La convention USF 2015 n’a pas uniquement été l’occasion de revenir sur les derniers doutes autour de S/4Hana, mais également de partager des réflexions autour de l’évolution des technologies et de ses impacts sur la société et les hommes. Le très multi-casquettes Laurent Alexandre (chirurgien neurologue, énarque, auteur, chef d'entreprise…) est ainsi intervenu pour insister sur la révolution en cours, en regrettant que « les informaticiens créent le futur, avec un rôle politique majeur, mais ne font pas de futurologie et ils ont tort. »
Pour lui, il existe deux sortes d'intelligence artificielle : forte (avec conscience d'elle même, comme Hal 9000) et faible (sans conscience d'elle même). Si l'intelligence artificielle forte n'existe pas aujourd'hui, sa version faible s'insinue partout. Conduire une voiture autonome, analyser des millions de documents en quelques instants, remplacer des milliers de chercheurs… A un terme rapide, l'IA sera gratuite et son impact majeur, a annoncé Laurent Alexandre, que ce soit sur l'économie, l'organisation sociale et sur la philosophie (conception même du monde, séparation matière/animaux/humanité…).
La révolution disruptive
Le transhumanisme, avec sa promesse d'immortalité humaine, reposera sur des technologies disponibles et une éthique non-judéo-chrétienne, avec acceptation de l'eugénisme et de l'auto-modification humaine. « Tuer la mort » est le credo des Transhumanistes tels que les dirigeants de Google. « Le Transhumanisme est une révolution politique et non pas seulement une révolution technique » a jugé Laurent Alexandre. Et il y aura évidemment des contre-révolutions. La transformation de la médecine est telle que la communauté médicale est totalement dépassée. « Il ne reste qu'à leur installer SAP pour achever de les perdre » a plaisanté Laurent Alexandre. Pour lui, « l'IA sera amenée à prendre des décisions éthiques. ».
Nicolas Baverez, normalien, avocat, éditorialiste au Point et intervenant pour France Culture dans l'émission « L'Economie en questions », a eu une intervention moins technique. « Beaucoup ont professé la fin de l'histoire alors qu'au contraire l'histoire accélère » a-t-il indiqué. Etats et entreprises sont remis en cause de manière parfois très violente, avec des « disruptions », événements à probabilité faible mais aux conséquences énormes. Or la France a alterné depuis les origines des phases de non-adaptation et de révolutions brisant les résistances d'un seul coup. « De Gaulle disait avec raison que la France n'adoptait les évolutions qu'avec des révolutions » a cité Nicolas Baverez.
Les innovations technologiques qui vont changer le monde n’existent pas encore
Igor et Grichka Bogdanoff, essayistes, producteurs et animateurs de télévision, ont conclu la deuxième matinée de plénière de la Convention USF. En tenue argentée emblématique de l'émission Temps X, ils sont revenus sur la construction du monde des dix prochaines années. « 80% des innovations technologiques qui changeront le monde n'existent pas aujourd'hui » ont-ils indiqué. Le grand rêve numérique est la plus grande révolution industrielle, économique et sociale. Le rêve énergétique l'accompagnera, avec une énergie renouvelable et abondante. Le rêve biologique sera celui du transhumanisme. Le rêve spatial, enfin, est sans doute le plus romantique autant que le plus classique.