Les technologies informatiques et numériques sont conçues et mises en production par des hommes et des femmes dont nous relatons le parcours au fil des mois. Chaque fin d’année est l’occasion de remettre en lumière certaines et certains d’entre eux à travers leurs initiatives, leurs projets, leurs parcours de croissance, leurs recherches ou leurs innovations. La Rédaction du Monde Informatique propose à ses lecteurs d’élire leur Personnalité IT de l’année 2020 parmi les dix entrepreneurs, DSI ou représentants institutionnels et académiques qu'elle a retenus. Quel est votre choix ? Vous avez jusqu’au 19 décembre pour voter.
Les votes sont clos.
Par ordre alphabétique, nous avons retenu cette année :
Lila Benhammou, fondatrice et présidente de Humans4help, entreprise de services numériques spécialisée dans l’efficacité opérationnelle à travers l’analyse des processus et leur automatisation (process mining et RPA, robotic process automation). L’ESN fait parler les données en fonction des processus à automatiser. Une particularité : Lila Benhammou a créé Talent hub pour former de jeunes diplômés sur les technologies que sa SSII déploie chez ses clients : RPA, intelligence artificielle, blockchain et soft skills pour savoir gérer les dossier sous pression dans des délais réduits. Les jeunes recrues, formées par Humans4help, rejoignent les équipes chez les clients pour sécuriser la réussite des projets de transformation numérique. Au bout de 8 mois, elles peuvent être intégrées dans les entreprises qu’elles ont ainsi accompagnées.
Sovan Bin, fondateur et PDG d’Odaseva, éditeur d’une plateforme de gouvernance des données SaaS qui intervient sur trois terrains : la protection des données (sauvegarde/restauration), la conformité réglementaire (incluant le respect du RGPD) et le dataops (suivi des transferts des données). Principalement axé sur l’univers de Salesforce, la société installée entre Paris et San Francisco vient de lever 21 M€ en série B pour ouvrir son offre vers d’autres applications SaaS dont celles de Microsoft et Google. Les demandes de ses clients portent sur des environnements gérant de gros volumes et d’un usage critique. La R&D d’Odaseva reste basée en France. L’entreprise prévoit de recruter sur toutes les géographies pour soutenir son expansion, notamment aux Etats-Unis.
Sovan Bin, fondateur d'Odaseva. (Crédit : Odaseva)
Laurence Corchia, directrice supply chain d'Oscaro. Le spécialiste des pièces détachées neuves et d'origine pour l'automobile gère un million de références. Il s’appuie sur une organisation logistique internalisée et sur mesure dont le rôle est essentiel pour garantir sa qualité de service. L’entreprise dispose de deux entrepôts en région parisienne. Les trois-quarts des flux y sont traités en cross-docking ce qui lui permet de travailler en flux tendu avec un stock très faible. Oscaro travaille sur un système prévisionnel pour anticiper les volumes de commandes du week-end.
Laurence Corchia, directrice supply chain d'Oscaro. (Crédit : A.Chandèze)
Philippe Corrot, co-fondateur et PDG de Mirakl, fournisseur d’une solution de marketplace qui s'inscrit dans l'économie de plateformes. La société co-créée en 2012 avec Adrien Nussenbaum a réalisé en septembre une levée de fonds de 255 M€, la plus importante affichée à ce jour par une start-up en France. Devenue licorne européenne, Mirakl affiche une valorisation de 1,3 Md€. Dans le monde, elle compte plus de 300 clients qui hébergent les produits de vendeurs tiers sur leurs marketplaces en se rémunérant via une commission sur les transactions. Parmi ceux-ci, Carrefour, Auchan, Fnac-Darty, Conforama, Galeries Lafayette ou Best Buy et Kroger outre-Atlantique. Mirakl compte recruter 1000 personnes sur 3 ans dont 300 ingénieurs en France.
Philippe Corrot, co-fondateur de Mirakl. (Crédit : Mirakl)
Joanne Deval, DSI Groupe de Air Liquide. Le producteur de gaz industriels au chiffre d’affaires de 22 Md€ est présent dans 80 pays avec 67 000 collaborateurs. En tandem avec le Chief data officer, Joanne Deval y dirige le département Digital et IT. Ce dernier conçoit, développe et opère l’ensemble des solutions et services numériques du groupe avec le niveau d’exigence voulu par les métiers, dans le respect de leurs priorités, et en jouant auprès d'eux le rôle de conseil attendu. Garder le cap sur ce binôme digital-IT/métiers reste le principal défi, souligne la DSI Groupe. L'objectif étant de guider « le choix des bonnes technologies tout en délivrant et en garantissant la sécurité ».
