Quelles sont les craintes des salariés européens face à la robotisation ? Pensent-ils que l’automatisation du travail détruira leur emploi? Dans son quatrième rapport annuel intitulé The Workforce View in Europe 2019, le groupe ADP, spécialisé dans l’externalisation des RH, a étudié les comportements et l’état d’esprit des salariés face au monde du travail actuel, ainsi que leurs attentes vis-à-vis de leur futur environnement de travail. Les recherches ont été menées en octobre 2018 par Opinion Matters, agence indépendante d’études de marché. L’échantillon représente 10 585 salariés dans huit pays à travers l’Europe, dont la France, les autres étant l'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas, la Pologne, l'Espagne, la Suisse et le Royaume-Uni. Les résultats montrent que plus de trois salariés français sur dix (35 %) pensent que leur emploi sera automatisé dans les 15 prochaines années. Toutefois, la plupart des 1 410 français ayant répondu à l’enquête prennent les choses avec philosophie : à peine 6 % d’entre eux pensent que l’automatisation de leur emploi interviendra d’ici deux ans, et 14 % dans les 6 à 10 prochaines années.
Les inquiétudes sont les plus fortes parmi les plus jeunes. Ainsi, la moitié des actifs de 16 à 34 ans et environ un tiers des 35 et 44 ans redoutent de voir leur emploi automatisé au cours de la prochaine décennie. A l’inverse, seules 21 % des personnes de plus de 55 ans appréhendent une automatisation au cours des dix prochaines années. La raison ? Un sentiment dû à l’avancement dans leur carrière.
Des inquiétudes qui divergent selon les secteurs
Dans son rapport, ADP relève des différences selon les catégories professionnelles. Ainsi, les salariés de certaines branches s’inquiètent plus que d’autres : 51 % des employés des services financiers craignent de voir leur emploi remplacé au cours de la décennie à venir, tout comme 45 % des salariés de l’informatique et des télécommunications, ainsi que 45% de ceux évoluant dans les secteurs du marketing et des media. Le contraste par rapport à d’autres secteurs est saisissant, pointe également l’étude avec seulement 18% d’actifs dans l’éducation et 20 % dans la santé qui s’attendent à une automatisation de leurs métiers.
Graphique – Pourcentage de salariés qui pensent que leur travail sera automatisé / remplacé par un robot dans le futur, par pays. Source ADP.
En Europe, ce sont les salariés anglais qui sont les plus inquiets de voir leur travail automatisé. Source: ADP
Chez les voisins européens, la perspective d’un futur automatisé préoccupe surtout les salariés britanniques, et ce, d’assez loin par rapport aux autres pays : 40 % pensent que leur poste sera automatisé à l’avenir et 27 % s’attendent à ce que cela se produise dans les cinq prochaines années. Pour ADP, l’une des explications possibles pourrait être l’importance du nombre d’emplois liés aux services financiers et à l’informatique au Royaume-Uni, deux secteurs dont l’essentiel des salariés prévoit une automatisation prochaine (45 % et 39 % respectivement).