Visa espère convaincre Apple de proposer rapidement sa plate-forme de paiement sans contact en Europe. La firme de Cupertino a déclaré hier que sa solution Apple Pay allait commencer à être déployée à travers les États-Unis en octobre, mais la société n'a pas révélé quand elle allait proposer sa plate-forme en Europe. Steve Perry, directeur numérique chez Visa Europe, a toutefois déclaré: « Nous travaillons en étroite collaboration avec Apple et nos banques membres afin d'offrir ce nouveau service sur le marché européen ».
Aujourd'hui, Apple Pay est compatible avec les fournisseurs de cartes Visa, Mastercard et American Express. « L'entrée d'Apple sur le marché représente un élément essentiel du puzzle sur le marché des paiements mobiles », a déclaré M. Perry. « C'est un moment charnière pour les paiements numériques qui montre l'élan derrière les services mobiles et sans contact ». Reste que ce marché n'a pas attendu Apple pour exister. Google propose depuis 2011 son système de paiement NFC Wallet aux États-Unis comme chez Macy's (voir illustration principale), Samsung s'est associé à Paypal Mobile et plus près de chez nous, Orange s'est associé avec Visa pour lancer une plate-forme de paiement mobile prépayé baptisée Orange Cash qui a déjà démarré dans les villes de Strasbourg et de Caen. Du coté des banques française, BNP-Paribas n'est pas en reste avec son app pour mobiles Kix qui est adossée à un compte bancaire maison. Après l'échec de Moneo, les solutions de porte-monnaie et de paiements électronique sans contact commencent à se développer en France malgré la méfiance naturelle des utilisateurs.
Des cartes NFC lancées en 2007
« Visa Europe a poussé le déploiement de paiements NFC depuis que nous avons lancé les premières cartes sans contact et des terminaux en 2007. Aujourd'hui, il y a plus de 1,5 million de terminaux Visa sans contact dans les magasins à travers l'Europe. Tous prêt à accepter les paiements mobiles et la décision d'Apple d'entrer sur le marché révèle tout le potentiel qui existe aujourd'hui avec les paiements numériques. Son soutien va accroître la notoriété et l'utilisation des services sans contact à travers le monde [...] nous nous attendons à un « effet de halo» qui profitera à tous les acteurs de l'écosystème de paiements mobiles », ajoute encore le dirigeant de Visa.
Le service de paiement mobile d'Apple, qui sera disponible sur iPhone 6, iPhone 6 Plus et la Watch uniquement ne risque toutefois pas de bouleverser le marché. Les anti-Apple qui sont aujourd'hui de plus de plus nombreux, ont de nombreuses alternatives aux États-Unis comme en Europe et avec des garanties de sécurité plus sérieuses que chez Apple. Il suffit de revenir sur l'affaire iCloud pour comprendre quelle importance la firme donne à la sécurité des données de ses clients.
Apple affirme aujourd'hui que 220 000 magasins américains seront en mesure d'accepter le paiement par Pay d'Apple lors de son lancement, y compris Subway, Macy et ToysRUs. Cependant, les paiements numériques via un terminal mobile sont encore un concept relativement nouveau qui a du mal à décoller. Pas sûr que l'impulsion d'Apple, qui prendra au passage une commission sur chaque achat (0,15% selon le Financial Times), suffise à rassurer les utilisateurs. Pourtant le système de « tokenisation » retenu par la firme de Cupertino évite l'envoi du numéro de carte bancaire pendant la transaction. Lors d'un règlement, l'iPhone 6 ou la Watch envoie un jeton de transaction unique (un numéro de carte bancaire virtuelle en fait) à l'intermédiaire bancaire (Visa, AmEx ou MasterCard) pour demander la validation de la transaction chez le commerçant. Encore une fois, Apple n'a rien inventé : Visa, MasterCard et American Express proposent ce service de numéros de transaction uniques depuis octobre 2013 pour la majorité des terminaux mobiles NFC... Visa profite d'ailleurs du buzz autour de l'Apple Pay pour relancer son Visa Token Service.