L'industrie logicielle française se porte bien. C'est ce qui ressort des chiffres du dernier Top 250 des éditeurs de logiciels français réalisé par EY et Numeum (anciennement réalisé par l'Afdel, qui a fusionné depuis avec le Syntec Numérique) pour l'année 2020. « Le chiffre d’affaires réalisé par les éditeurs français atteint 17,9 milliards d’euros en 2020.
La croissance globale enregistrée est de 9 % pour l’ensemble des entreprises du panel contre 7% en 2019. », peut-on lire dans ce rapport 2020. Il ajoute « dans un contexte de crise, les taux de croissance des éditeurs sectoriels et horizontaux sont moins élevés en 2020. Ces deux catégories affichent un retard équivalent (5 %) par rapport au taux de croissance généré en 2019. Au sein des éditeurs sectoriels, Dassault Systèmes enregistre une fois encore une croissance à deux chiffres en 2020 alors que Criteo affiche un chiffre d’affaires en recul de 6%. Dans la catégorie des éditeurs horizontaux, Talend, récemment racheté par un fonds américain, a généré un chiffre d’affaires croissant de 20% en 2020 ».
Classement 2020 des principaux éditeurs de logiciels français. (crédit : ET / Numeum)
Plus de la moitié (56%) des éditeurs envisagent par ailleurs des prévisions de croissance sur 2021 supérieures à deux chiffres tandis que seulement 1,5 % prévoient une décroissance. « L’année 2021 pourrait ainsi être une année record en terme de croissance », indique le rapport. A voir donc si cette capacité de résilience a bien été effective lors de la prochaine édition de cette étude.
Accélération de la transition vers le modèle SaaS
63% des éditeurs français considèrent le SaaS comme leur principal axe de développement (contre 62% en 2020). « L’investissement dans le cloud et le SaaS reste la principale priorité des éditeurs français de logiciels, et ce d’une manière très marquée. Néanmoins, nous constatons cette année une forte progression de la sécurité dans les priorités technologiques des éditeurs qui apparaît en premier choix dans 10 % des cas contre 8 % dans la précédente étude », indique le rapport
Comme toujours depuis 10 ans, la part la plus importante des revenus générés par l'industrie logicielle hexagonale est issue des plus gros éditeurs. En 2019, 74% des revenus du secteur ont été réalisés par des groupes dont les chiffre d'affaires dépassent les 100 millions d'euros, alors qu'ils représentent seulement 9% des 267 sociétés ayant participé à l'enquête de Numeum. « Tous les éditeurs, quelle que soit leur taille, ont vu leur croissance ralentir en 2020 à l’exception des éditeurs de plus de 100 millions d’euros (+9 % en 2020 contre +5 % en 2019). Hors Top 3, cette catégorie affiche néanmoins un taux de croissance de +4 % en 2020 contre +7 % en 2019 », note Ineum.
Des revenus à l'international pour les plus grands groupes
Concernant la répartition des revenus, l'activité internationale des éditeurs hexagonaux totalise 67% de leur business, en hausse de 5 points sur un an portée essentiellement par l'activité des grands groupes. « Le niveau d’internationalisation des entreprises est dépendant du chiffre d’affaires. En effet, les entreprises de moins de 50 millions de revenus ont tendance à se concentrer sur le marché français. Au contraire, les entreprises de plus de 50 millions de chiffre d’affaires sont plus présentes sur les autres marchés internationaux comme les Amériques ou l’Asie », indique Ineum. Entre le 1er janvier 2020 et le 30 septembre 2021, Numeum passe en revue plusieurs grands rachats (Cegid avec Talentsoft, Isagri avec Soluceo, Lectra avec Neteven, Sidetrade avec Amalto...). 18% des éditeurs ont par ailleurs indiqué une opération de croissance externe, en léger retrait par rapport à l'an dernier (22%).
Ce dernier Top 250 met par ailleurs en lumière la bonne gestion et robustesse financière des éditeurs français. Il ressort en effet que 90% d'entre eux sont en capacité d'autofinancement. « La belle dynamique du capital investissement est également à souligner puisque 30% des éditeurs du panel ont recours au capital investissement français et 13% à l’étranger », peut-on lire dans le rapport. « Depuis janvier 2020, le cumul des levées de fonds dans le secteur du logiciel, calculé sur un Top 20, s’élève à 3,7 milliards d’euros contre 1,4 milliards d’euros sur la même période en 2019/2020 ». A noter que 70% des éditeurs déclarent être endettés et toutes s'accordent à ne pas faire appel au crowd funding pour leur financement.
Les développeurs courtisés
En termes de ressources humaines, les effectifs employés par les éditeurs de logiciels français ont progressé en passant d'un peu plus de 200 000 à près de 215 000 entre 2019 et 2020. Pour 2021, les entreprises pensent très majoritairement (85%) à augmenter leur masse salariale même si cela ne devrait pas se faire sans problème de recruter les bons talents. « La volonté des éditeurs de relancer leur recrutement se traduit par des difficultés d'embauche, en hausse : 83 % des entreprises sont concernées contre 78 % dans le panorama de l’année dernière », peut-on lire dans l'étude. Parmi les profils les plus recherchés, arrivent en tête les développeurs (68%) largement devant les commerciaux (15%) ou encore les équipes support (5%).