(Source EuroTMT) Quatre mois après sa prise de pouvoirs à la tête de France Télécom, l'image de Stéphane Richard commençait à se dégrader. En multipliant les interventions publiques, souvent pour dire quelques banalités tout en attaquant, inutilement, l'Arcep (Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes), le directeur général pouvait donner l'impression d'un manque de maîtrise. « Gérer une entreprise semi-publique de 180 000 salariés implantée sur deux continents c'est autre chose que de réaliser un LBO sur une boite d'immobilier » constate, amusé, un spécialiste. D'ailleurs, les premières critiques sur le thème « il n'est pas à la hauteur de la tâche » se faisaient déjà entendre.
Et puis est arrivée la très attendue conférence de presse durant laquelle Stéphane Richard devait dévoiler le nouveau projet d'entreprise promis durant l'hiver pour en finir avec les heures noires vécues par l'opérateur en 2009. Un exercice brillamment réussi, au moins dans la forme. Car, sur le fond des dossiers, le sentiment demeure mitigé, à l'exception du volet social. Le discours était alors clair et convaincant, le directeur général connaissait son sujet et était porteur d'un véritable projet. Sur les trois autres points (les clients, les réseaux et l'international), Stéphane Richard n'en a dit guère plus que durant ses précédentes interventions, laissant beaucoup de questions sans réponse.
Un complément indispensable
« Ce n'est pas étonnant, il n'a pas encore fini de mettre au point sa stratégie pour l'opérateur » affirme l'un de ses proches. Et de justifier son propos en racontant comment fonctionne le directeur général de France Télécom. « Stéphane Richard est un solitaire. Comme il connait mal les télécoms, il consulte, mais à l'extérieur du groupe. Il a toujours fonctionné comme cela. Tant qu'il n'aura pas terminé ce travail, il ne dira rien qui puisse lui être ensuite opposé en fonction des décisions qu'il prendra. C'est pour cette raison que vous avez eu l'impression de ne rien apprendre de nouveau. En fait, on peut parier que le véritable plan sera bouclé en octobre, mais il s'inscrira parfaitement dans les propos qu'il a tenus le 5 juillet ».
Le mois d'octobre semble décidément une date clé dans l'agenda de Stéphane Richard. C'est aussi à ce moment-là que le directeur général de France Télécom devrait finaliser la composition de son comité exécutif. « Pour le moment, rien n'est véritablement éclairci, mis à part le volet social du plan. On en saura plus en ce qui concerne la direction générale et la stratégie à la rentrée » juge ainsi un ancien dirigeant de l'opérateur. Lors de la présentation du nouvel organe de direction en mars dernier, il semblait évident que l'organigramme alors dévoilé était provisoire, notamment en raison de la présence d'anciens dirigeants sur la touche.Â
Illustration : Stéphane Richard, Directeur général de France Télécom, crédit photo France Télécom
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Depuis, Jean-Yves Larrouturou, l'ex-secrétaire général qui fut un temps présenté comme un dauphin de Didier Lombard, a quitté l'opérateur. Autre dirigeant sur la sellette, Olivier Barberot, le DRH des années Breton-Lombard, jugé par beaucoup de salariés comme co-responsable de la crise sociale. Son avenir chez France Télécom semble d'autant moins assuré que Stéphane Richard a recruté un spécialiste des ressources humaines, Bruno Mettling, un haut fonctionnaire proche du PS, reconnu par les syndicats. Un duo qui semble déjà parfaitement fonctionné, comme l'a montré la solidité du discours de Stéphane Richard sur le volet social de « Conquêtes 2015 ».
« Normal, ça a été sa première préoccupation dès l'été dernier, raconte un ancien de Bercy. Dès le mois d'août, sans en avertir Didier Lombard, Stéphane Richard s'est rendu discrètement sur le terrain pour comprendre les raisons de la crise sociale ». Un comportement qui, selon un responsable du parti socialiste qui le connaît bien, serait sa signature. «Stéphane Richard ne s'en remet jamais aux réseaux officiels pour se faire sa propre opinion. Je ne serais pas étonné d'apprendre que tous les matins, ou presque, il partage un café avec un responsable syndical ou un autre interlocuteur dans le bistrot en face de chez lui, sans que personne chez France Télécom ne soit au courant ! »
Une mission précise pour les principaux cadres dirigeants
Ses relations avec son état-major seraient du même acabit. Préférant les tête-à -têtes, Stéphane Richard fixerait à chacun un ordre de mission précis. Et gare à celui qui ne le respecterait pas, la sanction pourrait être lourde. « Il a ainsi viré de son bureau en moins de cinq minutes un PDG d'une entreprise publique, parce qu'il ne le trouvait pas au niveau» se souvient un de ses anciens conseillers. Dans le petit milieu des télécoms, on discute ainsi beaucoup des profils de certains nommés en mars dernier, tels que Delphine Ernotte et Vivek Badrinath, ou de l'avenir d'anciens à l'exemple de Georges Penalver, maintenus à des postes considérés comme des voies de garage. De plus, les bons connaisseurs estiment que certaines fonctions mériteraient d'être renforcées, comme la direction des systèmes informatiques, un point faible récurrent de France Télécom, ou la direction de la marque.
