En mars 2022, le géant des réseaux sociaux (ex-Facebook) a annoncé la sortie dans plusieurs pays, dont la France, de lunettes connectées Ray-Ban Stories. Vendues au prix de 329 euros TTC, celles-ci sont disponibles depuis le 14 avril 2022. Pour ce tarif il est possible de déclencher l'enregistrement de clips de 30 secondes à 1 minute et de prendre des photos en cliquant sur des boutons incrustés dans la monture. Des micros ainsi qu'un haut-parleur proposent également de passer des appels ou écouter de la musique. Enfin, point essentiel et critique de ces lunettes, une LED indique à des tiers que le porteur de ces lunettes prend un cliché ou démarre l'enregistrement d'une video. Aujourd’hui, les lunettes connectées sont pointées du doigt principalement à cause de la collecte de données qu’elles engendrent.
Meta a en effet fait part d’un programme d’accès anticipé (early access) pour une deuxième version de ces lunettes connectées intégrant l’intelligence artificielle. Les Meta Ray-Bans doivent intégrer Meta AI, l'assistant d'IA multimodal propriétaire de l'entreprise. Par exemple, en prononçant la phrase « Hey Meta », les utilisateurs pourront contrôler des fonctions ou obtenir des informations sur ce qu'ils voient - traductions linguistiques, recommandations de tenues, etc. Seul hic, les données collectées par l'entreprise pour fournir ces services sont toutefois nombreuses et ses politiques de confidentialité laissent place à l'interprétation.
Une multitude de données collectées
Si cette fonction n’est pour l’instant accessibles qu’en version bêta et aux Etats-Unis, il n’empêche qu’elle pose un certain nombre de problèmes. Ainsi, « lorsque vous posez des questions à Meta AI sur ce que vous regardez, vos lunettes envoient une photo au cloud de Meta pour qu'elle soit traitée par l'IA. Après traitement, la fonction enverra une réponse audio sur vos lunettes, et vous pourrez consulter votre requête, l'image et la réponse dans « Vos demandes » peut-on lire dans la FAQ dédiée. S’en suit cette précision qui a son importance : « Toutes les photos traitées avec l'IA sont stockées et utilisées pour améliorer les produits Meta, et seront utilisées pour former l'IA de Meta avec l'aide d'évaluateurs qualifiés. Le traitement avec l'IA inclut le contenu de vos photos, comme les objets et le texte. Ces informations seront collectées, utilisées et conservées conformément à la Politique de confidentialité de Meta ».
Une liste détaillée, disponible sur la page dédiée à la politique de confidentialité de la firme, apporte quelques précisions sur les données recueillies. Il s’agit notamment de métadonnées telles que la date et l’heure de création du contenu, le type de contenu (photo ou enregistrement vidéo) et des informations techniques sur votre caméra ou sur d’autres capteurs des lunettes liés au contenu. Des informations géographiques mais aussi sur le terminal peuvent être collectées. Enfin, lorsqu’un service tiers est utilisé sur les lunettes, par exemple un lecteur audio, et en fonction de la façon dont le service fonctionne, Meta indique ceci : « Nous pouvons recueillir des informations sur votre utilisation de ce service. Par exemple, la fréquence et la durée d’utilisation, les informations du rapport d’incident en cas de panne et un token d’autorisation si une connexion est nécessaire. Les services tiers peuvent partager des informations avec nous lorsque le service est utilisé sur les lunettes ». Autre point : jusqu'à aujourd'hui, l'IA Meta exploitée par les lunettes Ray-Ban avait une date limite de connaissance fixée à décembre 2022, comme le rapportent nos confrères de ZDNet.com. Selon Andrew Bosworth, directeur technique de Meta, elles ont désormais accès à des informations en temps réel grâce à Bing.
Les lunettes connectées de Meta et Ray-Ban promettent d'être riches en fonctions, notamment grâce à des boutons et des capteurs directement présents dans la monture. (Crédit : Ray-Ban)
Des ventes à la traîne, des lunettes qui prennent la poussière
Dès les débuts pourtant, les développeurs ont intégré un certain nombre de fonctions destinées aux personnes soucieuses de leur vie privée : chiffrement, contrôle du partage des données, interrupteur physique pour la caméra, voyant lumineux lorsque la caméra est en cours d'utilisation, etc. Toutefois, cet ensemble de barrières ne semble pas suffisant aux yeux des utilisateurs potentiels. Selon un document de l'entreprise obtenu par le Wall Street Journal, les Ray-Ban Stories n'ont pas atteint leurs objectifs de vente à hauteur de 20 % environ, et même celles qui ont été achetées ont commencé à prendre la poussière. Un an et demi après le lancement, seuls 10 % d'entre elles étaient encore activement utilisées.