Unitel Cloud Services marchera-t-il dans les traces de la réussite de Jaguar Networks ? C'est en tout cas ce qu'espère son président et fondateur, Kevin Polizzi, qui a lancé sa nouvelle entreprise fin 2022 après avoir définitivement tiré un trait capitalistique - mais certainement pas de coeur - avec son ancienne société. Le dirigeant a en effet cédé les 25 % de participation qui lui restait dans Jaguar Networks dont Iliad avait racheté les 75 % des parts en 2019. « La vente de Jaguar à Iliad a sonné la consolidation dans le BtoB avec la construction d'acteurs de taille critique et des offres accessibles pour les TPE et les PME », explique Kevin Polizzi. « Le revers c'est d'avoir vu disparaitre des offres sur mesure et à ingénierie complexe qui requièrent des compétences plus avancées pour répondre à des besoins d'offres spécifiques en restant à taille humaine ».
Pour relever ce défi, l'entrepreneur s'est donc lancé dans une autre aventure en ciblant un marché spécifique, celui des services cloud HPC répondant dans le même temps aux enjeux de réduction d'empreinte environnementale. Pour l'heure, Unitel est également en phase de réflexion sur le calcul quantique et a lancé une phase de R&D avec les principaux acteurs, avec identification du marché, et analyse des cas d'usage prometteurs en se basant sur ses échanges avec les grands comptes. « Il faut basculer vers une ingénierie de qualité avec un environnement dédié et non se tourner vers des acteurs comme AWS qui vont faire tourner des charges de travail compatibles sur des systèmes qui n'ont pas été développés spécifiquement pour », avance Kevin Polizzi. Selon son dirigeant, Unitel Cloud Services serait donc en capacité d'apporter des ressources cloud plus efficientes et performantes car taillées spécifiquement aux besoins des entreprises. De la haute couture du cloud versus du prêt-à-porter serait-on tenté de résumer ? Ce serait toutefois aller un peu vite en besogne car en fait la jeune pousse assoit son activité sur deux piliers complémentaires.
Après Paris et Marseille, des déploiements à Lyon, Nantes et Bordeaux
« Nous allons apporter des services d'ingénierie CPU et high end à forte valeur ajoutée pour répondre à des besoins qui n'existaient pas sur un marché HPC en très forte croissance », s'enthousiasme Kevin Polizzi. « Nous aurons aussi une offre accessible en ligne pour acheter de la VM dans une logique multicloud ». Mais c'est bien sur sa première activité - en fait une offre de services cloud sur-mesure reposant sur de très fortes expertises techniques et fonctionnelles via une équipe avant-ventes dédiée - qui constituera la plupart de son business. Soit 80 % pour cette dernière contre 20 % pour des ressources cloud en ligne (compute, stockage et réseau) que l'on retrouve assez classiquement un peu partout chez les acteurs du marché.
Pour fournir ses services, Unitel Cloud Services va dans un premier temps reposer sur ses propres infrastructures matérielles, logicielles et réseau (Cisco, Dell, Netapp...) hébergées dans des mètres carrés chez Interxion à Marseille et Paris, et construire son backbone fibre optique. « On prévoit aussi de déployer à Lyon, Nantes et Bordeaux en partenariat avec des opérateurs de datacenters locaux comme Cheops, SFR, Jaguar...», indique Kevin Polizzi. La start-up prévoit cependant aussi d'ouvrir un ou deux datacenters en propre et de viser la qualification SecNumCloud pour certains services, mais il est encore trop tôt pour savoir lesquels. Un RSSI vient d'être embauché et va travailler dessus pour une disponibilité qui ne devrait pas intervenir avant fin 2024 au mieux.
Une centaine de clients déjà engrangés
Pour ses activités, Unitel Cloud Services se dote de moyens conséquents compte-tenu de son jeune âge, soit 30 M€. Un bel investissement pour bien commencer dans la vie, qui permettra aussi de faire grimper significativement les équipes. D'une vingtaine de salariés aujourd'hui, une soixantaine de recrutements sont ouverts rien que sur 2023 avec un objectif de dépasser la centaine en début d'année prochaine. Le groupe, qui viserait plusieurs millions d'euros de chiffre d'affaires, compte atteindre le seuil de rentabilité d'ici 2 ans. « Nous sommes 30 % moins cher que les GAFAM sur les services cloud à haute volumétrie et haute performance », annonce Kevin Polizzi. « Nous avons voulu ramener ces prix à un niveau soutenable pour un niveau de disponibilité de 99,999 %. On est confiant dans ce que l'on fait pour accompagner les besoins de nos clients ». A ce jour, Unitel Cloud Services en compte une centaine dont Alcatel Submarine Networks, Crosscall, Utopia, Provence Studio...
« Nous avons de nombreux clients dans la santé ou l'industrie par exemple, sensibles à la latence qui cherchent des solutions ayant la flexibilité et le mode de tarification du cloud mais installées à l’edge », indique Kevin Polizzi. « Quarnot propose désormais des plateformes Intel/AMD et suscite pleinement notre intérêt pour un usage mixte smart building et edge datacenter ».