Windows Server 2016 constitue à la fois une évolution de l’actuel Windows Server 2012 R2 et une révolution dans la façon de faire de l’éditeur, constate notre confrère d’IDG qui a examiné la deuxième Technical Preview du prochain OS serveur de Microsoft, livrée à l’occasion de la conférence Ignite 2016 (à Chicago, du 9 au 13 mai). Ceux qui voudront continuer à utiliser le système d’exploitation comme ils le faisaient jusqu’alors pourront le faire moyennant une petite formation. En revanche, pour ceux qui veulent entrer dans le monde des serveurs cloud, des containers et des micro-services, Windows Server 2016 fournit une option pour installer Nano Server. Ce dernier utilise un Windows Server largement réécrit pour fournir un serveur compact (d’environ 400 Mo), sans interface graphique, géré à l’aide d’outils distants, dont PowerShell. C’est l’encapsulation la plus extrême de l’OS conçue par Microsoft pour les datacenters de demain. Il se pilote à l’aide de scripts et d’outils de gestion de configuration. Cette deuxième Technical Preview de Windows Server 2016 apporte aussi diverses nouveautés et modifications dans Active Directory, dans les services de fichiers et de stockage, au niveau du clustering et du réseau, ainsi que dans PowerShell.
En utilisant l’installateur de Windows Server 2016, il semble clair que Microsoft délaisse l’interface graphique, considérant de plus en plus le concept de serveurs comme un élément d’une infrastructure programmable, constate notre confrère Simon Bisson. Pour installer le serveur complet, on dispose par défaut de ce qu’on avait auparavant avec l’interface minimaliste de Server Core. L’installation d’une interface graphique nécessite de choisir l’option proposant des outils d’administration locaux. Il n’y a pas d’option Nano Server dans l’installateur de Windows Server, dans la mesure où sa mise en place nécessite de créer une image personnalisée (custom image) et d’utiliser les outils d’installation à distance de Windows.
Une orientation cloud privé
Notre confrère a installé Windows Server 2016 sur une machine virtuelle Hyper-V de test avec l’option outils d’administration. Il se lance avec une ligne de commande et avec Server Manager. Si on le souhaite, on peut disposer d’une interface complète avec les principaux éléments de l’interface de Windows 10, dont le menu Démarrer et le navigateur web Edge. On peut aussi se contenter de la ligne de commande et recourir aux outils de gestion distants pour les tâches plus complexes. La gestion des serveurs peut être centralisée avec PowerShell et si on veut administrer un serveur départemental, on peut l’installer avec les fonctions Add Roles de Windows Server.
Concernant Hyper-V, les évolutions se concentrent sur la mise en place de clouds privés et sur la migration des serveurs déjà installés. Par exemple, pour les instances en clusters, chaque nœud peut être mis à jour vers Windows Server 2016 sans affecter les autres et chacun des noeuds mis à jour fonctionnera avec Windows Server 2012 R2 jusqu’à ce que le dernier serveur le soit. Du côté de la portabilité des VM, jusqu’à ce que l’on update de façon explicite les fichiers de configuration pour une VM Hyper-V mise à jour, celle-ci continuera à fonctionner comme si elle se trouvait sur Windows Server 2012 R2. Les VM pourront être maintenues dans cet état jusqu’à ce que tous les serveurs hôtes soient upgradés. On pourra alors switcher la version des fichiers de configuration et donner accès aux nouvelles fonctions, mais en supprimant la portabilité entre les versions. L’un des futurs apports, pas encore disponible dans cette deuxième Technical Preview, permettra à un hôte Hyper-V de faire tourner une machine virtuelle étant elle-même un hôte Hyper-V, ce qui facilitera le déploiement d’environnements de test et de développement.
