Identifier la compétitivité des entreprises bretonnes dans l’IA et les data sciences. Tel a été l’objet d’une étude réalisée dans le cadre d'un observatoire de l’intelligence artificielle et des sciences des données en Bretagne. Cette enquête est l'une des premières du genre mise en place par Rennes school of business via son département AI-Driven Business et l’agence Bretagne développement Innovation. Pour mesurer l’utilisation de ces technologies par les entreprises bretonnes, des utilisateurs d’IA et de data ainsi que des fournisseurs ont été interrogés sur la période d’octobre 2020 à mars 2021. Soit un panel de 290 entreprises constitué de 200 utilisateurs potentiels et 90 fournisseurs de technologies. Les résultats font état de degrés d’appétence disparates pour l’IA. Avec d’un côté des fournisseurs qui s’illustrent dans divers domaines : traitement et reconnaissance du signal (données réseau, audio, vidéo), aide à la décision/planification, data visualisation de données complexes ou massives.
Les domaines de compétences des fournisseurs bretons de technologies d'IA et d'analyse des données sont variés. (Source: BDI/Rennes school of business. Crédit: BDI/Rennes school of business.)
Et de l’autre, des utilisateurs potentiels (plus de la moitié) qui n’ont pas encore engagé de projets en IA notamment pour automatiser le traitement de leurs données. Pour certains, il s’agit avant tout d’une absence d’intérêt. Pour d’autres, si une réflexion sur le sujet a été conduite, elle n’a pas engendré de travaux plus concrets. Seules 15 % des directions générales envisagent ces technologies comme une véritable opportunité de développer leur compétitivité.
Les services, l’énergie et l’industrie couvrent la moitié du panel des utilisateurs d’IA et de sciences des données en Bretagne. (Source: BDI/Rennes school of business. Crédit: BDI/Rennes school of business.)
Des technologies clés insuffisamment prises en compte
Si la région Bretagne peut se vanter d’un tissu fort de plus 70 entreprises spécialisées en IA et data, ce tissu, faiblement fédéré, est donc mal connu des utilisateurs et peu valorisé. De plus, ces derniers sont moins aptes à répondre aux diverses dimensions éthiques. Moins d’un sur deux garantit une capacité à gérer les risques de discrimination et seuls 45 % soulignent ne pas être prêts à former et sensibiliser leurs collaborateurs aux stéréotypes et aux biais de l’IA. Enfin, si la multidisciplinarité des compétences (sciences humaines et sociales aux côtés des mathématiques et de l’informatique) est reconnue comme une nécessité, ce sont encore exclusivement (+ de 98 %) des compétences de développement techniques qui sont recherchées.
« Face à la multiplication des réglementations nationales ou transnationales consacrées à l’éthique, la protection et la sécurité des données sur les projets IA, il y a un réel risque de décrochage concurrentiel si les fournisseurs ne se forment pas à ces thématiques », prévient l’observatoire. Ce dernier souligne l’intérêt réel de capitaliser sur l’IA à l’instar de la cybersécurité bretonne qui a su prouver son degré d’attractivité.
Etudier d'autres champs d'applications
Le levier de la dynamique européenne (projets, stratégie européenne de la donnée…) peut également être saisi pour positionner fournisseur et utilisateurs régionaux au tout premier plan sur le sujet. Parmi les autres recommandations, le développement des synergies entre une IA pour la gouvernance et les citoyens et le développement d’une filière économique en Bretagne pourrait également peser dans la balance. Enfin, l’exploitation de certains champs d’IA a d’autres secteurs (droit/justice, banque/assurance, culture/divertissement) fait partie des pistes évoquées.