. « Sur les clients du CAC 40, ce sont essentiellement les modules RH qui sont présentés ». L’explication est simple : SAP vend déjà ses solutions à 80 % à ces entreprises. Concernant les ETI, Hubert Cotté admet qu’il y a une accélération des logiques de transformation, qui s’avèrent parfois plus agiles que des grands comptes.
« En 18 mois tout a changé dix fois »
La pandémie a été un vecteur de transformation pour de nombreuses entreprises, c’est un fait. En revanche, elle a également bouleversé les approches en matière de recrutement et de rétention de talents. « Il y a une approche systémique des ressources humaines. La tendance est sur le management des talents en raison de la pénurie » confient Hubert Cotté et Pierre Gousset, notant dans le même temps une adoption à grande échelle de la solution Skills Cloud de Workday. Pour rappel, ce service utilise des informations sur les employés, récupérées dans des systèmes tiers, afin de mieux identifier et utiliser leurs compétences au sein de l’entreprise. Le directeur général France de Workday indique qu’ « en 18 mois tout a changé dix fois sur les RH et plus particulièrement le recrutement. Il y a une accélération de la prise de conscience de la part des RH. Il y a un effet post-covid sur la capillarité des sujets liés ». Selon lui, les ressources humaines sont un véritable levier de performance, notamment en ce qui concerne la planification stratégique. « On a lancé Scheduling pour la planification et on voit un intérêt de certaines industries pour ce type d’outil afin d’optimiser les ressources » note Pierre Gousset. Alimenté par l'IA, ce logiciel de planification fait correspondre les préférences des employés aux demandes de l'entreprise, générant des horaires qui conviennent à tout le monde.
Même si la tendance est à la contraction des budgets IT pour certains secteurs, Pierre Gousset se dit confiant, mais prudent, sur la conjoncture économique. « On voit une attention accrue à l’optimisation des coûts » admet-il. Lorsque l’on évoque les objectifs 2023 pour la France, Hubert Cotté est clair : « On a des ambitions de croissance très fortes en France. On souhaite croitre à minima de 30 % par an sur les trois prochaines années. Il y a une bonne pénétration du marché finance avec des indicateurs favorables et on voit également un énorme potentiel de développement avec notre base clients installée sur plus de processus stratégiques ». Il rappelle par ailleurs l’obligation prochaine (au 1er juillet 2024) d’émettre des factures électroniques. « La facturation électronique est un gros sujet en France. Workday offre déjà une couverture de solutions sur le sujet et travaille à ce que tous ses clients soient en conformité avec la réglementation à venir ».