Les récents accords de partenariat annoncés par Verizon avec Microsoft et Nokia devraient, selon les experts, déboucher sur une plate-forme unifiée que les entreprises pourront utiliser pour mettre en place leurs propres déploiements edge. Dans le cadre de ces accords, Verizon proposera l'intégration d'Azure en natif sur sa plateforme de réseau 5G Edge, ainsi qu'un partenariat avec Nokia pour la fourniture de réseaux 5G privés. Ce dernier partenariat concernera surtout des régions où Verizon n'est pas encore présent dans les réseaux publics, comme l'Europe et l'Asie-Pacifique. L'opérateur a déjà conclu des partenariats avec AWS et IBM, pour ne citer que ces acteurs majeurs de la technologie edge. L'objectif de ces accords est de créer un écosystème de fournisseurs qui facilite la mise en oeuvre de services edge par les entreprises, exactement dans le même esprit de ce qu'a fait AT&T avec ses partenaires.
Pour réussir, les déploiements de services edge doivent porter sur plusieurs portions de la pile, en particulier la connectivité, le matériel et les logiciels. De plus en plus, les entreprises veulent utiliser des réseaux sans fil sous licence pour résoudre la première partie de l'équation. Mais jusqu'à récemment, en raison d'un manque d'interopérabilité, elles couraient le risque de ne pas pouvoir utiliser leur plateforme cloud ou leur matériel préférés. « Indéniablement, Verizon apporte à l'industrie son expertise dans les réseaux 5G », a déclaré Patrick Filikins, analyste senior de la recherche pour l'IoT et l'infrastructure des réseaux mobiles chez IDC. « Et Microsoft apporte une solution de plateforme, en l'occurrence le traitement à la périphérie, mais aussi une solution de plateforme ouverte basée sur une API qui permet à l'entreprise de concevoir et de personnaliser son application, pour interagir plus tard avec elle ».
La 5G privée doit faire ses preuves
En s'associant avec les principaux acteurs qui maîtrisent les différentes parties de la pile, les opérateurs sans fil et les fournisseurs de logiciels peuvent arriver à fidéliser plus facilement leurs clients plutôt qu'en chercher une connectivité ou une solution logicielle compatible avec leurs implémentations edge. Selon Jason Leigh, directeur de la recherche sur les opérateurs de téléphonie mobile et la 5G chez IDC, « en ce qui concerne la connectivité privée des générations technologiques précédentes, les opérateurs de téléphonie mobile ont le sentiment d'avoir raté le coche ». Même si la 5G diffère qualitativement des générations précédentes de technologies sans fil sous licence, ce serait une erreur de croire que la 5G en elle-même est plus facilement intégrée dans l'informatique mobile de pointe (Mobile Edge Computing - MEC). « Nous avons répété que la 5G et l'informatique mobile de pointe étaient inextricables, mais ce n'est pas nécessairement vrai », a-t-il déclaré.
De nombreuses entreprises s'appuient sur la connectivité des opérateurs dans leurs réseaux, mais jusqu'à présent, celle-ci a été vendue à la carte. Plutôt que de vendre aux entreprises des connexions sans fil de base, les opérateurs préfèreraient construire un réseau de partenariats pouvant offrir un écosystème de plateforme plus large, et de drainer plus de nouvelles dépenses en offrant des services supplémentaires comme la connectivité native à Azure et la compatibilité avec les appareils Nokia. En outre, historiquement, des entreprises comme Verizon n'ont jamais fabriqué elles-mêmes le matériel de connectivité pour le marché des entreprises, de sorte que le partenariat avec Nokia vise aussi à capter une partie de ces dépenses. « Ce qui est intéressant, c'est que si ces liens sont très visibles au début, à moment ou à un autre, les opérateurs devront adopter une position neutre vis-à-vis des fournisseurs, parce qu'ils ne savent pas quelles relations entretiennent ces clients », a déclaré Jason Leigh.
Des synergies nécessaires
La relative nouveauté de la technologie mobile signifie également que les fournisseurs de services, les fabricants de matériel et tous les autres vendeurs qui tentent de gagner de l'argent en répondant à cette demande croissante ne savent pas avec certitude quels secteurs d'activité investiront dans ces technologies. Même si aucun secteur vertical évident n'est activement ciblé par ces annonces, l'attrait de la technologie mobile dépend en grande partie de sa capacité à fournir un temps de latence très faible, et des secteurs comme ceux de la fabrication et de la santé sont probablement ceux qui trouveront le plus d'intérêt à une offre intégrée de Verizon. « Ce sont les deux premiers secteurs ciblés, car, quand on parle de 5G privée, on fait essentiellement référence à des situations où la bande passante et la latence répondent exactement au besoins », a déclaré M. Leigh.
Pour les fournisseurs, tout est une question de synergie : dans les domaines où Verizon manque d'expertise en matière de logiciels de plateforme, les développeurs de Microsoft peuvent intervenir pour les aider. De la même manière, ces partenariats permettent à Nokia de proposer ses offres à un plus grand nombre d'entreprises, et aux clients Azure d'utiliser l'énorme infrastructure de Verizon dans leurs déploiements. « Verizon fait valoir que le client final qui demande de la 5G privée attend plus que de la connectivité : il veut une plateforme sur laquelle il peut construire son application, de façon à observer et collecter des données », a déclaré M. Filkins. « Au final, on peut dire que quand ce genre de partenariats se met en place, c'est souvent pour répondre à une demande des clients ».