Wipro à Sophia-Antipolis : « Le scénario de fermeture n'est qu'une des options »
Les quelque 61 salariés de Wipro Newlogic, filiale sophipolitaine de la SSII indienne spécialisée dans la R&D des réseaux sans fil, ne savent pas encore exactement à quelle sauce ils vont être cuisinés. La direction de la SSII et le comité d'entreprise n'ont pas du tout la même vision des choses. Ce qui est sûr, c'est que l'activité cessera d'exister - du moins au sein de Wipro - et que la plupart y perdront leur poste.
Wipro Newlogic est une entité issue du rachat par la SSII en 2006 de Newlogic, société autrichienne dont faisait partie Newlogic Sophia-Antipolis (créée en 1999). La société avait pour mission de développer des systèmes (d'abord Bluetooth, puis WiFi) dans le but de les proposer sous licence à des industriels. D'après Cédric Vandeburie, membre du CE, Wipro disposait d'une technologie concurrente, mais s'était souvent vu damer le pion par Newlogic, d'où sa décision de les racheter.
Attirer l'attention des médias et politiques locaux
Trois ans après, les salariés de Wipro Newlogic ont l'impression que le ciel leur tombe sur la tête. En fin de semaine dernière, ils ont défilé, tout de blanc vêtus, pour attirer l'attention des médias et politiques locaux. « Il n'y a eu aucun signe avant-coureur, explique Cédric Vandeburie. On allait même commencer à commercialiser les fruits d'un projet de trois ans, sur la nouvelle génération de WiFi. »
Pour Loïck Le Moigne, directeur marketing Europe continentale et en quelque sorte le porte-parole de Wipro en France, « il s'agit d'un marché vraiment sinistré, ce qui est d'ailleurs un gros problème pour toute la technopole de Sophia ». Il y a peu de demandes, fait donc valoir Loïck Le Moigne, et quand il y en a, « la pression sur les prix est telle » que l'activité n'est pas viable. D'où la décision de cesser cette activité de licence de propriété intellectuelle. En revanche, tient-il à préciser, « on n'est pas dans un scénario de fermeture, ce n'est qu'une des options ».
La direction et le CE ont en effet signé un accord de méthode, qui ouvre la voie à des discussions sur les divers scénarios possibles. Christophe Martinoli, directeur général France de Wipro, s'est ainsi rendu sur place pour présenter les options - à vrai dire bien maigres. Des salariés pourraient être reclassés, Wipro continuant d'embaucher en France (plus de 100 personnes auraient été engagées sur les 12 derniers mois). Toutefois, « la spécificité des personnes à Sophia est telle qu'il est difficile de leur trouver une place », indique la direction. Au final, « une bonne partie » des collaborateurs de Newlogic pourrait se voir proposer des affectations « à Rennes, Clermont, Toulouse... » D'autres pourraient rester sur place « si on trouve une bonne solution ».
Un grand groupe européen aurait signé un contrat pour un montant de 5 M€
[[page]]En l'occurrence, salariés et direction de Wipro Newlogic discutent d'une sorte de 'spin-off', certains collaborateurs pouvant reprendre une partie de l'activité - en comptant sur l'intérêt d'un certain gros client. D'après le CE, un grand groupe européen aurait signé « un contrat en plusieurs parties, pour un montant de 5 M€ », contrat qui n'aurait jamais été contresigné par la direction. D'où une suspicion, du côté des salariés, sur un éventuel comportement voyou d'une entreprise qui aurait profité des subsides publics sous forme de crédit impôt recherche et transféré la technologie en Inde avant de fermer les portes de sa filiale française.
D'après le quotidien Nice-Matin, le premier vice-président de la région PACA, Patrick Allemand, s'en est étranglé : « Depuis trois ans, Wipro a touché 7 M€ de crédit impôt recherche de l'Etat. Et dans le cadre du plan de relance, le groupe aurait bénéficié au printemps d'un nouveau crédit de 5,5 M€ ! Nous demandons à Christian Estrosi, ministre de l'Industrie et également maire de la ville de Nice, de vérifier ces versements. S'ils sont confirmés, on va exiger leur remboursement. »
Les choses devraient se dénouer le 8 octobre, lorsque le CE rendra son avis
Bien évidemment, la direction de Wipro réfute en bloc ces accusations. Pour Loïck Le Moigne, il n'y a eu « aucun transfert de technologie » et la cessation d'activités n'était aucunement préméditée. Quant au contrat providentiel, qui aurait permis de poursuivre l'activité, « il y a bien eu une avancée, mais ça n'a jamais été signé par le client ».
Sauf incident, les choses devraient se dénouer le 8 octobre, lorsque le CE rendra son avis. La direction de Wipro pourra alors continuer les procédures engagées, quelles qu'elles soient.