Vers une détente entre les registres nationaux et l'Icann
A trois mois de la révision de l'accord très controversé qui lie l'Icann au gouvernement américain, la tension entre l'organisme régulateur et le reste du monde semble s'apaiser. Après l'Afnic, c'est au tour de Nominet, n°1 en Angleterre, de rejoindre le groupe de travail des "affiliés" nationaux, le ccNSO.
Vers une trêve. Les relations entre l'Icann, l'organisme en charge des noms de domaines, et les registres nationaux européens semblent se détendre.
Nominet, premier registre d'extension anglais avec plus de 5 millions de suffixes en ".uk", vient d'annoncer avoir entamé un échange de courriers avec l'Icann (voir encadré), dans le but d'intégrer le groupe de travail des registres nationaux, le ccNSO (Country code Names Supporting Organisation).
Nominet, un des plus virulents opposant à la suprématie américaine dans le contrôle de l'Internet, s'était exclu en 2001 du sous-groupe de l'Icann.
Depuis sa création en 1998, l'Icann reste vivement critiquée par les prestataires d'enregistrement nationaux pour sa position très influencée par le gouvernement américain. Créé en 2002, le ccNSO, un sous-groupe de l'Icann, vise à organiser le dialogue avec les registres nationaux. Jusqu'alors en vain.
Nominet vient épauler l'Afnic, registre des extensions Internet correspondant aux territoires français, qui a adhéré au programme début janvier, ainsi que neuf autres registres nationaux. "L'arrivée de Nominet est un point positif pour l'Icann, commente Loïc Damilaville, adjoint au directeur général de l'Afnic. Elle va contribuer à donner davantage de poids au ccNSO. Ce dernier souffre en effet d'un manque de crédibilité par l'absence de prestataires européens. Le ccNSO ne réunit pour l'heure que dix membres". En mai dernier, le « registrar » allemand Denic a reconnu l'autorité de l'Icann, s'engageant à le financer à hauteur de 85 000 $, sans pour autant adhérer au ccNOS.
"Pour Nominet, le choix est politique, précise Loïc Damilaville. Au regard de pré-requis et de garanties acceptés par l'Icann, il a décidé de rejoindre le ccNOS".
Le gouvernement américain sonde les internautes sur le rôle de l'Icann
Autre signe de détente, le gouvernement américain a décidé de mettre en place une campagne de consultation publique, qui vise à recueillir des suggestions d'internautes sur le contrôle de l'Internet, et sur le rôle que l'Icann doit y jouer. Une adresse DNSTTransition@ntia.doc.gov a par ailleurs été ouverte, hébergée par la National Telecom and Information Administration.
Une décision qui prend place trois mois avant la révision de l'accord liant l'Icann au gouvernement américain - le 30 septembre prochain. L'Icann est depuis sa création en 1998 sous le contrôle de ministère du Commerce américain (Department of Commerce). Un duo très controversé par l'ensemble des registres nationaux, qui y voient un symbole de la suprématie américaine sur le contrôle de l'Internet.
"Cela marque une volonté d'ouverture", raconte Loïc Damilaville, tout en admettant que le gouvernement américain garde "la maîtrise du processus en centralisant la consultation dans le cadre de la NTIA". Il conclut : "Une opération bien sur le principe, reste à voir son application."
Enième fait d'arme de Paul Twomey
Cette ouverture vers le public avait débuté en novembre 2004, date à laquelle l'Icann lança un appel à commentaire sur trois ans (Strategic Plan) sur sa mission et sa future stratégie. Un "élan démocratique" que l'on doit à l'Australien Paul Twomey, nommé en 2003 à la tête de l'Icann. Sa mission : redorer le blason de l'organisme, réviser en profondeur le fonctionnement de l'Icann, et veiller à la "transparence" de sa gouvernance. Il vient d'être reconduit pour au moins deux ans. Depuis son arrivée, Twoney a entamé des relations pacifiques avec son ennemi Verisign et notamment formalisé les relations avec les registres nationaux.