Les États-Unis ont accusé un ressortissant chinois travaillant pour une entreprise américaine en Chine d'espionnage économique et de vol de code source d'un système de fichiers en cluster appartenant à son ancien employeur. Selon les autorités américaines, Xu Jiaqiang a volé ces données pour son propre bénéfice et il était prêt à « en faire profiter » la Commission nationale de la Santé et du planning familial de Chine. Il a été arrêté en décembre dernier par le FBI.
Les accusations portées contre Xu Jiaqiang mettent en évidence les risques en matière de propriété intellectuelle auxquels sont confrontées les entreprises américaines au cours de leurs opérations de développement dans d'autres pays, en particulier les pays suspectés d'espionnage économique par les États-Unis. Selon le ministère américain de la Justice, le ressortissant chinois, arrêté par le FBI en décembre et accusé de vol de secrets commerciaux par un premier tribunal, sera présenté demain devant un tribunal fédéral de New York pour répondre d’un acte d'accusation supérieur d’espionnage économique.
Un ancien développeur d'IBM
Le nom de l’entreprise victime du vol de code source n'apparaît ni dans les documents judiciaires ni dans la déclaration du ministère américain de la Justice, mais selon un article de Reuters, Xu Jiaqiang était employé par IBM. Sur LinkedIn, le profil d’un dénommé Xu Jiaqiang, le même nom que l’accusé, indique que celui-ci a travaillé comme développeur pour IBM en Chine au cours de la même période. L’entreprise emploie 2 300 développeurs à Beijing, Shanghai et Taipei dans son laboratoire de développement China Development Lab (CDL) qu’elle a fondé en 1999. IBM n'a pas pu être joint immédiatement pour commentaire.
Xu Jiaqiang a travaillé comme développeur pour la branche chinoise de l’entreprise américaine de novembre 2010 à mai 2014. Pendant cette période, il disposait d’un accès complet au code source propriétaire, et il avait aussi la possibilité de le télécharger sur un ordinateur ou un périphérique de stockage, selon la plainte initiale déposée en décembre auprès de l’US District Court du District Sud de New York. Le salarié, qui a démissionné volontairement en mai 2014, aurait essayé de vendre le code à des agents américains infiltrés. Ces derniers avaient fait croire à Xu Jiaqiang qu’ils allaient démarrer une entreprise de stockage de grosses quantités de données. En mai 2015, le développeur aurait déclaré aux agents américains qu'il pourrait télécharger le code sur un serveur de leur startup afin d’en tester les fonctionnalités, s’ils mettaient en place un petit réseau d'ordinateurs.
Une peine maximale de 15 ans de prison
En août 2015, les fichiers ont été téléchargés à distance vers le réseau créé par les agents du FBI et d’après le témoignage d’un des employés de l’entreprise « victime », ces fichiers contenaient une copie opérationnelle du logiciel propriétaire. Le 7 décembre 2015, Xu Jiaqiang a rencontré l'un des agents dans un hôtel de White Plains, à New York. Lors de cette rencontre, il aurait déclaré avoir utilisé l’essentiel du code source propriétaire pour réaliser un logiciel qu’il pourrait revendre à des clients. Le développeur a été arrêté le 7 décembre par le FBI. Pour chacun des trois chefs d'accusation d'espionnage économique, celui-ci encourt une peine maximale de 15 ans de prison. De plus, pour les trois chefs d'accusation de vol, de distribution et de possession de secrets commerciaux, il encourt une autre peine maximale de 10 ans de prison.
« L'espionnage économique nuit non seulement aux entreprises qui en sont victimes et auxquelles on dérobe des années, voire des dizaines d’années de travail, mais il nuit aussi à l'esprit d'innovation et de bonne conduite dans l'économie mondiale », a déclaré mardi dans un communiqué Preet Bharara, le procureur du District Sud de New York. Selon la plainte initiale, le logiciel serait un élément clé de l'un des plus grands supercalculateurs scientifiques du monde et d'applications commerciales qui nécessitent un accès rapide aux grands volumes de données. Le développeur est également accusé d’avoir eu « l’intention d’en faire profiter l'agence chinoise », mais pas d’avoir transmis le code à la Commission nationale de la Santé et du planning familial de Chine.