Le marché des logiciels professionnels d'occasion est à mille lieues d'égaler celui des logiciels neufs. Il présente néanmoins un potentiel important, comme le montre l'exemple de la filiale française du revendeur allemand de licences de seconde main usedSoft. Créée en mars 2013, elle a enregistré l'an dernier 2,7 M€ de chiffre d'affaires, soit 59% de mieux que lors de l'exercice précédent. Le nombre de ses clients a lui aussi augmenté, passant de 700 à 1000 entre décembre 2014 et 2015. Bien sûr, l'entreprise est jeune et profite donc d'un effet de base. Mais sa maison mère allemande connaît toujours une hausse d'activité importante (+26%), alors même que sa fondation remonte à 2003.
Une jurisprudence qui a tout changé
« En 2012, la cour européenne de justice a confirmé qu'un créateur de logiciels ne pouvait s'opposer à la revente de ses licences d'occasion. Conscients qu'ils n'ont plus à craindre les poursuites des éditeurs s'ils s'approvisionnent chez des revendeurs comme nous, les clients sont de plus en plus nombreux à nous solliciter », explique François-Xavier Beauval, le dirigeant d'usedSoft France. Ce dernier reconnaît néanmoins qu'habituées à acheter des logiciels neufs depuis des décennies, les entreprises ont besoin de temps pour faire évoluer leurs mentalités. Ce qui, du reste, signifie que le marché sur lequel évolue usedSoft est encore loin d'avoir atteint tout son potentiel. D'autant que les revendeurs IT hexagonaux donnent un coup de pouce à l'entreprise. Trente d'entre eux sont des partenaires actifs.
L'an dernier, usedSoft France a recruté quatre commerciaux. Aujourd'hui dotée d'un effectif de six personnes, la société prévoit encore d'ajouter un collaborateur à sa force de vente en 2016. La nouvelle embauche doit lui permettre de mieux couvrir le Sud-Est. Pour l'heure, usedSoft France est représentée en Bretagne, à Nancy, à Lyon, en Aquitaine et en Île-de-France. A charge pour cette équipe de démarcher les entreprises et les acteurs publics.
Un modèle d'affaires qui limite le catalogue commercialisé
Toutefois, les clients ne doivent pas s'attendre à trouver tout ce qui se fait en logiciels chez usedSoft. Le revendeur se limite en effet à la commercialisation de 40 références de produits Microsoft, en l'occurrence Office (de 2007 à 2016), Windows Server, Exchange, SQL Server, Visio, Project et toutes les licences d'accès clients. « Nous ne pouvons commercialiser que des logiciels à fort volume car un manque de rotation de nos stocks créerait des coûts d'immobilisation trop importants. Il faut en outre que la durée de vie des produits soit suffisamment longue pour que les clients aient un intérêt à recourir à l'occasion. Enfin, personne n'est en mesure d'assurer le support autour d'un logiciel pour le compte d'un éditeur. Avec des produits tels que la famille Office, l'absence de support technique ne pose pas de problème », détaille François-Xavier Beauval.
Selon les calculs d'usedSoft, les économies réalisées par les entreprises via l'achat d'une licence d'occasion sont en moyenne de 30% du prix du neuf. Comparé à un logiciel en mode SaaS, le gain atteindrait 70% sur 5 ans. Grâce à ces arguments, usedSoft France espère porter son chiffre d'affaires à 4 M€ cette année.