Joanne Deval, DSI Groupe de Air Liquide. (Crédit : Bruno Levy)
Safia D’Ziri, directrice des solutions numériques au Département de Loire-Atlantique et vice-présidente d’ADN Ouest. Avec son équipe, elle a accompagné 4 500 agents de la collectivité locale dans leur passage au télétravail en mars dernier, lors du premier confinement imposé par la pandémie de Covid-19. En fournissant, d’une part, un accès sécurisé aux applications métiers et en apportant, d’autre part, des outils de collaboration et de productivité. Le week-end des 14 et 15 mars, un plan de continuité a été peaufiné pour anticiper cette transition, garantir la stabilité du système d’information et accompagner les utilisateurs. Le recours au développement agile a permis de mobiliser des collaborateurs pour développer très vite les outils demandés par la cellule de crise.
Safia D'ziri, directrice des solutions numériques au Département de Loire-Atlantique. (Crédit : D.R.)
Elisabeth Moreno, ministre déléguée à l'Egalité femmes-hommes, à la Diversité et à l'Egalité des chances nommé par le Premier ministre Jean Castex en juillet. Cette figure du numérique français a occupé des postes de direction chez les trois grands fabricants de PC, Dell, Lenovo et HP, après être passé par France Télécom (aujourd’hui Orange). Elle a dirigé la filiale française de Lenovo pendant 7 ans, avant de devenir directrice générale de HP pour la zone Afrique puis de prendre cet été ses fonctions ministérielles. Tout au long de son parcours, les questions de l’égalité femmes-hommes et de la diversité lui ont tenu à coeur au sein des équipes qu’elle a dirigées. « Une entreprise est plus forte quand elle est diverse, quand il y a des talents divers, des manières de réfléchir différentes », exprimait-elle lorsqu'elle à la tête de Lenovo France, interviewée par Le Monde Informatique.
Elisabeth Moreno, ministre déléguée à l'Egalité femmes-hommes, à la Diversité et à l'Egalité des chances. (Crédit : Gouvernement.fr)
Eléna Poincet, fondatrice et directrice générale de Tehtris, start-up de cybersécurité qui vient de lever 20 M€. Après avoir développé un SOC, la société créée il y a dix ans a livré en 2019 sa plateforme xDR (extended detection and response) qui utilise des capteurs, tels que les composants endpoint detection and response, pour améliorer les capacités de détection et de réaction face à une attaque du réseau où elle est installée. A partir de sa console unifiée, la solution permet aux analystes de cybersécurité de mixer différentes visions, sans angle mort, explique Tehtris. Sa plateforme réunit de nombreuses briques (SIEM, EDR, EPP, MTD, honeypots, NTA, DNS, pare-feu, Zero Trust Response…) orchestrée et automatisée par le SOAR intégré.
Eléna Poincet, fondatrice de Tehtris. (Crédit : Tehtris)
Guillaume Poupard, directeur général de l’ANSSI, l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information. Dans un contexte marqué par la recrudescence et la virulence des cyberattaques qui touchent presque quotidiennement les entreprises, l’autorité nationale qu’il dirige a publié cet automne un guide sur l’organisation d’exercice de gestion de crise cyber. « Face à la menace, l’organisation d’exercices est fondamentale. En s’entraînant, les équipes impliquées dans la gestion de crise développent, exercice après exercice, des réflexes et des méthodes pour mieux travailler ensemble », explique Guillaume Poupard. « Lorsqu’une attaque survient, elles sont alors prêtes à y faire face. D’autant que les crises cyber ont leurs spécificités. Il ne faut surtout pas attendre la catastrophe pour apprendre à en maîtriser les rouages ! » Lors des Assises de la sécurité 2020 en octobre, le directeur général de l’ANSSI a estimé qu’après une phase d’évangélisation, les décideurs, ministres et citoyens ont désormais compris le risque cyber, ce qui permet maintenant de se concentrer sur les solutions.
Guillaume Poupard, directeur général de l'ANSSI. (Crédit : D.R.)
Maud Vinet, responsable du programme matériel quantique au CEA-Leti de Grenoble. Cette physicienne engagée dans l’informatique quantique - enjeu stratégique de souveraineté nationale pointé par le rapport Forteza - estime que la France a l'avantage d'avoir dans ce domaine des acteurs tout au long de la chaîne de valeur, dans l'industrie et la recherche. « Nous avons donc vraiment un potentiel de réussite », estime Maud Vinet. Pour relever ce pari, il faut financer la recherche, assumer le financement des risques industriels, soutenir l’innovation, animer les écosystèmes et pousser la formation, pointe la scientifique qui invite à se préparer au quantique en s’informant des différentes voies de recherche. Pour faire avancer les choses, les entreprises doivent soumettre aux spécialistes les applications sur lesquelles elles sont limitées dans leurs calculs pour déterminer si le quantique peut les faire progresser.
Maud Vinet, responsable du programme matériel quantique au CEA-Leti de Grenoble. (Crédit : CEA-Leti)