Un brevet pour des PC payables à l'usage
Microsoft travaille sur une méthode permettant d'offrir des PC haut de gamme aux utilisateurs, et de leur facturer l'utilisation qu'ils en font. A terme, des forfaits pourraient voir le jour, sur le modèle de ce qui est pratiqué en téléphonie mobile. Mais le succès d'une telle méthode est loin d'être assuré.
Prenez un PC gratuitement et ne payez que pour la puissance et les logiciels que vous utilisez. Tel pourrait être à l'avenir le slogan des vendeurs de PC (ou plutôt de services, dans ce cas), si le brevet que vient de déposer Microsoft devenait réalité. Intitulé « Metered Pay-As-You-Go Computing Experience », le principe décrit par Microsoft consiste à mesurer à la fois le temps d'utilisation et la consommation de ressources d'un utilisateur, de façon à ne lui faire payer que ce qu'il consomme. Cela grâce à une combinaison d'éléments matériels et logiciels embarqués dans le PC.
L'idée, explique Microsoft, est que le plus grand nombre de gens possible puisse s'équiper d'un PC haut de gamme, sans s'acquitter du prix facial d'un tel ordinateur. C'est l'usage de l'ordinateur qui serait facturé, soit grâce à des cartes prépayées, soit par prélèvement mensuel en même temps que le paiement de l'abonnement à Internet, soit par tout autre moyen de paiement connu...
Pourquoi payer plein pot une carte 3D utilisée seulement de temps en temps ?
Microsoft indique quelques exemples où une telle technologie serait utile : un logiciel de création graphique qui n'est utilisé qu'en certaines occasions festives, une carte 3D et plusieurs coeurs qui ne servent que de temps en temps pour un jeu alors que le reste du temps le PC fait tourner un traitement de texte et un navigateur Web, etc.
Ce principe de paiement à l'usage est déjà mis en oeuvre pour les gros serveurs et mainframes, mais à un stade rudimentaire - activation d'un processeur, notamment, pour un pic de charge - par rapport à ce qui est décrit dans ce brevet. De même, Microsoft a de son côté déjà appliqué un peu ce principe avec son initiative Flexgo : des PC pour les pays émergents, vendus moitié prix avec un crédit de temps d'utilisation renouvelable.
Un plus grand verrouillage de l'utilisateur de PC
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Le brevet va beaucoup plus loin, puisqu'il s'agit de tout instrumenter et mesurer, de la moindre application (commerciale, bien sûr : le brevet évite soigneusement de mentionner les logiciels gratuits et Open Source) au cycle d'horloge de chaque coeur, en passant par les gigaoctets du disque dur. Tout en gardant la possibilité de bloquer l'usage du PC en cas de défaillance du paiement, grâce à un module sécurisé intégré - capable de fonctionner tant en mode connecté qu'en mode déconnecté.
La gratuité des logiciels Open Source et des applicatifs Web écorne le modèle
Bien sûr, cela soulève plusieurs problèmes et questions. En premier lieu, les actions de l'utilisateur d'un ordinateur serait encore plus scrutées qu'elles ne le sont actuellement, ce qui ne passera pas sans soulever quelques polémiques de bon aloi. En outre, combien d'utilisateurs accepteraient de payer des applications à l'usage, quand l'Open Source fournit des alternatives crédibles que beaucoup de services applicatifs sont accessibles gratuitement sur Internet ? Quant à ses données personnelles, une sauvegarde externe deviendrait alors indispensable.
Ensuite, le coût total de possession pourrait bien être plus élevé que le prix théorique d'acquisition de l'ordinateur ; Microsoft le reconnaît, mais explique que la répartition des paiements au cours du cycle de vie de la machine est un avantage (un peu comme louer une voiture plutôt que de l'acheter).
Enfin, cela changerait totalement la relation entre les fabricants de PC et les utilisateurs. Les premiers, explique Microsoft, y gagneraient car ils pourraient standardiser leurs lignes de produits et se concentrer sur le haut de gamme. Quant aux utilisateurs, ils devraient ne plus avoir qu'un interlocuteur, sur le modèle de ce qui se pratique avec les téléphones mobiles : l'opérateur subventionne le terminal, perçoit l'abonnement et facture les services supplémentaires. Nul doute que les fournisseurs d'accès à Internet devraient se montrer intéressés par cette nouvelle possibilité de garder des clients captifs. Ils pourraient ainsi proposer des forfaits différenciés : pour la bureautique, pour les joueurs occasionnels. On imagine déjà le succès de la super promo du forfait avec jeu 3D illimité le soir et le week-end !