Netgem a annoncé le lancement d'une double Offre Publique sur Videofutur Entertainment Group. Il s'agit d'une part d'une offre publique d'achat (en numéraire), d'autre part d'une offre publique d'échange (en actions Netgem).  Le fabriquant de décodeurs et de boxes veut donc se doter ainsi de contenus et de services en ligne en mode cloud pour des offres de télévision connectée. Le retrait de la cote de Videofutur sera suivi de la fusion des deux sociétés.

Videofutur est une chaîne de vidéoclubs mais s'est réorientée depuis plusieurs années vers la vidéo à la demande sur Internet, notamment en fusionnant avec Glowria en 2008. En 2007, cette entreprise avait conclu un partenariat avec le vendeur de lecteurs multimédias Archos pour, déjà, vendre des vidéos sans support physique. Au fil du temps, il est donc devenu un spécialiste de la vidéo au sens large en cessant d'être trop dépendant de son activité de location physique de vidéos.

Rapprochement contenus/tuyaux : le retour


Cette dernière activité de location de DVD physiques est globalement en fort déclin partout dans le monde comme le démontre la récente fermeture de 300 magasins aux Etats-Unis par le vidéoclub Blockbuster et la faillite de sa filiale en Grande-Bretagne.

Selon la communication financière de Netgem, la quasi-totalité des actionnaires stables de Videofutur se sont engagés à apporter leurs titres à l'offre d'échange. La holding de la famille Haddad, J2H, n'apportera cependant qu'une partie de ses actifs en échange et se fera payer en cash pour le solde afin de ne pas dépasser le seuil des 30% du capital de Netgem.

La grande mode des années 2002 de rapprocher tuyaux et contenus


Dépasser ce seuil l'aurait obligé à lancer une OPA sur Netgem. Les 6,3% de Videofutur détenus par Fast Forward seront également acquis en numéraire, la société se retirant du tour de table.

Un tel rapprochement entre, d'un côté, le fabriquant de décodeurs et de box à destination des opérateurs télécoms et, de l'autre, le fournisseur de contenus n'est pas inédit. Outre la grande mode du rapprochement entre les contenus et les tuyaux au début des années 2000 initiée par Vivendi avec un succès contestable, Netgem et Videofutur s'étaient déjà rapprochés en 2008, après la faillite du second, avant de se séparer en 2010.

Le motif avancé de la séparation avait été la difficulté de concilier une activité B2B, les décodeurs et les box vendus aux opérateurs télécoms, avec une activité B2C, la vidéo à la demande. Ce retour à une fusion entre le matériel et les contenus présage sans aucun doute d'un virage stratégique de Netgem qui veut se positionner comme acteur global de la télévision connectée. Le constructeur se prépare donc à une démarche B2C alors qu'il ne s'adressait jusqu'à présent qu'aux opérateurs télécoms.