En direct de Barcelone - Si VMware, le spécialiste de la virtualisation, a longtemps été à la traine sur le cloud public, cette période semble révolue. Après un premier partenariat stratégique avec IBM Softlayer sur Cloud Foundation (avec Bluemix ou vRealize) annoncé en aout dernier et disponible ce trimestre, VMware a décidé de mettre les bouchées double en annonçant la semaine dernière un accord plus significatif avec AWS et l’arrivée prochaine de son architecture Cross-Cloud – en technology preview aujourd’hui et disponible en 2017 - pour supporter plus de fournisseurs de services en ligne et simplifier le cloud hybride.
L'architecture Cross-Cloud de VMware est attendue en 2017.
Google Cloud avant Microsoft Azure « Après la virtualisations des services, nous sommes passés à la virtualisation du cloud avec une nouvelle couche d’abstraction pour le datacenter », a expliqué Pat Gelsinger, CEO de VMware, à l’occasion de la convention VMworld Europe à Barcelone (les 18 et 19 octobre). Après la virtualisation des serveurs (vSphere), du stockage (vSAN) et du réseau (NSX), VMware compte bien s’imposer sur celui du cloud en réexploitant ses trois briques de base en mode bare-metal - comme chez AWS - ou avec un portail de services comme pour Cross-Cloud Plateform (voir plus bas). « Il y a deux trois ans, nous n’aurions pas pu faire cela mais grâce à des collaborations innovantes nous avons pu avancer pour le bénéfice de nos clients », a assuré le CEO de la compagnie. VMware Cloud pour AWS permet de déployer ou transférer - avec vMotion - des VM dans AWS depuis une console vCenter avec une facturation unique. Questionné lors d’un point presse sur le choix d’Amazon pour supporter le premier les services SDDC de VMware dans le cloud, Raghu Raghuram, EVP et directeur général de l’activité SDDC chez l’éditeur, a simplement répondu : « parce que c’est le cloud le plus utilisé ».
« Nous avons déjà beaucoup de clients qui exploitent notre plate-forme SDDC et qui utilisent intensivement AWS, ils devraient donc naturellement basculer vers VMware Cloud for AWS», a précisé Sylvain Cazard, directeur général de VMware France. L’offre de VMware sera disponible mi-2017 et on saura alors quelles régions d’AWS seront concernées. « Les préparatifs concernant l’ouverture de datacenters en France ont déjà commencés, et la plate-forme sera ouverte en 2017 », a indiqué selon Mike Clayville, vice-président d’AWS lors d’un point presse, mais on ne sait pas encore si VMware Cloud for AWS sera conjointement proposé en France à cette date.
Pat Gelsinger, CEO de VMware, Mike Clayville, VP d'AWS, et Jean-Pierre Brulard, SVP de VMware EMEA, au VMworld 2016 à Barcelone pour l'annonce de VMware Cloud for AWS.
Interrogé sur les prochaines plates-formes cloud supportées par l’éditeur, Jean-Pierre Brulard, SVP et directeur général de VMware EMEA, nous a indiqué que ce sera Google Cloud avant Microsoft Azure. La part de marché du second est pourtant plus importante que celle du premier. Mais le portage ne sera pas de type bare-metal comme pour AWS mais passera pas la plate-forme de services CrossCloud pour travailler via des API avec NSX, assurer l’automatisation des tâches et accéder aux données tout en conservant leur conformité dans le cadre d’un cloud hybride.
280 partenaires vCloud Air Networks
Entre les deux se glisse l’initiative Cloud Foundation. Cette dernière reprend les trois briques de base de VMware avec une orchestration (vRealize, Bluemix…) laissée à la discrétion du partenaire. C’est la passerelle exploitée par le vCloud Air de l’éditeur (14 datacenters cloud public dans le monde avec notamment l’Angleterre et l’Allemagne mais toujours pas la France) et l’offre vCloud Air Networks. « 280 partenaires sont engagés dans le programme vCloud Air Networks en France, selon Sylvain Cazard, avec de la valeur ajoutée sur chaque marché […] Nous avons 50% de croissance sur ce secteur, et OVH est notre plus grand partenaire aujourd’hui mais il n’y aura pas d’ouverture de datacenter VMware en France ».
Près de 10 000 clients et partenaires sont attendus pour cette édition européenne de VMworld à Barcelone.
Pour ce qui concerne les acteurs français - faute de vrai leader suite à l’échec des initiatives autour du cloud souverain - c’est l’hébergeur nordiste OVH qui semble tenir la corde devant IBM et Orange. « Les discussions sont bien engagées avec les opérateurs français - et notamment un en particulier - mais c’est difficile », nous a assuré Jean-Pierre Brulard. « Ils sont encore très focalisés sur de petits projets cloud multi-tenant et pas sur des grands comptes comme T-System en Allemagne ou Swisscom en Suisse ». Et avec l’arrivée prochaine des géants du cloud américain en France - Microsoft Azure et AWS pour ne pas les nommer - la compétition locale risque d’être encore plus rude pour tous les acteurs - ArubaCloud, Ikoula. OVH… - qui ont jusqu’à présent réussi à tirer leur épingle du jeu.