S'il y avait deux mots à retenir de l'événement européen organisé par Alibaba Cloud à Station F ce lundi ce serait : ambition affirmée. Le concurrent chinois des AWS, Google Cloud Platform et autre Microsoft Azure souhaite ancrer sa présence en Europe et a pour cela une stratégie verticale. Et celle-ci se manifeste dans le partenariat qu'annonce Alibaba Cloud avec le groupe Bolloré. En dehors de lui fournir son offre complète (IaaS et PaaS), la filiale informatique du groupe AliBaba va collaborer avec le groupe français autour des questions de mobilité et de logistique.
C'est un partenariat donnant-donnant. Côté mobilités, les deux groupes vont co-développer des solutions internet pour les transports électriques (voiture et bus principalement) pour apporter du contrôle vocal, tester la conduite autonome, etc. Bolloré groupe va pouvoir expérimenter l'autopartage en Chine grâce à ce partenariat. Alibaba va également étudier les solutions de stockage, production et consommation intelligents de l'entreprise française (la technologie de stockage d'électricité LMP, notamment). Point de vue logistique, Bolloré Logistics et Cainiao Smart Logistics Network – les filiales spécialisées des deux groupes – ont « convenu d'identifier les opportunités de coopération entre leurs capacités, leurs hubs et leurs réseaux logistiques en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe. »
Une clientèle orientée retail et médias en France
Le fournisseur de services chinois oriente donc ses offres cloud de manière verticale. Sa plateforme big data et intelligence artificielle ET Brain se décline ainsi pour les clients travaillant dans l'urbanisme, l'industrie, l'environnement, l'aviation ou la santé. « En Europe nous proposons toutes ces solutions mais nous nous allons nous focaliser sur trois branches cette année : le retail, la finance et l'industrie » nous a indiqué Yeming Wang, directeur général EMEA d'Alibaba Cloud. La branche IT d'Alibaba lançait également en février huit services Paas, Iaas et Saas en Europe.
De gauche à droite : Fabienne Le Gall, CMO du Ranch Computing ; Maria Garrido, CEO de Havas X ; Jean Gadrat, CEO d'Indigo Weel et Jean-Claude Laissy, CIO et CDO de Veolia. Tous quatre ont exposé leur perception de la transformation digitale dans leurs sociétés. (Crédit : Nicolas Certes)
En France, la clientèle d'Alibaba Cloud est plutôt orientée sur la distribution et les médias selon le directeur France et Europe du sud de la division, Qunkai Liu. Sans vouloir entrer dans le détail des chiffres, il indique que « la croissance de l'Europe et de la France dépassent la croissance moyenne du groupe dans le cloud [+101% entre 2017 et 2018, Ndlr]. Donc c'est assez satisfaisant pour que nous continuions à investir dans le développement de nos équipes dans la région. » Le bureau français du groupe, localisé dans le quartier du Sentier, à Paris, est également le siège de l'Europe du Sud alors Qunkai Liu ajoute que la France à une place stratégique dans le groupe. L'équipe française serait celle dont les effectifs augmentent le plus chez Alibaba Cloud d'après son directeur, qui ne communique toujours pas de chiffre précis.
D'autres datacenter en projets ?
Côté clients, Alibaba Cloud compte des groupes internationaux comme Intel ou Accenture. Et en France, la filiale cite des sociétés de conseils comme Micropole et Altran ainsi que les hébergeurs et infogérants Ecritel et Linkbynet. Lors de son Cloud Ecosystem Summit, la société chinoise a fait également appel à des représentant de Veolia, Indigo Wheel – filiale mobilité de l'entreprise de stationnement française -, Havas X, Ranch Computing et Qarnot Computing sont intervenus pour parler de leur transformation numérique. Toutes ont un partenariat avec Alibaba cloud ou en sont clientes.
Yeming Wang, directeur général EMEA d'Alibaba Cloud : « Aujourd'hui les choses ont changé, on ne parle plus d'IT mais de DT. La technologie de la donnée plus que de l'information. Il faut aller au-delà de l'IT traditionnel pour aider les clients à faire leur transition, en utilisant le big data, l'IA ou l'IoT). »
Présent aujourd'hui dans 18 régions mondiales, Alibaba souhaite maintenant voir local et développer les partenariats nationaux. La filière cloud a aussi annoncé la mise en place d'un programme partenaire EMEA dans cette optique. Pour ce qui est de l'hébergement, le groupe avait ouvert son premier datacenter européen en Allemagne fin 2016. Aujourd'hui, Qunkai Liu reste évasif sur la possibilité d'en ouvrir d'autres, notamment en france, se cachant derrière les conditions de croissance du marché. Mais rappelle que celle de l'Europe est prometteuse et qu'il voit un beau potentiel pour la France. Parallèlement, l'opérateur China Mobile annonçait fin octobre 2017 travailler sur l'ouverture d'un datacenter pour Alibaba à Marseille. Ceci alors qu'Interxion investit près de 130 millions d'euros dans la cité phocéenne pour la construction de deux autres centres informatiques. Rien n'est fait mais les planètes semblent sur le point de s'aligner.