Réduire l'empreinte carbone serait-elle aux entreprises ce que le détox est à l'être humain ? Si tel est le cas, une entreprise comme Total devra se mettre à la diète pendant un moment pour tenter une improbable mue verte. L'historique géant pétrolier semble malgré tout faire quelques efforts en investissant de ci de là dans les parcs éoliens et les fermes solaires (Eren Renewable Energy, SunPower...). Avec même quelques - modestes - ambitions comme viser 15-20% de son chiffre d'affaires de la vente d'électricité produite à partir de gaz - c'est un début - pour une capacité de production de 25 gigawatts dans les énergies renouvelables d'ici 2025.
Pour l'aider dans sa longue et difficile marche verte, Total compte notamment s'appuyer sur l'informatique quantique. Déjà équipé d'un simulateur quantique fourni par Atos l'année dernière, pour des travaux autour de la chimie moléculaire et l'optimisation des réseaux énergétiques, le géant français a ainsi renforcé ses liens avec la SSII au travers d'un contrat pluriannuel. Annoncé à l'occasion de l'événement Atos Technology Days qui se déroule en ce moment, cet accord doit permettre à Total d’utiliser les calculs quantiques pour identifier de nouveaux matériaux et molécules pour accélérer sa transition vers la neutralité carbone en s'appuyant sur le centre d'excellence en programmation parallèle d'Atos et son programme de R&D quantique.
Montée d'un cran des capacités quantiques d'Atos
« Atos et Total utilisent l’Atos QLM pour tester et accélérer des algorithmes quantiques existants ou en développer de nouveaux, en vue de faire des découvertes majeures, notamment en matière de captage de CO2 et de stockage d’énergie. Le travail des équipes d’Atos et Total se concentre notamment sur la simulation de molécules complexes plus grosses que celles actuellement étudiées avec les technologies de calcul haute performance, afin de découvrir des adsorbants plus économiques et efficaces », a expliqué Atos qui vient par ailleurs d'annoncer des évolutions de ses capacités quantiques avec QLM E (Enhanced) et Quantum Annealing Simulator. En mai dernier, Total avait déjà annoncé le renforcement de sa recherche dans les technologies de captage, stockage et utilisation du Co2 en se rapprochant de la start-up anglaise Cambridge Quantum Computing pour développer de nouveaux algorithmes quantiques pour améliorer les matériaux utilisés pour capter le CO2.
Outre Total, la diminution de l'empreinte carbone est également lancée au sein même d'Atos qui en fait d'ailleurs l'un de ses principaux fers de lance business pour les années à venir aux côtés des leviers du digital, du cloud et de la cybersécurité qui constitueront 65% des revenus du groupe « demain » contre 40% en 2019. « La décarbonisation est notre deuxième gros différenciateur [après la cybersécurité] et la prochaine tendance massive pour toutes les industries qui ont pris conscience de la fragilité de la planète et de l'environnement et accélèrent leurs plan », a expliqué Elie Girard, directeur général d'Atos. Après avoir atteint le palier de la neutralité carbone depuis 2018 (équilibre entre émission et retrait dans l'atmosphère des gaz à effet de serre), la SSII se fixe désormais un objectif de zéro émission nette, visant à effacer sa dette carbone totale, pour 2035.
La réduction de l'empreinte carbone comme levier business
« La décarbonisation va devenir un business et on va décarboner l'activité de nos clients », a lancé Elie Girard. Pour répondre à cet enjeu, Atos va centrer ses services de décarbonisation sur trois axes : assessment (données, équipes, logiciels, datacenter, infrastructure et réseau, société, logistique et usage), core IT (technologies green associées des niveaux de services en décarbonisation - DLA - mesurables, contraignants et auditables) et business processes (maintenance prédictive, IoT, jumeaux numériques, edge computing, villes connectées et calcul haute performance).