Wimax, la stratégie de Bolloré
Le groupe Bolloré a créé la surprise en se portant candidat à une licence Wimax sur les vingt-deux régions ouvertes. Que vient donc faire un industriel des médias dans le paysage des télécoms françaises ? Jean-Christophe Thiery, Directeur Général de Bolloré Média, nous éclaire sur la stratégie du groupe.
R&T : Pourquoi ce soudain intérêt pour le monde des télécoms ?
Jean-Christophe Thiery : Voici bientôt cinq ans que le groupe Bolloré s'est lancé dans la communication et les médias. Ce pôle s'est, depuis, considérablement développé. Nous avons, notamment, investi dans Euro Média et la SFP, qui forment le premier groupe français de prestations techniques pour l'audiovisuel et le cinéma ; puis nous avons lancé, avec succès, Direct 8, une chaîne généraliste gratuite de la TNT, totalement en direct. Dans le secteur de la publicité, le groupe est désormais le premier actionnaire d'Havas, présidé par Vincent Bolloré, et d'Aegis. Poursuivant cette logique de diversification ciblée, nous avons réfléchi à la convergence entre les médias et le monde des télécommunications. L'appel à candidature de l'Arcep sur les licences Wimax nous permet de concrétiser notre intérêt pour le secteur des télécoms. Nous sommes candidats aux licences Wimax parce que nous avons un projet ambitieux et cohérent. Nous avons déployé beaucoup d'efforts pour concevoir un réseau de nouvelle génération et optimiser les déploiements nécessaires à une couverture de chaque région.
R&T : Quels sont les atouts de la technologie Wimax ?
J.-C. T : Tout d'abord, nous avons la certitude que les besoins des consommateurs en haut débit, fixe ou nomade, vont aller crescendo. C'est évident ! Cette demande est nationale et touche tous les citoyens. La technologie Wimax répond totalement à ces besoins. Elle permet de couvrir de larges territoires à des débits élevés et à moindre coût. Le Wimax est, de plus, riche en promesses, notamment avec les évolutions du 802.16e.
R&T : Serez-vous un acteur Wimax exclusivement ?
J.-C. T : Notre objectif est de nous positionner sur les débits, les tarifs et le contenu. Nous voulons offrir le meilleur service et les contenus les plus pertinents, à des prix attractifs pour nos abonnés. Nous proposerons des offres spécifiques à des communautés (sportives, étudiantes...), et nous nous attacherons à offrir une facture unique incluant les services voix, data, vidéo et, bien évidemment, les services en nomadisme... Nos offres seront acheminées par la technologie Wimax, mais, si besoin, nous n'excluons pas l'usage d'autres technologies, y compris filaires. Le fil directeur de Bolloré Télécom restera, avant toute chose, l'innovation. Nous avons réuni des compétences très pointues pour que les usages du haut débit se généralisent.
R&T : Quelles sont vos expertises métiers déclinables sur le Wimax ?
J.-C. T : Le groupe Bolloré est très impliqué dans les secteurs du transport, de la logistique, de la gestion d'infrastructures portuaires, domaines dans lesquels le Wimax peut offrir de multiples services innovants. Dans le secteur de la publicité et dans les médias, on peut imaginer que le Wimax nous permettra de diffuser nos contenus vidéo et audio ou encore de gérer l'affichage urbain à distance, permettant ainsi de fournir l'information géographiquement ciblée, de manière dynamique.
R&T : Etes-vous confiant sur l'attribution des licences par l'Arcep ?
J.-C. T : L'Arcep a retenu des critères objectifs pour retenir les meilleures candidatures. Sur au moins deux des trois critères de sélection, la candidature de Bolloré Télécom me semble intéressante. Tout d'abord, le groupe Bolloré est, depuis près de deux cents ans, un groupe français, indépendant, avec des capacités financières importantes ; cette position lui permet d'investir dans des projets ambitieux dans une perspective de long terme. Notre implication dans le secteur des télécoms sera bénéfique à la concurrence, ce qui constitue un objectif majeur de l'Arcep, comme elle l'a prouvé sur le marché du dégroupage. Par ailleurs, nous avons pris des engagements très concrets pour réduire la fracture numérique en France. Par exemple, nous nous sommes engagés à déployer nos infrastructures Wimax aussi bien dans les zones denses que les zones blanches, ce qui permettra à 99 % de la population et des entreprises françaises d'accéder au haut débit. Nous couvrirons notamment la moitié des zones rurales françaises avant la fin 2008. Ensuite, nous réservons une cagnotte pour couvrir les éventuels trous et zones d'ombre dans la couverture.
R&T: Vous êtes-vous fixés une limite en deçà de laquelle vous jetterez l'éponge ?
J.-C. T : Chaque région représente un réel intérêt. Par ailleurs, nous faisons confiance à l'Arcep pour composer un ensemble cohérent.
R&T: Resterez-vous seul ?
J.-C. T : D'ores et déjà , Bolloré Télécom regroupe les talents et les compétences de trois partenaires, dont Hub Télécom, qui est un opérateur télécoms retenu, et Antalis TV, qui est un diffuseur technique performant. Notre démarche est guidée par le pragmatisme, et nous sommes ouverts à tout autre partenariat, notamment avec toutes les collectivités territoriales qui le souhaiteraient.