Plusieurs multinationales, comme Apple, Microsoft, Sony et Samsung, entre autres, ont été pointées du doigt par Amnesty International pour ne pas avoir effectué les contrôles nécessaires sur les conditions dans lequelles était extrait le cobalt provenant des mines situées en République Démocratique du Congo, et utilisé pour fabriquer les batteries lithium-ion de leurs produits. Dans un rapport publié aujourd'hui, Amnesty International et l’ONG African Resources Watch (l’Observatoire Africain des Ressources naturelles) ont constaté que des entreprises se procuraient du cobalt dans des zones où le fait d’employer des enfants était monnaie courante. Selon le rapport, le cobalt aurait été acheminé auprès de grands fabricants de produits technologiques via un itinéraire compliqué, impliquant un certain nombre d'intermédiaires. Dongfang Mining au Congo ainsi que le Chinois Zhejiang Huayou Cobalt, deux géants de l’exploitation minière, auraient cédé le minerai transformé à trois fabricants de composants pour batteries en Corée du Sud et en Chine, qui l’auraient à leur tour vendu à plusieurs  fabricants de produits technologiques, dont Apple, Microsoft, Samsung, Sony, Daimler et Volkswagen. Plus de la moitié de la fourniture mondiale du cobalt provient de la République démocratique du Congo (RDC) et 20% du minerai actuellement exporté est extrait par des travailleurs manuels, dont des jeunes enfants de 7 ans qui se servent de leurs mains et de matériel rudimentaire, souligne le rapport.

L'exposition chronique à de la poussière contenant du cobalt peut entraîner une maladie pulmonaire potentiellement mortelle, appelée «maladie du poumon due au métal dur », pointe Amnesty qui a également énuméré d'autres maladies pouvant provenir d’un contact humain avec le métal. En conséquence, l’organisation a blâmé la RDC ainsi que les différents acteurs de la chaîne d'approvisionnement, y compris les entreprises, au motif que leur promesse de tolérance zéro du travail effectué par des enfants n’avait pas de sens si celles-ci n’enquêtaient pas sur leurs fournisseurs.

 

La chaîne logistique théorique de l'exploitation du cobalt selon Amnesty International.

Des explications fournies par Apple et Samsung

Après avoir été contacté, Apple a adressé une copie de son engagement à Amnesty International. Dans sa déclaration, le fabricant a indiqué que l’emploi de travailleurs mineurs n’avait jamais été toléré dans sa chaîne d'approvisionnement et qu’il ne se contentait pas seulement d’appliquer « des normes strictes, des audits rigoureux et des mesures préventives pour les leaders de l'industrie, mais qu’il surveillait activement tous les types de violations ». Apple a assuré évaluer actuellement des dizaines de différents matériaux, dont le cobalt, afin d'identifier les risques liés au travail et à l’environnement ainsi que les façons de contribuer à un changement «efficace, évolutif et durable ». Toutefois, la firme a averti qu’elle ne pouvait pas tout faire seule et qu'il n'y avait pas de solution miracle pour répondre aux enjeux de la chaîne d'approvisionnement mondiale. De son côté, Samsung SDI, division du groupe coréen spécialisée dans le fabrication de batteries a assuré à Amnesty International et Afrewatch qu’il « était très difficile de retracer la source des minéraux en raison de la non-divulgation de l’'information et de la complexité des chaînes d'approvisionnement des fournisseurs ». La société a déclaré qu'il était impossible pour elle de déterminer si le cobalt fourni à Samsung SDI provenait des mines du Katanga en RDC.

Dans son rapport, Amnesty a épinglé 16 multinationales dans la liste des clients de fabricants de batteries se procurant du cobalt auprès de Huayou Cobal. Deux ont nié se procurer du cobalt provenant de RDC, tandis que cinq ont assuré à l’ONG qu’elles ne se fournissaient pas auprès de Huayou Cobalt. Certaines ont reconnu ce lien, d’autres n’ont pas pu dire avec certitude si elles achètent du cobalt provenant de la RDC ou fourni par Huayou Cobalt et une partie a affirmé qu’elle enquêtaient sur ces allégations.