Nano Server : 3 000 instances sur un seul serveur
La principale nouveauté reste Nano Server, véritable refonte de Windows Server. Microsoft le décrit comme une plate-forme destinée aux solutions nées dans le cloud et aux micro-services. Pour fonctionner, il lui suffit d’un dixième de la place d’un Windows Server 2016 complet. Il est codé en 64 bits, ce qui signifie que tout ce qui est codé en 32 bits devra être entièrement réécrit. Pour l’installer, il faut connaître les outils de déploiement DISM (Deployment Image Servicing and Management). Une image pour installer Nano Server est incluse dans la version ISO de l’OS (fichiers non compressés). Elle peut être utilisée pour construire une image de disque dur virtuel à utiliser avec Hyper-V. Ce n’est pas simple de convertir une image en machine virtuelle, mais les outils de déploiement pour Nano Server devraient arriver avec System Center 2016.
Une fois Nano Server déployé et installé, il faudra utiliser les outils de gestion à distance de PowerShell. On comprend le recours à DISM pour déployer et configurer rapidement des disques durs virtuels Nano Server puisque l’usage est destiné à des environnements cloud « scale-out » permettant l’ajout de serveurs à la volée. Une fois que l’image DISM initiale est faite, les outils de gestion à distance peuvent appliquer la configuration du serveur lorsque l’image est déployée. Pour notre confrère d’IDG, l’utilisation typique de Nano Server, c’est de jouer les OS invités dans un cluster Hyper-V, chaque instance hébergeant un service. Au fur et à mesure que les services s’étendent, de nouvelles copies peuvent être mises en place et fonctionner suivant ce qui est demandé. Sur la conférence Ignite 2015, Microsoft a présenté une démo faisant tourner plus de 3 000 instances sur un seul serveur. Même s’il est possible d’installer des rôles et des fonctionnalités supplémentaires sur Nano Server via PowerShell et d’utiliser DISM pour les ajouter à l’image d’installation initiale, ou VHD (virtual hard disk), on est limité au départ à un nombre réduit de rôles pour les serveurs, incluant les rôles de compute, de serveurs de fichiers et de fail-over clustering. Il ne faut pas s’attendre à faire tourner du VDI ou des outils de gestion graphique sur Nano Server, il n’y a pas de pile graphique et aucun moyen d’en installer une.
Les fonctions de conteneurs avec la 3ème build
Une nouvelle version de PowerShell (5.0) apporte des fonctionnalités facilitant l’écriture de scripts complexes. Elle supporte les classes et les flux d’informations, par exemple pour fournir des données depuis les scripts vers les fonctions d’appel, ce qui permet de construire des workflows de gestion dans PowerShell. Des outils permettent aussi de gérer les messages chiffrés, ce qui est important lorsqu’il s’agit de travailler avec les serveurs fonctionnant en cloud public ou lorsqu’on passe par Internet. De la même façon, les outils DSC (Desired State Configuration) de PowerShell simplifient la gestion centralisée des configurations et permettent de configurer des serveurs à la volée lorsqu’ils sont déployés. En combinant DSC et Nano Server, on simplifie le déploiement d’applications et de services sur les images de serveurs nouvellement déployées. Si l’on utilise Nano Server pour héberger des microservices, DSC s’assurera que les pré-requis appropriés sont en place avant d’installer les composantes du service. Enfin, Microsoft a ajouté des outils anti-malware à Windows Server 2016. Ils fonctionnent et sont mis à jour dès le lancement, même si aucune interface utilisateur n’est installée par défaut.
La volonté de Microsoft de fournir une plateforme cloud hybride indique clairement la direction que prend Windows Server 2016. Les améliorations apportées à Hyper-V montrent qu’il sera plus facile de gérer des machines virtuelles en mettant à jour son environnement hôte, tandis que PowerShell occupe une place centrale avec l’arrivée de l’option Nano Server. On dispose des outils et des services pour construire une infrastructure cloud, prête à se superposer aux nouveaux outils Azure Stack et à faire tourner un cloud haute densité en self-service dans son propre datacenter. Cette build de l’OS serveur apporte donc beaucoup de nouveautés, mais on en attend d’autres tout aussi intéressantes pour la prochaine, notamment du côté des fonctions de conteneurs basées sur Docker (Windows Server Containers et Hyper-V Containers sont prévus pour cet été). Quoi qu’il en soit, on est encore loin de la version finale. Microsoft a clairement découplé ses développements de Windows client et serveur et Windows Server 2016 n’avance pas avec la même urgence que Windows 10.