Si le comité exécutif devrait donc encore évoluer en septembre - octobre, notamment pour respecter le ratio de 35 % de femmes annoncés lors de la présentation du plan stratégique, Stéphane Richard ne devrait pas faire venir un numéro deux de poids. Fixant les orientations générales à ses adjoints, il sera le seul à avoir une vision globale de l'entreprise et de son avenir.
Et puis est arrivée la très attendue conférence de presse durant laquelle Stéphane Richard devait dévoiler le nouveau projet d'entreprise promis durant l'hiver pour en finir avec les heures noires vécues par l'opérateur en 2009. Un exercice brillamment réussi, au moins dans la forme. Car, sur le fond des dossiers, le sentiment demeure mitigé, à l'exception du volet social. Le discours était alors clair et convaincant, le directeur général connaissait son sujet et était porteur d'un véritable projet. Sur les trois autres points (les clients, les réseaux et l'international), Stéphane Richard n'en a dit guère plus que durant ses précédentes interventions, laissant beaucoup de questions sans réponse.
Un complément indispensable
« Ce n'est pas étonnant, il n'a pas encore fini de mettre au point sa stratégie pour l'opérateur » affirme l'un de ses proches. Et de justifier son propos en racontant comment fonctionne le directeur général de France Télécom. « Stéphane Richard est un solitaire. Comme il connait mal les télécoms, il consulte, mais à l'extérieur du groupe. Il a toujours fonctionné comme cela. Tant qu'il n'aura pas terminé ce travail, il ne dira rien qui puisse lui être ensuite opposé en fonction des décisions qu'il prendra. C'est pour cette raison que vous avez eu l'impression de ne rien apprendre de nouveau. En fait, on peut parier que le véritable plan sera bouclé en octobre, mais il s'inscrira parfaitement dans les propos qu'il a tenus le 5 juillet ».
Le mois d'octobre semble décidément une date clé dans l'agenda de Stéphane Richard. C'est aussi à ce moment-là que le directeur général de France Télécom devrait finaliser la composition de son comité exécutif. « Pour le moment, rien n'est véritablement éclairci, mis à part le volet social du plan. On en saura plus en ce qui concerne la direction générale et la stratégie à la rentrée » juge ainsi un ancien dirigeant de l'opérateur. Lors de la présentation du nouvel organe de direction en mars dernier, il semblait évident que l'organigramme alors dévoilé était provisoire, notamment en raison de la présence d'anciens dirigeants sur la touche.Â
Illustration : Stéphane Richard, Directeur général de France Télécom, crédit photo France Télécom
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Depuis, Jean-Yves Larrouturou, l'ex-secrétaire général qui fut un temps présenté comme un dauphin de Didier Lombard, a quitté l'opérateur. Autre dirigeant sur la sellette, Olivier Barberot, le DRH des années Breton-Lombard, jugé par beaucoup de salariés comme co-responsable de la crise sociale. Son avenir chez France Télécom semble d'autant moins assuré que Stéphane Richard a recruté un spécialiste des ressources humaines, Bruno Mettling, un haut fonctionnaire proche du PS, reconnu par les syndicats. Un duo qui semble déjà parfaitement fonctionné, comme l'a montré la solidité du discours de Stéphane Richard sur le volet social de « Conquêtes 2015 ».
« Normal, ça a été sa première préoccupation dès l'été dernier, raconte un ancien de Bercy. Dès le mois d'août, sans en avertir Didier Lombard, Stéphane Richard s'est rendu discrètement sur le terrain pour comprendre les raisons de la crise sociale ». Un comportement qui, selon un responsable du parti socialiste qui le connaît bien, serait sa signature. «Stéphane Richard ne s'en remet jamais aux réseaux officiels pour se faire sa propre opinion. Je ne serais pas étonné d'apprendre que tous les matins, ou presque, il partage un café avec un responsable syndical ou un autre interlocuteur dans le bistrot en face de chez lui, sans que personne chez France Télécom ne soit au courant ! »
Une mission précise pour les principaux cadres dirigeants
Ses relations avec son état-major seraient du même acabit. Préférant les tête-à -têtes, Stéphane Richard fixerait à chacun un ordre de mission précis. Et gare à celui qui ne le respecterait pas, la sanction pourrait être lourde. « Il a ainsi viré de son bureau en moins de cinq minutes un PDG d'une entreprise publique, parce qu'il ne le trouvait pas au niveau» se souvient un de ses anciens conseillers. Dans le petit milieu des télécoms, on discute ainsi beaucoup des profils de certains nommés en mars dernier, tels que Delphine Ernotte et Vivek Badrinath, ou de l'avenir d'anciens à l'exemple de Georges Penalver, maintenus à des postes considérés comme des voies de garage. De plus, les bons connaisseurs estiment que certaines fonctions mériteraient d'être renforcées, comme la direction des systèmes informatiques, un point faible récurrent de France Télécom, ou la direction de la marque.
Si le comité exécutif devrait donc encore évoluer en septembre - octobre, notamment pour respecter le ratio de 35 % de femmes annoncés lors de la présentation du plan stratégique, Stéphane Richard ne devrait pas faire venir un numéro deux de poids. Fixant les orientations générales à ses adjoints, il sera le seul à avoir une vision globale de l'entreprise et de son avenir.