En annonçant un processeur Risc d’entrée de gamme, Oracle veut élargir le marché de ses serveurs Sparc. L’entreprise ne dit pas à quel moment sa puce baptisée Sonoma sera disponible, mais elle pourrait rivaliser avec les puces Xeon d'Intel et rendre les serveurs d'Oracle plus compétitifs face à ceux de Hewlett-Packard Itanium et d’IBM Power. « Avec Sonoma, Oracle pourra vendre des serveurs Sparc à des prix nettement inférieurs à ceux pratiqués aujourd'hui. Ils peuvent intéresser les entreprises pour faire tourner des petites applications moins critiques », a déclaré hier dans une interview John Fowler, le chef de la division systèmes d'Oracle.
Cela fait plusieurs années qu’Oracle n’a pas rafraîchi sa gamme Sparc, et Sonoma n’est qu’une des quelques nouvelles puces sur lesquelles l’entreprise travaille actuellement. La firme devrait bientôt livrer une mise à jour de sa puce Sparc T5, utilisée dans la plupart de ses systèmes milieu de gamme, et upgrader son processeur Sparc M7 haut de gamme. Selon John Fowler, « les mesures traditionnelles de rendement comme le nombre de cœurs, la taille du cache et la vitesse d'horloge sont moins significatives aujourd’hui, et Oracle préfère mettre l'accent sur les fonctionnalités supplémentaires qu’il intègre dans le silicium ». Ajoutant : « La dernière décennie a valorisé les noyaux, les vitesses d'horloge et la taille du cache. Aujourd’hui, nous allons davantage parler d'innovations en matière de sécurité et d'efficacité. C’est dans ce domaine que nous voulons être des pionniers ». Un aveu que la course à la puissance est perdue face à Intel et IBM.
Les fonctionnalités avant les performances
Dans un premier temps, ces fonctions intégrées dans le silicium seront réservées aux systèmes de milieu et haut de gamme, mais Sonoma permettra de les étendre au marché des serveurs à bas coût. Par exemple, pour accroître la sécurité, la puce Sparc M7 sera dotée de technologies qui accélèrent le chiffrement et la protection de la mémoire intégrée au CPU. Le processeur sera également doté de coprocesseurs pour accélérer les performances des bases de données. « L'idée de Sonoma est de reprendre exactement ces mêmes technologies et d’en réduire fortement le coût, pour les rendre accessibles à des petites entreprises dont les budgets sont plus serrés. Elles pourront les utiliser dans le cloud et pour de petites applications », a expliqué le chef de la division systèmes d'Oracle. Sonoma intègre « encore plus de fonctions sur puce que le processeur M7 », a-t-il affirmé. « Voilà notre objectif ».
Mais John Fowler ne dit rien à propos du prix, ni combien coûteront les prochains systèmes Sparc, et il n’est pas impossible qu’il faille attendre plusieurs années avant que les serveurs Sonoma n’arrivent sur le marché. Et Oracle n'a encore donné aucune date de livraison. On en saura peut-être plus lors de la conférence Hot Chips qui se tiendra dans la Silicon Valley à la fin du mois où les ingénieurs d’Oracle sont attendus pour présenter la puce. « Sonoma n’est pas une puce qui coûtera simplement moins cher. C’est vraiment une puce très puissante », a encore affirmé John Fowler. Ce processeur Risc répond à la nouvelle stratégie présentée plus tôt cette année par Larry Ellison, et dont l’objectif est de rivaliser sur les prix plutôt que sur la performance. À l'époque, le président avait reconnu que l’activité serveur de Cisco avait affiché une croissance rapide, sous-entendant que le prix des systèmes d'entrée de gamme d'Oracle avait été dans certains cas un handicap.
Une plate-forme vraiment intégrée
Larry Ellison tient beaucoup au fait qu’Oracle contrôle tous les éléments de la pile de traitement, depuis le processeur jusqu'aux applications. Selon le CEO, cela permet à la firme d’offrir des « systèmes techniques » combinant calcul, réseau et stockage dans des systèmes préintégrés en usine. IBM et HP proposent quelque chose d’assez semblable, mais ils appellent leurs solutions intégrées des « systèmes convergents ». En fait, 8 des 10 systèmes vendus aujourd’hui par Oracle tournent avec des processeurs Intel x86 et non avec ses propres processeurs Sparc, y compris le système Exadata Database Machine. Seuls les systèmes SuperCluster et Exalytics In-Memory Machine sont proposés en option avec des puces Sparc. « Avec les nouvelles puces Sparc, cela va changer », a déclaré John Fowler. « Oracle continuera à proposer des puces x86 en option, mais les gammes de processeurs séries T et séries M vont lui permettre d'utiliser plus largement Sparc dans ses systèmes techniques », a-t-il ajouté. « Bien sûr, Oracle vend aussi des serveurs Sparc et x86 courants, et Sonoma sera utilisé aussi bien pour ces serveurs que pour les systèmes techniques », a-t-il précisé.