Si peu de temps après les annonces produits faites par VMware à San Francisco, fin août, on ne pouvait pas s'attendre à des révélations fracassantes sur l'édition européenne - quoique, dans cette catégorie, le rachat d'EMC par Dell a constitué un morceau de choix dont le timing a échappé à VMware. A Barcelone, l'éditeur californien avait néanmoins gardé quelques éléments à distiller sur son VMworld Europe 2015. Après les nouveautés d'hier sur les offres vCloud NFV (virtualisation des fonctions réseaux), vCloud Air (cloud public) et vRealize (software-defined data center), le 2ème jour de la conférence a porté sur la virtualisation de l'environnement utilisateur (VDI) et sur celle du réseau, avec des éléments intéressants sur les évolutions de l'offre NSX.
Pour clore l'ensemble, Pat Gelsinger, CEO de VMware, est venu apporter sa caution à l'événement, mais sans renouveler toutefois la présentation qu'il avait déjà faite lors de VMworld 2015 US sur « les 5 impératifs de l'ère numérique ». Ironie du sort, il y pronostiquait alors que la moitié du Top 100 des sociétés technologiques aurait disparu de la liste dans 10 ans (par rachat, transformation ou extinction) et, à peine six semaines plus tard, voilà qu'EMC - principal actionnaire de VMware (80%) - est lui-même frappé par la prophétie. Mais le pire des risques est de n'en pas prendre, a de nouveau souligné Pat Gelsinger : « Nous aussi sommes tenus de bouger rapidement », a-t-il pointé avec fatalisme.
Project A2, une console MDM pour Windows 10, Android et iOS
Avant la keynote du CEO, Sanjay Poonen, DG de l'entité End-user computing (EUC) avait abordé la virtualisation du poste de travail. Dans ce registre, il a annoncé l'acquisition de Boxer qui aborde la gestion des apps mobiles avec une approche de type containers. Combinés à AirWatch, les outils ainsi rachetés fourniront des services d'accès sécurisé à la messagerie, aux contenus et aux apps. Boxer a développé un logiciel de gestion des données personnelles pour les entreprises. Par le biais de partenariats, celui-ci fonctionne avec Box, Dropbox, Evernote, Gmail, iCloud, Salesforce, Outlook et plusieurs autres services en ligne parmi les plus utilisés.
Sanjay Poonen a par ailleurs reparlé du projet A2 (A carré) montré à San Francisco. Cette préversion s’appuie sur la solution de gestion des terminaux mobiles AirWatch et sur la technologie App Volumes pour faciliter l’administration des environnements Windows 10. Cette fois-ci, le DG d’EUC a montré que l’on pouvait, à partir de la même console, gérer aussi facilement les terminaux Android et iOS.
Sanjay Poonen a montré la mise à disposition rapide d'un ensemble d'apps, sur des terminaux Android et iOS. (agrandir l'image)
Avec le SSO (single sign-on), l’utilisateur accède en un clic aux différentes applications mises à sa disposition, qu’il s’agisse de SAP, Workday, Salesforce ou DocuSign, comme l’affichait la démonstration de Sanjay Poonen. La présentation mettait aussi en avant les capacités de micro-segmentation du logiciel de virtualisation réseau NSX qui, lorsqu’on les associe à AirWatch, permettent de désactiver l’accès à certains éléments dans une application, en fonction des permissions accordées ou non (dans la démo, une application décisionnelle de type Balanced Scorecard comportant des informations stratégiques).
NSX demain : la connectivité avec le cloud public
Sur NSX justement, Martin Casado, DG de l’entité Réseaux et Sécurité (NSBU), a fait intervenir l’un des plus anciens clients du produit, la firme néerlandaise Schubert Philis, qui a retenu la solution lorsqu’elle s’appelait encore Nicira. Cette société d’ingénierie informatique a mis en oeuvre un environnement SDDC (software-defined datacenter) pour fournir des applications sensibles à des services financiers et des fournisseurs de la grande distribution, notamment. Fens Kessen, ingénieur sur ces missions critiques, est venu illustrer la facilité avec laquelle il était possible d’intervenir sur la détection de problèmes. « Pour nous, NSX, c’est un peu comme le DevOps pour le networking », a-t-il résumé avec le sens de la formule. La version 6.2 du produit a été annoncée il y a six semaines.
Fens Kessen, ingénieur chez Schubert Philis, ci-dessus à Barcelone, voit en NSX une sorte de DevOps pour le networking (agrandir l'écran extrait de sa démonstration).
Enfin, au-delà de la micro-segmentation et de l'automatisation de tous les services réseaux et de sécurité - fonctionnalités les plus utilisés par les clients - ll y a aussi des demandes sur ce qui a été amené sur la version 6.2, la connectivité entre datacenters. Et pour l'avenir de la solution, ce que prépare VMware, c’est aussi la connectivité interclouds, sans doute l'un des sujets les plus compliqués. Cette fois, c’est Guido Appenzeller, co-fondateur de Big Switch Network arrivé chez VMware l’an dernier, qui s’est mis aux manettes pour une connexion vers le cloud public, en l’occurrence, celui d’Amazon. Il s’agissait là aussi, d’une « preview » permettant d’accéder à AWS et de l’inclure dans son domaine réseau existant. Aujourd'hui, VMware dénombre 700 clients NSX dont 150 à 200 sont passés en production complètes pour des applications d'entreprise critiques.
Ci-dessus et ci-dessous, NSX se connecte au cloud public Amazon Web Services.