Selon une information publiée la semaine dernière par Bloomberg, Apple intégrera dans ses futurs Macs une puce maison basée sur ARM pour prendre en charge les tâches qui demandent peu de ressources. L’objectif est d’alléger le processeur Intel principal, plus puissant, mais plus gourmand en énergie. La combinaison semble payante, puisqu’elle permet d’économiser la vie de la batterie.

Cette approche multidimensionnelle n'est pas nouvelle pour Apple qui a déjà associé dans le passé des puces Motorola et un DSP comme sur le Quadra 840 AV. Selon notre confrère de Macworld, cette information ne signifie pas pour autant que le constructeur californien a abandonné l’idée de développer des machines basées uniquement sur le même type d'architecture ARM que celle qu’il utilise pour ses appareils iOS. Après tout, la barre tactile Touch Bar et le capteur Touch ID du dernier MacBook Pro fonctionnent déjà avec une puce ARM surnommée T1. Pour Apple, cette association n’est qu’une autre manière de combiner des technologies, le but étant chaque fois de proposer un outil de travail toujours plus performant.

Une seconde puce pour améliorer l’autonomie

Le rôle supposé de cette puce ARM, que Bloomberg a surnommée T310, est de gérer les tâches basse consommation, comme la fonction Power Nap apparue avec l’OS Mountain Lion, qui s’active quand l’ordinateur est mis en veille. Celle-ci permet au Mac de continuer à effectuer certaines tâches, par exemple, récupérer les courriels, mettre à jour des données synchronisées comme les contacts et les rappels, alimenter Photo Stream avec de nouvelles photos et actualiser la fonction « Localiser mon Mac ». Essentiellement, Power Nap garantit qu’au moment du réveil, l’ordinateur ne passera pas plusieurs minutes à faire ces mises à jour avant d’afficher les derniers contenus. La fonction gère aussi certaines actions de nettoyage quand l'ordinateur est inactif.

Cependant, même si la fonction Power Nap est conçue pour solliciter le moins possible le processeur, les puces Intel restent toujours beaucoup plus gourmandes en énergie que leurs homologues ARM, conçues à l’origine pour limiter au maximum la consommation d’énergie des appareils mobiles. D'où l'idée d'ajouter une seconde puce dédiée à la gestion de ce type d'activité, alors que le processeur principal se repose. Cette puce secondaire pourrait accroître la durée de vie de la batterie, un aspect très important pour la gamme Macbook. Ce n’est pas la première fois que le constructeur adopte cette approche. Le processeur A10 Fusion qui fait tourner l'iPhone 7, n’est que le dernier exemple en date : cette puce intègre deux cœurs haute-performance pour les tâches nécessitant de la puissance, plus deux cœurs pour les tâches plus ordinaires qui consomment moins d’énergie. De la même manière, depuis longtemps, les MacBook Pro intègrent une puce graphique Intel intégrée et un circuit vidéo supplémentaire AMD ou Nvidia, qui prennent en charge certaines tâches quand cela s’avère nécessaire. La combinaison de ces technologies est donc tout à fait acquise par Apple.

 

La puce A10 Fusion quad-core d'Apple de l'iPhone 7 : deux cœurs réservés aux tâches qui demandent de la puissance et deux cœurs pour les autres tâches afin d’améliorer l’autonomie. (Crédit : Apple)

Vers un « Mac Fusion » ?

Pour ce qui est de l’avènement de ces futurs Macs et de leurs caractéristiques, l’exercice relève par contre de la spéculation complète. Apple n'est sans doute pas prêt à renoncer complètement aux puces Intel pour sa gamme d’ordinateurs, même si le constructeur y trouverait certainement plusieurs avantages : pour commencer, il aurait une maîtrise totale sur son calendrier de développement sans dépendre d’une entreprise partenaire ; ensuite, les puces ARM offriraient une meilleure efficacité énergétique ; enfin, le constructeur disposerait d’une architecture processeur unifiée pour iOS. Et il y en aurait d’autres. Reste que les puces ARM ne sont toujours pas en mesure d’atteindre la performance auxquels ont été habitués les utilisateurs Mac.

Mais en livrant des Macs qui intègrent à la fois des puces Intel et des puces ARM, Apple pourrait créer des Macs hybrides - que l’on peut peut-être appeler des « Mac Fusion » - en prenant le processeur A10 Fusion comme modèle et en développant le concept. Au début, les capacités des puces ARM seront probablement plus limitées, comme le suppose l’article de Bloomberg, et elles se contenteront de prendre en charge des tâches basse consommation quand l'ordinateur sera en veille. Mais cela ne signifie pas qu’Apple ne sera pas capable, par la suite, de confier plus de tâches à la puce ARM à mesure que le processeur gagnera en puissance au fil des versions.

Faire travailler ensemble les architectures x86 et ARM 

Éventuellement, la puce ARM pourrait gérer des tâches basse consommation non seulement quand le Mac est en veille, mais également quand il est actif. À côté de la fonction Power Nap, les ordinateurs Mac disposent d’une fonction appelée App Nap capable de basculer une application en mode basse consommation quand celle-ci répond à divers critères. Par exemple, quand l’application n’est pas au premier plan, ou quand elle n’est pas en train de mettre à jour du contenu dans une fenêtre visible, etc.… La fonction réduit la consommation d'énergie en limitant la fréquence à laquelle l'application doit traiter, lire et écrire des données sur le disque, etc. Et que se passerait-il si, au lieu de basculer simplement en mode basse consommation sur le processeur principal, le Mac Fusion aiguillait les applications en veille vers la puce ARM basse énergie ? Cela permettrait de réduire la consommation d'énergie, mais pas seulement : parce que les puces ARM consomment globalement moins d'énergie, ces applications pourraient, en plus, effectuer certaines tâches en arrière-plan.

 

Pour continuer à réduire l’épaisseur de ses ordinateurs portables, Apple doit améliorer l'efficacité énergétique de ses machines partout où ce sera possible. (Crédit : Apple) 

Quelques obstacles

Pour sûr, Apple devra résoudre certains problèmes avant d’aboutir à ces « Mac Fusion », mais aucun n’est probablement insurmontable. Par le passé, Apple a déjà mené à bien plusieurs transitions processeurs : au milieu des années 90, le constructeur est passé de l'architecture 68k à l’architecture PowerPC de Motorola, avant d’adopter les processeurs Intel au milieu des années 2000. À chaque fois, Apple a pu en atténuer l'impact sur les développeurs et sur les utilisateurs finaux en proposant des solutions, par exemple, des logiciels binaires contenant le code permettant d’exécuter les applications sur les deux plates-formes. Souvent, le portage des applications Mac vers la nouvelle architecture consistait simplement à cocher une case au moment de la compilation. Le basculement à la volée entre deux architectures processeurs semble certainement plus radical, mais l’usage de technologies hybrides fait partie de l'histoire d'Apple. Si, très souvent, les objectifs de l’entreprise californienne ont été ambitieux, celle-ci n'a jamais eu du mal à trouver les moyens de les mettre en pratique. Et si le monde n'est pas encore prêt à accueillir un Mac basé sur ARM, un « Mac Fusion » pourrait servir de passerelle pour que cela arrive un jour.