Depuis samedi, une pétition en ligne contre les mises à jour automatique de Windows 10 a recueilli plus de 1 600 signatures sur Change.org. « Pour utiliser Windows 10 dans nos foyers et dans nos entreprises, Microsoft doit modifier son système d'exploitation et ses politiques de support », a écrit Susan Bradley, à l’origine de la pétition lancée il y a une semaine à l’attention du CEO de Microsoft, Satya Nadella. Consultante en réseau et en sécurité informatique, Susan Bradley est connue pour son expertise dans les correctifs de Microsoft. Elle signe des papiers dans la newsletter Windows Secrets et elle est très active sur la liste de diffusion PatchManagement.org, où les administrateurs IT viennent discuter des questions de mises à jour.
Fin août, sur le site Windows User Voice de Microsoft, Susan Bradley avait réclamé plus d'informations sur les mises à jour de Windows 10. Mais sa pétition va plus loin, puisqu’elle demande à Microsoft de modifier aussi le processus de livraison de ses MAJ. « Nous devons être en mesure de retarder ou de refuser les mises à jour qui peuvent avoir un impact négatif sur l’usage, des effets secondaires indésirables du genre « écrans bleus de la mort », ou perturber la fonctionnalité des périphériques connectés », écrit la consultante. « En tant qu’utilisateurs expérimentés de Windows, nous comprenons la nécessité de fournir des mises à jour de sécurité plus rapidement et d’une façon plus agile. À condition que cette souplesse ne soit pas source de risques supplémentaires pour nos systèmes ».
Une fronde s'organise contre Windows 10
Susan Bradley demande également à Satya Nadella de livrer aux utilisateurs de Windows autre chose que cet énigmatique texte standard qui accompagne chaque mise à jour. « Microsoft devrait fournir des informations détaillées indiquant précisément les changements auxquels nous pouvons nous attendre. Nous approuvons le modèle de mise à jour cumulatif, mais le manque de documentation ne nous permet pas d’avoir la diligence requise pour déployer et maintenir les systèmes Windows 10 en toute sécurité dans nos entreprises ».
Plusieurs signataires de la pétition soutiennent les demandes de Susan Bradley. « Ces changements sont nécessaires pour garantir la réussite de Windows 10. Ce manque de transparence et ce gavage forcé ne sont pas acceptables à l’ère de l'informatique ‘plus personnelle’ », a écrit Dennis Barr vendredi, reprenant le titre « More Personnal Computing » (Plus d’informatique personnelle) adopté par Microsoft pour l'un de ses groupes. « Ne pas savoir comment, quand et quelles mises à jour sont appliquées à l'OS dans un environnement de réseau d'entreprise notamment, est une folie », a écrit ce même vendredi Aaron Jervis. « Nous avons le droit de savoir ce que vous installez sur nos ordinateurs », a déclaré Jim Mitchem samedi.
Refus du modèle Windows as a Service
De nombreux pétitionnaires disent qu'ils refuseront de mettre à niveau leurs ordinateurs personnels vers Windows 10, ou qu’ils n’inciteront pas leurs entreprises à passer au nouvel OS tant que Microsoft ne fera pas marche arrière et ne donnera pas davantage d’informations sur ce qui est installé et à quel moment. Mais ces menaces et la pétition Change.org elle-même ont peu de chance de faire reculer Microsoft. Les 1 600 pétitionnaires ne représentent qu’une goutte d’eau dans le vaste vivier de clients Windows - Microsoft a récemment affirmé que Windows 10 tournait désormais sur 110 millions de machines. De plus, d’autres pétitions passées par le site n’ont pas réussi à faire bouger les entreprises technologiques. En 2013, par exemple, Google a ignoré les 100 000 signatures recueillies par plusieurs pétitions lancées sur Change.org lui demandant de revenir sur la fermeture de Reader et du service RSS associé.
Cependant, la pétition de Susan Bradley a donné un peu plus d’écho à ceux qui condamnent le modèle de support « Windows as a Service » qui consiste à livrer des mises à jour et de mettre à niveau le système d'exploitation à une cadence accélérée, avec des changements importants dans les fonctionnalités, le fonctionnement de l'OS, l’interface utilisateur (UI) et l'expérience utilisateur (UX) tous les quatre mois environ. La pétition ne vise pas ce tempo accéléré, mais plutôt les mises à jour cumulatives et leurs composants indissociables qui appliqueront des changements partiels, des corrections de bogues et des correctifs de sécurité. Car, comme l’a expliqué Microsoft dans son plan directeur, « contrairement aux versions antérieures de Windows, il n’est pas possible d’installer un sous-ensemble du contenu d'une mise à jour de Windows 10 ».
Dans les préversions de l’OS, les utilisateurs et les administrateurs IT pouvaient choisir les mises à jour et le moment de leur déploiement. Ils pouvaient aussi ignorer les mises à jour partielles signalées comme perturbantes ou même désastreuses par d’autres utilisateurs, ou revenir sur certains changements néfastes pour la stabilité des applications ou ceux qui bloquaient le PC. Pour répondre à ces plaintes, Microsoft a mis en avant les avantages de sa stratégie « Windows 10 as a Service », basée sur plusieurs « branches », ou filières de mises à jour. Microsoft a également fait valoir que la livraison échelonnée de chaque mise à jour - les participants au programme Insider bêta, puis la Current Branch, enfin la Current Branch for Business – améliorerait leur qualité, dans la mesure où à chaque étape elles sont testées par des millions d’utilisateurs. Selon Microsoft, « les utilisateurs professionnels peuvent accepter chaque mise à jour sans crainte de rupture et sans avoir à procéder aux tests à grande échelle pratiqués jusque-là ».
Les relances répétées agacent les utilisateurs
Le problème, avec ce modèle, même en mettant de côté la différence d’approche entre Microsoft et les clients qui veulent un contrôle plus granulaire, c’est que les branches n’ont pas encore prouvé leur efficacité : Microsoft publiera la première mise à jour CB le mois prochain, et la première CBB sera livrée au printemps 2016. Microsoft n’a pas non plus achevé son travail sur Windows Update for Business (WUB), une version de Windows Update destinée aux entreprises. WUB ne sera pas un produit en soi, mais plutôt un ensemble de fonctionnalités et d'outils disponibles uniquement pour les entreprises ayant adopté la CBB. WUB ne sera pas finalisé avant l'année prochaine.
Dans le même temps, la résistance à Windows 10 a pris de l’ampleur, surtout dans l’entourage limité de ceux qui font tourner les Insider builds, la seule branche a avoir reçu des mises à jour régulières depuis le lancement de Windows 10 en juillet. Microsoft a également essuyé quelques revers dans d’autres pratiques liées à Windows 10, notamment son incitation agressive à faire la mise à niveau. Par exemple, les utilisateurs de Windows 7 et de Windows 8.1 critiquent de façon virulente le pré-chargement des fichiers de mise à jour de Windows 10 sur les machines sous Windows 7 et Windows 8.1. Ils se plaignent également de récentes pratiques, qu’ils jugent à la limite de la tromperie, comme l’installation automatique de Windows 10 via Windows Update et la sollicitation répétées de clients ayant déjà décliné la mise à jour.