Aujourd’hui, la plupart des entreprises sont confrontées à une pression concurrentielle intense pour comprendre plus vite, décider plus vite et agir plus vite dans un environnement de plus en plus dynamique. Pour les entreprises, cet environnement est économique. Mais pour le ministère américain de la Défense (DoD), l'environnement dans lequel il doit exploiter la technologie et les tactiques contre des adversaires sans pitié ressemble davantage à un champ de bataille. Et tous les directeurs des ventes, sauf les plus arrogants, admettront que les enjeux sur le champ de bataille sont considérablement plus élevés que la croissance des revenus et la conquête de parts de marché. Ce qui ne veut pas dire qu’ils sont insignifiants !
Pour atteindre son objectif de « dissuasion intégrée », le département américain de la Défense (DoD) s'appuie sur un framework appelé « Joint All-Domain Command and Control » (JADC2). Mais si l'on fait abstraction du jargon militaire, ce concept de réseaux entièrement intégrés, rapides, fiables, flexibles, évolutifs et sécurisés est bien connu des professionnels de l’IT d'entreprise. Pour créer ces réseaux intégrés, le DoD et les entreprises dont l’activité ne concernent pas le domaine de la défense, doivent s'appuyer sur l'edge computing, les appareils connectés, l'intelligence artificielle (IA), l'apprentissage machine, l'analyse prédictive, le cloud d'entreprise, l'automatisation et la gestion des identités s’ils veulent réussir dans un monde où les délais de prise de décision et d'action ne cessent de se réduire.
Acquérir et analyser les données
Toutes ces technologies interconnectées ont un seul objectif primordial : permettre le partage de l'information. Comme l'a déclaré lors d'un récent point de presse du Pentagone le lieutenant-général Dennis Crall, directeur du Command, Control, Communications, and Computers (C4), officier Cyber et DSI de l'état-major interarmées J-6, « tout est une question de données ». Selon M. Crall, le défi auquel tente de répondre le framework « Joint All-Domain Command and Control » (JADC2) est bien connu des professionnels de l’IT : il s’agit de trouver un équilibre entre la nécessité de sécuriser les données « et celle de partager ces informations rapidement », deux contraintes qui sont parfois « en contradiction l'une avec l'autre ».
La sécurité et la rapidité, parfois « en contradiction » ? Le lieutenant général du corps des Marines est un champion de l'euphémisme. Tout professionnel de l’IT pourra témoigner que la recherche d’un équilibre entre le besoin de sécurité et les impératifs de compétitivité dans le temps réel de l'ère numérique est un défi constant et stressant. C’est l'éternel compromis entre la productivité et le risque, lequel s'est intensifié pendant la pandémie, car des dizaines de millions d'employés ont dû brusquement travailler à distance et eu besoin d’accéder aux données et aux ressources du réseau avec des appareils personnels non sécurisés.
Rassembler toutes les forces de l'entreprise
Pour les DSI et les autres responsables de l’IT, l'initiative JADC2 du ministère de la Défense a permis de tirer deux enseignements importants. Le premier, c’est qu’une intégration efficace des technologies réseau en vue d’améliorer l'efficacité opérationnelle et atteindre des objectifs concurrentiels nécessite un framework stratégique. Et celle-ci ne peut être improvisée. Le déploiement doit être lié aux objectifs organisationnels. Le second enseignement, c’est qu’il est impératif d’impliquer et d’obtenir l'adhésion des parties prenantes dans toute l'entreprise. Si vous ne parvenez pas à obtenir cette adhésion, vous risquez de gaspiller de l'argent et des opportunités, mais aussi de ruiner vos efforts. Selon M. Crall, le JADC2 « rassemble des communautés plutôt disparates au sein du ministère et les fait travailler ensemble pour une cause commune. Et c'est nécessaire, parce que, comme on peut l'imaginer, l’OSD (Office of the Secretary of Defense, le Secrétariat à la défense), les services, l'état-major interarmées, les commandements de combat, et d’autres encore, sont tous impliqués dans des actions.
Alors, si le framework JADC2 parvient à mettre d'accord les Marines, l'armée de terre, l’US Air Force et la Navy, il n'y a aucune raison pour qu’un DSI n’arrive pas à se mettre d'accord avec son directeur commercial, son directeur financier et son directeur des opérations sur la manière de mener la transformation numérique de l’entreprise. La meilleure façon d'y parvenir est de s’entendre sur un objectif commun. Pour les militaires, le but commun est de développer des capacités de combat supérieures au niveau du champ de bataille à distance. Pour l’entreprise, le but commun pourrait être de lancer une nouvelle gamme de produits, de pénétrer un nouveau marché ou de réduire les dépenses d'exploitation. « En termes simples, la stratégie JADC2 nous permet d’organiser nos actions au niveau du commandement et du contrôle pour détecter, donner du sens et agir à la vitesse de la pertinence », a déclaré M. Crall. La « vitesse de la pertinence ». Tout est dit.