Sans surprise, Cobol conserve sa dimension stratégique dans les entreprises françaises, ainsi que le montre la 2èmeédition de l'Observatoire réalisé sur ce vénérable langage par l'éditeur Micro Focus. Une enquête menée auprès de chef de projets, développeurs, architectes et responsables informatiques (*). Les secteurs les plus concernés restent ceux de la banque/assurance et de l'informatique, qui pèsent respectivement 33% et 26,6% des répondants, suivis du secteur public, de l'industrie, du service/tertiaire, de la distribution et du commerce, principalement.
Les gros patrimoines Cobol vont perdurer pour les applications « coeur de métier », mais les clients sont clairement engagés dans un mouvement de modernisation, commente Patrick Rataud, directeur général Micro Focus pour la région France, Bénélux et Maghreb. Près de 60% des répondants disent maintenir ces applications « en état et en production », contre 43,4% en 2012. Et 36,8% les modernisent en les inscrivant dans des architectures exploitant les technologies de développement actuelles. La taille du patrimoine Cobol est supérieure à un million de lignes de code pour 60% des répondants, et à 10 millions de lignes pour 15,2%.
Dans son observatoire, Micro Focus fait apparaître des différences entre les réponses des entreprises et des SSII, les premiers indiquant à 35% être en cours de modernisation contre 42,4% du côté SSII. Un écart qui tend à prouver que ces dernières sont sollicitées pour ces projets de modernisation, relève Patrick Rataud. Seuls 8% des répondants déclarent que leurs applications Cobol sont en fin de vie (6% en entreprise, 14% en SSII). Mais 19,2% indiquent aussi qu'elles sont en réécriture dans un autre langage.
S'intégrer dans les environnements Eclipse, J2EE et Visual Studio
Pour faire évoluer les plateformes Cobol, l'intégration avec l'environnement de développement Eclipse arrive en tête (41,5%), suivi de J2EE (36,2%), de Visual Studio et de .Net de Microsoft (21,4% et 19,8%). Les sociétés de services, notamment, veulent industrialiser leurs approches et, selon leurs marchés, elles iront plutôt vers Eclipse, J2EE ou Visual Studio, explique Patrick Rataud en citant en exemple la SSII Steria qui a sélectionné des plateformes normalisées pour réaliser en dehors du mainframe des développements destinés à tourner sur celui-ci. Créer ces usines structurées leur permet de prendre des engagements auprès des clients.
Des plateformes qui peuvent être utilisées par exemple pour établir la carte applicative du client et disposer d'une vision sur son patrimoine pour savoir comment le segmenter et par où commencer les étapes de modernisation. Parmi les questions à se poser : est-ce que Cobol concerne des applications coeur de métier pour l'entreprise, est-ce qu'elles permettent de se différencier, sont-elles génératrices de business. Selon le cas, il sera décidé de les réécrire ou de les garder en les modernisant et de choisir les technologies les mieux adaptées pour le faire. Cobol lui-même a su évoluer. Il y a longtemps, par exemple, que l'on peut faire tourner des applications Cobol dans des JVM, ou que l'on peut faire des EJB avec le langage, rappelle Patrick Rataud pour souligner que Cobol tire parti des évolutions technologiques pour développer des fonctionnalités permettant de répondre aux nouveaux enjeux métiers des entreprises. Il cite le cas d'une banque qui a décidé il y a deux ans, « face au coût réel », de conserver Cobol pour toutes ses applications « coeur de métier » et de réserver Java aux projets Internet.
Le cloud, encore peu prisé par les projets Cobol[[page]]
La 2ème édition de l'observatoire montre en revanche que la prise en compte du cloud n'a guère bougé par rapport à 2012 dans le monde Cobol. En moyenne, seuls 10% des répondants l'évoquent dans les évolutions prévues : 11,8% pour développer et compiler dans un cloud externe, 7% pour y effectuer des tests et 8% pour y mettre en production des applications. « Le cloud n'a qu'un succès d'estime et ce sont les SSII qui s'y intéressent le plus », note Patrick Rataud.
Lorsque les applications critiques sont modernisées, c'est d'abord pour les aligner par rapport au métier afin d'avoir un avantage concurrentiel. Mais aussi pour créer des systèmes plus simples à faire évoluer et minimiser les risques. Dans ce contexte, les équipes Cobol qui recourent aux méthodes de développement agile ne sont pas majoritaires, 53% des répondants indiquant ne pas les utiliser du tout (45% en SSII et 54% chez les clients). Néanmoins, 17% disent les utiliser moyennement ou beaucoup (3%), et 30% un peu.
La tierce maintenance applicative en progression
Par rapport à 2012, le recours à la TMA (tierce maintenance applicative) a progressé. Cette dernière prend davantage d'importance, confirme Patrick Rataud. L'an dernier, 71% des répondants disaient ne pas sous-traiter le développement et la maintenance des applications Cobol ou le faire pour moins de 25% du patrimoine. Cette année, ils ne sont que 67% à faire la même réponse. Lorsque l'on sous-traite, c'est d'abord pour mieux contrôler les coûts, ou les réduire. C'est aussi, quelquefois, lié à des difficultés de recrutement. Quoi qu'il en soit, cette sous-traitance s'effectue localement dans la majorité des cas (79%). Elle n'est délocalisée qu'à 18% en offshore et à 22,6% en nearshore.
Enfin, lorsque l'on se penche sur la pyramide des développeurs Cobol, on constate que 10% des répondants ont plus de 55 ans, tandis qu'à l'autre bout de l'échelle, 12% ont moins de 35 ans. Entre les deux, ces compétences se répartissent de façon équilibrée, les 35-39 ans représentant 19%, les 40-44 ans, 18%, les 45-49 ans, 23% et les 50-54 ans, 19%. Malgré tout, Patrick Rataud déplore que l'enseignement du Cobol soit largement oublié dans les formations universitaires. Alors que l'Inde, par exemple, formait encore récemment jusqu'à 120 000 étudiants par an au langage.
Toujours stratégiques, les applications Cobol évoluent avec Eclipse et J2EE
La 2ème édition de l'Observatoire Cobol de Micro Focus confirme les perspectives d'avenir des applications Cobol. Près de 60% des répondants indiquent qu'elles sont maintenues en l'état et en production, ou bien modernisées, avec un recours à la TMA qui progresse. Pourtant, le langage reste peu transmis dans l'enseignement supérieur.